La santé au coeur du débat des Régionales

sam 03/10/2015 - 16:12 , Mise à jour le 03/10/2015 à 16:12

Cette semaine Laurent Wauquiez, candidat des Républicains aux prochaines élections régionales de décembre 2015, a annoncé ses propositions pour lutter contre les déserts médicaux. « Il s’agit d’une problématique qui impacte durement le monde rural mais touche aussi certaines zones urbaines. » Pour cela, il s’est entouré de professionnels de santé et de Yannick Neuder, chef de file de l’Isère et Cardiologie, chef de pôle thorax et vaisseaux au CHU de Grenoble.

Le député-maire du Puy-en-Velay, Laurent Wauquiez, a présenté le contexte dans lequel ses propositions s’inscrivent :
  • " une baisse de 10% des médecins d’ici 2025 ; or, forte augmentation des besoins de santé dans les prochaines années (maladies chroniques, vieillissement de la population),
  • en Rhône-Alpes-Auvergne, plus d’un médecin sur cinq est âgé de 60 ans et plus (21,6% des effectifs en Rhône-Alpes, 24% en Auvergne). Moyenne d’âge : 51 ans, 
  • le Rhône-Alpes est la 2ème pire région en délai d’attente pour un ophtalmologue : cinq mois d’attente soit deux fois plus qu’en Île-de-France,
  • en Auvergne : deux fois plus de temps d’accès à un dermatologue, pédiatre ou généraliste que dans le reste du Pays. 16e région de France en nombre de généralistes par habitant (en baisse de 7% en 7 ans),
  • une aide à l’installation financée par la région Rhône-Alpes a permis l'instalation de seulement trois médecins généralistes éligibles par an et seulement 54 bourses aux internes ont été attribuées en médecine générale. "
" Monsieur Queyranne n’a sans doute pas mesuré la gravité de la situation. "
Le candidat Les Républicains souhaite défendre la médecine libérale. " Le projet de loi de santé de Mme Touraine, imposé sans dialogue, met gravement en danger la qualité de notre système de santé en France ", dénonce-t-il. Opposé au projet de loi, il va plus loin : " Par ailleurs, faire croire qu'il est gratuit de consulter est une aberration totale ! Il dévalorise le métier de médecin tout autant qu’il déresponsabilise le patient. "

Laurent Wauquiez accuse Jean-Jacques Queyranne, président sortant candidat à sa réélection, de ne pas avoir su mettre en " œuvre une politique à la hauteur des enjeux ". Une situation qu'il juge " critique " et, qui, selon lui, pourrait devenir " catastrophique ". Il illustre : " Vous voulez voir un ophtalmologue en Rhône-Alpes ? Il vous faudra patienter cinq mois, soit deux fois plus qu’en Île-de-France. "
Dans un communiqué, il dénonce : " Monsieur Queyranne n’a sans doute pas mesuré la gravité de la situation. Il pensait peut-être traiter le problème en attribuant chaque année une bourse d’installation à trois jeunes généralistes s’installant en zones sous-dotées. De la poudre aux yeux ! "
Face à cela, Laurent Wauquiez a émis des propositions :
  • " Verser une bourse aux étudiants qui s'engagent à exercer, à la fin de leur cursus, une spécialité en pénurie -  dont la médecine générale - dans une zone déficitaire en médecins. La bourse pourrait atteindre 1 200 euros par mois et être versée dès la deuxième année d'études ; la durée d'engagement à exercer dans les zones concernées étant égale à la durée de versement de l'aide. Cet engagement peut se traduire par des remplacements ou une installation. En remplaçant à la campagne, on découvre le métier et des opportunités d'installation.
  • Former plus de médecins pour ne pas devoir avoir recours aux médecins étrangers : desserrement du numerus clausus. Le numerus clausus dans nos universités doit être desserré. C’est ce qu’avait fait Laurent Wauquiez lorsqu’il était Ministre de l’Enseignement supérieur. Cela n’a pas de sens d’augmenter toujours plus le recours à des personnels de santé étrangers quand tant de nos jeunes souhaitent exercer ce métier. Sans compter que ces médecins étrangers présentent souvent moins de garanties en termes de diplômes et de formation. 
  • Multiplier les maisons et pôles de santé. Les maisons de santé n’attirent pas en tant que tel de nouveaux médecins mais sont des atouts de taille pour attirer les jeunes médecins dans des zones sous-dotées.
    Elles améliorent les conditions d'exercice des professionnels  (matériel, secrétariat commun, collaboration avec d’autres professionnels autour d’un projet de santé – kiné, sage femme, psychologue, diététicienne, etc…).
    Elles répondent aux aspirations des jeunes médecins qui ne veulent  pas se trouver isolés alors qu’ils ne font que débuter, souhaitent avoir de meilleures conditions de travail, notamment du matériel de qualité et travailler avec d'autres professionnels de santé et y être formés.
    La proposition de Laurent Wauquiez : le doublement des aides de la Région. Aujourd’hui, le plafond d’intervention de la Région pour les MSP est fixé à 100 000€, un montant faible si on le compare à ce qui se fait ailleurs (souvent les aides se situent autour de 25% du projet, ceci peut aller de 150 000 à 300 000€). Nous proposons donc un doublement de ce plafond d’intervention régional qui serait de 200 000€. 
  • Favoriser le développement des consultations décentralisées de la part des hôpitaux. Nous devons permettre aux centres hospitaliers du territoire de développer la mise en  oeuvre de consultations décentralisées qui contribuent à optimiser l’offre de soins notamment dans les zones sous-dotées. "

Ces propos n'ont pas laissé indifférents les représentants des autres listes.

  • Olivier Véran, porte-parole de Jean-Jack Queyranne
 
"Santé : l’ordonnance improvisée de Laurent Wauquiez
 
Laurent Wauquiez s’est exprimé hier sur la question de la lutte contre les difficultés d’accès aux soins dans notre Région. Personne n’ignore ce problème majeur sur lequel les candidats aux élections régionales auront le devoir de proposer des solutions. Les propositions faites par M. Wauquiez montrent une fois de plus une improvisation totale et une inquiétante litanie de solutions déjà existantes, ou pire encore simplistes et irréfléchies. Le Nouveau Souffle de Laurent Wauquiez, c’est du vent !
 
Desserrer le numerus clausus qui sélectionne les futurs médecins à l'issue de la 1ère année ?
Le numérus clausus est fixé annuellement et nationalement. Le président de Région n'a absolument pas la main sur le numerus clausus qui relève des prérogatives de l’Etat. Laurent Wauquiez, ancien ministre de l'enseignement supérieur, devrait le savoir. Cette proposition rejoint donc la longue liste des trouvailles mythomanes dont Laurent Wauquiez a le secret.
 
Quant à la présence de médecins étrangers, dont Laurent Wauquiez semble ne pas s’accommoder, elle est fondée sur la libre circulation des professionnels de santé au sein de l'Union Européenne et nous invite à conduire une réflexion européenne sur la démographie médicale. Sauf, bien sûr, à considérer, comme Laurent Wauquiez, que la France a vocation à sortir de l'Europe.
 
Il est ensuite question d'attribuer des bourses aux jeunes étudiants en médecine s'engageant à exercer tout ou partie de leur activité médicale à venir en zone sous dotée. L'idée est tellement bonne qu'elle existe déjà ! Il s'agit des Contrats d'Exercice de Santé Publique (CESP), dont le nombre a été constamment rehaussé par le ministère de la santé depuis 3 ans, pour atteindre les 1 500 bourses en 2017! Tous les étudiants en médecine, doyens, universitaires de médecine connaissent ce dispositif. 
 
Par ailleurs, chaque année, la Région Rhône-Alpes finance plus de 100 bourses de 2 400 euros par semestre en faveur des internes en médecine, pour qu’ils effectuent des stages dans des zones où l’offre de soins est la plus fragile (milieu rural, quartiers urbains sensibles, zones de montagne). Depuis 2010, 500 internes en médecine ont ainsi pu être accompagnés grâce à la majorité conduite par Jean-Jack Queyranne.
Laurent Wauquiez propose d'aider à la construction de maisons de santé. Sous la seule impulsion de Jean Jack Queyranne, 45 maisons de santé ont ouvert leurs portes dans la région depuis 2007, et ce n'est pas fini, puisque près de 50 projets nouveaux seront soutenus par le conseil régional. C’est une innovation pour laquelle la Région Rhône-Alpes a été pionnière et pour laquelle les efforts devront s’intensifier. La Région Rhône-Alpes a même décidé d'innover en finançant l'une des premières maisons de répit de France qui verra le jour à Saint-Genis-les-Ollières et portée par la Fondation France Répit. 
 
Le vrai sujet maintenant, concernant les maisons de santé pluridisciplinaires, c'est de faire vivre la pluridisciplinarité. Soutenir les expérimentations de travail en équipe, pour que médecins, infirmières, kinés, acteurs du médico-social formés par la Région travaillent ensemble au service de la réduction des inégalités de santé dans tous les territoires. Et il ne suffit pas de bâtir un mur pour que des médecins s'installent. C'est un accompagnement projet par projet, territoire par territoire qui fait la part belle aux initiatives de terrain.
 
En tant que rapporteur du budget de l'Assurance maladie à l'Assemblée nationale, j’ai fait adopter des mesures nouvelles en faveur des professionnels de santé libéraux, comme une garantie de ressources pour les médecins libéraux de montagne soumis aux aléas saisonniers, ou encore l'ouverture de droits nouveaux pour les femmes exerçant des métiers de la santé en secteur libéral au cours d'une grossesse.
 
Enfin, mettre à contribution l'hôpital par des consultations décentralisées est une bonne idée. D'ailleurs, elle existe. Et Laurent Wauquiez vient de s'y opposer à l'Assemblée nationale en votant contre le projet de loi de modernisation du système de santé, notamment l'article 27 qui prévoit que les hôpitaux d'un même territoire de santé devront adopter un projet médical commun, au service de l'offre de soins sur tous les territoires. Mais Laurent Wauquiez aura une chance, en seconde lecture, de faire en sorte que le député Wauquiez pense la même chose que le candidat Wauquiez.
 
Nous annoncerons très prochainement notre programme pour le mandat à venir, sur la base d’un projet réaliste, loin des solutions simplistes et adapté aux acteurs du terrain et dans le champ de compétence des Régions. La santé de nos concitoyens est une affaire trop sérieuse pour qu’elle souffre de solutions hasardeuses, populistes et clientélistes. Notre projet aura une ligne conductrice : l’égalité d’accès aux soins sous toutes ses formes et notamment le développement du numérique et de la télémédecine, l’égal accès aux innovations thérapeutiques, la formation, le maintien et le renouvellement des personnels de santé sur les territoires, le soutien aux hôpitaux de proximité.
 
En attendant, je recommande chaudement à Laurent Wauquiez de prendre connaissance de ce qui s'est fait en Auvergne et en Rhône-Alpes grâce à la Région."
  • La liste " L'humain d'Abord, la Haute-Loire au coeur "  

" Les services publics, biens communs pour accroître la résistance à la désertification
 

Il est utile de signaler que la santé n’est pas de la compétence de la Région. Celle-ci peut toutefois avoir une capacité forte en termes de lutte contre les déserts médicaux au travers d’une politique volontariste qui relève de l’aménagement du territoire afin de favoriser la vie quotidienne des habitantes et des habitants.
Nous sommes par ailleurs très favorables à la généralisation du tiers payant à l’heure où le renoncement aux soins en raison de difficultés financières est de plus en plus important. Ce n’est pas dévaloriser le métier de médecin et déresponsabiliser le patient que de vouloir assurer une santé publique indispensable au bien-être de notre société. Pour être efficace, notre politique nationale de santé doit arrêter de nier les évidences et cesser de s’inscrire dans une logique marchande.
 
Concernant l’installation de médecins, nous devons prendre en considération leurs besoins et ne pas s’en arrêter à une vision peut être surannée du médecin. Selon une enquête recensant les aspirations des étudiants en médecine qui s’apprêtent à exercer en France, il apparaît que de plus en plus, les médecins ont besoin de sécurité. On dit qu'ils souhaitent travailler en collectivité, au sein de maisons médicales. C'est vrai mais ils veulent également pouvoir travailler à proximité d'un hôpital pour que soient traitées en toute sécurité les urgences, notamment chirurgicales. Ainsi, L'exercice dans le privé apparaît moins intéressant et moins à même de permettre un équilibre vie privée-vie professionnelle. La féminisation de la profession y est pour quelque chose: les femmes, qui représentent 62% des nouvelles promotions, sont bien plus nombreuses à préférer le salariat au statut d'indépendant que les hommes. Il y a une vraie appétence pour l'exercice en groupe, dans des structures qui regrouperaient plusieurs types de professions de santé.
Les futurs médecins semblent aussi séduits par l'exercice mixte privé-public, qui permet de garder un pied dans le milieu hospitalier où le travail en équipe apporte une autre forme de stimulation intellectuelle.

C’est pourquoi, il y a lieu de mailler le territoire de services publics à même de répondre aux besoins des habitants et à fortiori de jeunes médecins en projet d’installation sur des zones déficitaires. Lutter contre les déserts médicaux passe par le développement de centres de santé publics avec des médecins salariés, à proximité de plateaux techniques. La Région a tout son rôle à jouer dans la mise en place de ces équipements de proximité publics au travers des aides portant sur l’aménagement du territoire et qui relèvent pour le coup de sa compétence. Nous pouvons d’ailleurs faire référence à un certain nombre d’expériences dont celui de la ville de La Ferté Bernard en 2011, dont le maire après avoir tenté la prime à l’installation et la mise en place d’une Maison de santé, sans résultats, a opté pour la création d’un centre de santé, doté à l’heure actuelle de trois médecins salariés. "

  • La liste Le Rassemblement citoyen, écologique, solidaire

" Laurent Wauquiez découvre les déserts médicaux !
 
La Région Rhône-Alpes n’a pas attendu M. Wauquiez pour s’attaquer aux enjeux majeurs de santé, notamment l’accès pour tous à une médecine de proximité. 
 
Pour le Rassemblement citoyen-écologique-solidaire, c’est d’abord la population qui doit être défendue pour avoir accès partout aux soins de proximité, et à une médecine gratuite pour tous ceux qui en ont besoin. 
M. Wauquiez, lui, défend uniquement la médecine libérale !
Depuis 2010, le Conseil Régional Rhône-Alpes, notamment sous l’impulsion des écologistes, finance les Maisons de Santé Pluri-professionnelles (près de 40 ces 5 dernières années) – des dizaines de professionnels installés. M. Wauquiez ignore ainsi les financements par la Région des Centres de Santé (anciens dispensaires), lieux privilégiés de la médecine gratuite (20 centres ces 3 dernières années), pour des montants unitaires qui ont atteint 150 000 €. La Région Rhône-Alpes répond aussi à toutes les demandes de bourses d’internes. 
L’action déterminée du Conseil Régional Rhône-Alpes pour l’égalité et la solidarité territoriale est reconnue par tous les acteurs de santé, avec qui ces politiques sont co-construites. 
 
Le Rassemblement citoyen-écologique-solidaire propose d’accroitre tous les dispositifs d’aides à ceux qui ne peuvent plus prendre en charge leur santé (public précaire et familles en difficulté, personnes âgées, étudiants, saisonniers, …). 
M. Wauquiez méconnait les véritables enjeux de santé : améliorer la santé au travail, réduire l’exposition des populations aux multiples pollutions, notamment des femmes enceintes et des jeunes, et surtout mettre en place une véritable politique de prévention et de promotion de la santé qui permettront de maîtriser l’explosion des maladies chroniques (obésité, cancers, …) qui déséquilibre complètement les comptes de la sécurité sociale.  
 
Nous amplifierons les actions à destination des lycéens et des apprentis.  
 
On voit combien M. Wauquiez a une vision partielle et partiale de la santé des Auvergnats et des Rhônalpins. "

Le FN doit s'exprimer en début de semaine prochaine sur ce même sujet.

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