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Hte-Loire : portrait robot d'un bénéficiaire du Secours catholique
Il est trois fois plus en CDI qu'au niveau national, il a deux fois moins de problèmes pour s'alimenter... mais deux fois plus pour régler ses factures. Voici les dernières statistiques concernant les personnes reçues par le Secours Catholique de Haute-Loire.
Chaque année, le rapport du Secours Catholique sur l’état de la pauvreté en France est un rendez-vous important pour quiconque s’intéresse à la situation des plus vulnérables dans notre pays.
Fondé sur des données statistiques propres, collectées auprès d’une partie des 1,4 millions de personnes rencontrées, il précède d’au moins un an les données publiées par l’Insee, et intègre des populations (sans domicile, ou en situation administrative instable) dont la statistique publique peine à rendre compte.
L’édition 2020 est publiée dans un contexte plus que jamais marqué par l’incertitude : risque sanitaire, perte de revenus, isolement dû au confinement, distanciation, peur de l’autre, chômage.
En Haute-Loire, deux fois moins de problèmes pour s'alimenter... mais deux fois plus pour régler ses factures
L’objectif est d’appréhender la manière dont les ménages sont en mesure d’allouer leurs ressources destinées en premier lieu à couvrir les besoins de base tels que le logement, l’alimentation ou encore l’habillement, mais aussi à mener leur vie dans des conditions décentes. Voici un premier aperçu des principales demandes d'aides formulées par les ménages en Haute-Loire, en comparaison avec la région Auvergne Rhône-Alpes et la France.
On constate que les demandes d'aides pour les factures (loyer, énergie, eau) sont deux fois plus nombreuses en Haute-Loire qu'en région ou qu'en France, et deux fois moindre pour l'alimentation. Sur ce dernier poste, la demande a été divisée par deux dans le département entre 214 (42,5%) et 2019 (22,6%). Enfin les problèmes de mobilité sont plus prégnants dans le département : 14,6 % contre 8,1 % à l'échelle hexagonale.
Beaucoup d'impayés en Haute-Loire et une facture d'eau difficile à absorber
L'existence d'impayés est à déplorer dans 70,6 % des cas en Haute-Loire, contre seulement 48 % en France. Ils concernent principalement les factures de gaz, électricités et combustibles (37,9%), d'eau avec 34%, le double par rapport à la moyenne en France (17,8%) alors que le loyer ne concerne que 21,8 % des impayés en Haute-Loire, près de deux fois moins (40,2%) que la moyenne nationale.
Des pères seuls en progression
On constate également dans les statistiques fournies par le Secours Catholique que les pères seuls sont passés de 4 à 8 % des personnes accompagnées en cinq ans en Haute-Loire, une représentation bien supérieure à la moyenne nationale (3,7%), alors que les mères seules stagnent à 18,9 % dans le département, contre 24,6 % en France.
La nationalité de la personne accompagnée est française pour 86,4 % des bénéficiaires de Haute-Loire, alors qu'elle n'est que de 56,3 % à l'échelle du pays. On souligne enfin que 90,1 % des personnes accompagnées ont un logement stable en Haute-Loire, contre 68,4 % à l'échelle hexagonale.
Un tiers des bénéficiaires dans l'emploi en Haute-Loire
On peut être en CDI (contrat à durée indéterminée) et être accompagné par le Secours Catholique : c'est le cas de 10,7 % des bénéficiaires de Haute-Loire, trois fois plus qu'au niveau national (3,9%). On recense également 17,4 % d'emplois précaires (CDD, intérim, travail saisonnier, temps partiel, emplois aidés) contre seulement 9 % en France. Au final, 32,2 % des personnes accompagnées sont dans l'emploi en Haute-Loire, deux fois plus qu'à l'échelle nationale (15,7%).
Témoignages de personnes accompagnées par le Secours Catholique de Haute-Loire
Les équipes du Secours Catholique garantissent l’authenticité de ces témoignages, récoltés auprès de personnes accompagnés en Haute-Loire, "relatés tels que ces personnes les ont racontés, ou les ont écrits elles-mêmes". On y retrouve beaucoup de personnes dans la fragilité, que ce soit par rapport à l'emploi ou la santé.
Par exemple Mme L., dont le mari est au chômage non indemnisé et elle bénéficie d'une AAH (allocation aux adultes handicapés) : "en guise de loisirs on s’offre un petit restau : en fait un McDonald ou un kébab, un truc pas cher. On aime le cinéma, mais on attend d’avoir les films en DVD à 5€ , même deux ou trois ans après", témoigne-t-elle.
Même son de cloche chez Mme G., qui a de gros problèmes de coeur : "j’ai eu 5000€ de dette pour l’école de mon fils. Je dois vivre avec 500€ pour moi et mon fils. Je n’ai pas de chauffage, je peux pas payer 1 000 € à la fin de l’année, une association m’a donnée un petit radiateur électrique, des fois on le met, et puis on a les bouillottes…".
Monsieur E a 48 ans, il est travailleur handicapé suite à maladie professionnelle. "J’habite une petite maison mal isolée et humide, je dépense beaucoup pour me chauffer mal", témoigne-t-il, "quand l’équipe du Secours Catholique m’a proposé de les aider à couper du bois de chauffage avec d’autres personnes, comme moi, j’ai dit oui immédiatement. J’aimerais bien retravailler mais avec mon handicap, il n y a rien".
On peut enfin citer Mme M. : "pour réduire ma facture d’eau, je ne tire pas la chasse à chaque fois et j’utilise l’eau du ménage pour les WC. Et même au niveau de la nourriture il faut se restreindre, heureusement je suis bénéficiaire des Restos du Cœur, même si j’ai des difficultés à m’y rendre et à porter des colis suite à un accident". Elle a un dossier de sur-endettement à hauteur de 10 000€ et "pour faire manger mon fils je n’ai pas payé mon loyer à certains moments ; on se prive sur tout. Mon fils est en foyer et va à l’école ; comme ça il mange à sa faim".
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