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« La colère des personnels est énorme »
Depuis plusieurs mois désormais, le ministère de l'Éducation, et le Premier ministre Gabriel Attal ont annoncé vouloir mettre en place un "choc des savoirs" dans les établissements scolaires français. Un dispositif que les syndicats professionnels dénoncent de discriminatoire et impossible à mettre en place.
Ce 29 avril, les syndicats des professionnels de l'éducation nationale se sont réunis, dans les collèges, et devant l'inspection académique, pour montrer, à nouveau, leur désaccord avec la mise en place du choc des savoirs.
Laurent Berne, secrétaire départemental de la fédération nationale de l'enseignement Force Ouvrière (FO), accompagné de Romain Touron, professeur d'Histoire et Géographie, et Louise Pommeret, co-secrétaire départementale à la FSU, demandent conjointement le retrait de la réforme.
« Cette réforme, personne n'en veut », Louise Pommeret
La représentante FSU souligne, elle, le caractère exceptionnel et majeur de la mobilisation : « Pour en arriver à une grève de rentrée, c'est la preuve que la colère des personnels est énorme. Contre le choc des savoirs d'abord, mais aussi pour demander davantage de moyens pour l'enseignement public. »
Elle ajoute d'ailleurs que cette réforme n'est approuvée que par très peu de professionnels concernés : « Cette réforme, personne n'en veut. Ni les enseignants, ni les parents puisque la FCPE est très mobilisée à l'échelle nationale, ni les cadres de l'éducation nationale, les chefs d'établissement, les inspecteurs. » Et de préciser que plusieurs tribunes à ce sujet, sont parues dans la presse ces derniers mois.
« Pédagogiquement, ça ne tient pas la route », Laurent Berne
Le représentant FO détaille leurs arguments : « Le gouvernement souhaite trier les élèves, pour faire des groupes de bons et de moins bons. Mais elle ne prévoit pas de moyens supplémentaires pour la mise en place de ce système. Donc pédagogiquement, ça ne tient pas la route. Toutes les études démontrent que cela ne fonctionne pas. »
Et d'ajouter, ou plutôt de dénoncer, une mesure sociale : « Des études démontrent également que ce système de groupes de niveau équivaut à trier les élèves selon leur classe sociale. Parce que les enfants issus de classes défavorisées ont davantage de difficultés. »
Louise Pommeret, poursuit en évoquant l'impact psychologique de ces groupes de niveaux sur les élèves : « On prend des enfants de 11 ans, et on les répartit dans le groupe des forts, celui des moyens, et celui des nuls. On pourra les rebaptiser comme on voudra, c'est ainsi que les élèves vont le ressentir, et que les parents vont le comprendre. »
Pas de choc des savoirs, mais un choc des moyens
À l'inverse, ce que défendent les professionnels réunis ce jour, c'est la mixité des élèves dans les classes. Ils défendent en effet l'idée que chaque élève pousse les autres à se dépasser. « Quand il y a assez de moyens, l'hétérogénéité peut être très bénéfique, parce qu'elle crée une émulation dans le groupe de classe », déclare d'ailleurs Louise Pommeret, affirmant s'appuyer sur des études.
Laurent Berne poursuit d'ailleurs sur l'aspect technique de la mise en œuvre de cette réforme. Il souligne en effet que certains établissements ne disposent ni des moyens humains, ni des moyens matériels pour que ce système fonctionne. Le nombre d'enseignants et de classes nécessaires étant inévitablement augmenté.
« Ce qu'on veut, c'est davantage de moyens. Ce n'est pas le choc des savoirs qui nous aidera à diminuer les inégalités scolaires, mais un meilleur accompagnement, et ça passe par plus de postes. Donc arrêtons ces cartes scolaires qui en suppriment énormément » lance Laurent Berne, révolté.
« Nous, ce qu'on voudrait plutôt, c'est qu'on nous donne plus d'enseignants, plus de moyens, plus d'heures dans les collèges et les lycées pour pouvoir faire des aménagements, et pour combattre vraiment les difficultés scolaires. Cette réforme aura l'effet inverse. »
Les conditions de travail se dégradent
À Aurec-sur Loire, un piquet de grève a aussi mobilisé enseignants, parents et élèves, suivi à près de 80 % selon Romain Touron. Opposés à la réforme du choc des savoirs, les grévistes avaient aussi l'intention de mettre en lumière leurs conditions de travail.
L'enseignant d'Histoire et Géographie détaille : « Deux postes vont être supprimés dans notre établissement. Les conditions de travail se dégradent. Beaucoup d'enseignants vont être en poste partagé, c'est-à-dire qu'ils interviennent sur plusieurs établissements, ce qui entraine une perte d'implication. Tous ces éléments additionnés font qu'il était évident pour nous de nous mobiliser. »
Au Monastier et à Landos, le mouvement a également été suivi, suite à la réunion du comité inter établissement de Haute-Loire comprenant celui d'Aurec.
À noter que, à l'issue de cette mobilisation, l'Inspecteur académique de la Haute-Loire Hervé Bariller s'est entretenu avec une délégation composée de représentants de huit collèges différents et d'un lycée.
Vos commentaires
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1 commentaire
Une information préalable à ce mouvement de grève, à destination des parents d'élèves, aurait été la bienvenue.
Les parents ont été informés à la dernière minute et ont du s'organiser le jour J !!!
Plutôt que d'expliquer la raison de cette grève et d'avoir le plein soutien des parents, ce mouvement a eu l'impact inverse. Et cela ce comprend !
Dommage