Issoire : "Où est passé mon bébé ?" comprendre son ado...

Par Nathalie Piendel , Mise à jour le 04/04/2024 à 12:00

Delphine Bardon, conférencière et formatrice en communication, spécialisée dans la communication bienveillante et dans la relation parents/enfants, est venue au Strapontin à Issoire pour les semaines de la parentalité, parler de l'adolescence et donner des clés aux parents. 

Une trentaine de personnes, principalement des mamans en difficulté voir en rupture de communication avec leur adolescent, était présente et s’est abreuvée des doux et pertinents conseils de l'intervenante, elle aussi maman de deux enfants, de 2 et 15 ans. 

"L'adolescence est une période de bouleversements et de questionnements pour les ados comme pour les parents" démarre-t-elle. "C'est une période où on peut se demander : où est passé mon bébé ? On ne le reconnait plus vraiment cet enfant qu'on a vu grandir et qui, à l'adolescence se transforme."
La salle acquiesce de la tête, un brin émue et nostalgique.

"Miroir, mon beau miroir"

Delphine aborde alors les questionnements d'un parent face à son ado : "Est-ce qu'il va réussir ? Comment l'aider, l'accompagner, trouver cette juste distance ? Suis-je un bon parent ?"

Et ceux de l'ado, finalement, les mêmes, en effet miroir. "Où est passé l'enfant que j'étais ? À quoi je vais ressembler ? Est-ce que je vais trouver ma voie, m'en sortir, qui suis-je ? Est-ce que je suis populaire, est-ce qu'on m'aime ?" 

Delphine Bardon, en conférence débat à Issoire Photo par ZoomDici

Cet aspect miroir complique la relation selon Delphine. Et l'ado vient parfois appuyer sur nos propres blessures d'enfant et d'adolescent bien enfouies dans notre inconscient. Une bonne opportunité donc de travail personnel que de vivre avec des ados et des enfants en général... 

De gros changements physiques

L'ado, touché par un pic de croissance fulgurant, avec plus ou moins 25 centimètres pris en quelques petites années, qui mettent à mal le cervelet alors débordé par la tâche, éprouve souvent des désordres métaboliques, "trop mou" pour certains, ou "trop speed" pour d'autres. D'où "l'angle d'or du 127°", la fameuse posture "avachie" qui soulage en fait réellement la tension musculaire. 

Les émotions exacerbées 

"Ils sont à fleur de peau, et passent du rire aux larmes en quelques secondes, parce que la partie de leur cerveau qui gère les émotions n'est pas encore mature", explique Delphine. 

Les émotions très vives expliquent certains concepts comme le "Je t'aime, Moi non plus !" avec les parents, ou encore le côté rébellion, "contre les profs, les parents, la politique, le gouvernement..."

Ces grands enfants souffrent bien souvent également d'avoir perdu ce regard bienveillant, tendre, émerveillé et/ou fier, que les adultes portent aux enfants, et leur portaient petits.  

Langage codé

L'ado a un goût du langage codé pour éloigner l'adulte de toute compréhension. "Askip : à ce qu'il parait ! ;
"Un Crush" : une amourette, une personne en vue ;
"Frère" : surnom affectueux donné entre copains et copines
"Boloss" : anciennement le "crétin"
"Quoicoubeh" : ??? personne n'a jamais compris le sens de ce mot, mais cela a l'air très drôle... 

Quelle est la bonne posture ?

L'intervenante utilise alors une image intéressante, celle du véhicule. "En tant que parent, doit-on être pilote ou copilote ?" La voiture étant le corps de l'ado, sa vie, la direction qu'il veut prendre.

"Quel est le risque si on souhaite piloter à sa place ?", demande l'intervenante aux parents présents. "Aller dans le décor !". "Qu'il le fasse dans notre dos".  "Se faire éjecter de la voiture (et de la relation)". Les idées fusent...

Par cette image, Delphine propose une réflexion profonde sur le rôle de parent et la fragilité de cette relation qui demande un équilibre. Être là, pour sécuriser l'enfant, mais le laisser expérimenter pour qu'il apprenne par lui-même, même s'il doit parfois "se prendre des murs".

Rester enraciné et fort, mais avec une certaine souplesse

Et à l'image des enfants en bas-âge qui testent, en quête de limites sécurisantes, les ados poussent à bout leurs parents. "C'est comme une machine à laver en mode essorage, plus ils sont secoués à l'intérieur et plus ils vont nous secouer aussi. Ils vont vérifier si on tient la route.

Le secret selon elle, "C'est la posture du roseau, l'image que préfère ma fille." Rester enraciné et fort, mais avec une certaine souplesse.

Le site internet de Delphine, avec ses formations et conférences c'est par ICI. 

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