Haute-Loire : quand la Coupe du monde joue avec l'économie

, Mise à jour le 26/06/2014 à 17:43

La Coupe du monde au Brésil, ce n'est pas que des matchs de football, des plages de sable blanc et des Caïpirinha. C'est aussi l'occasion pour bon nombre de commerce de surfer sur l'euphorie générale et de trouver un moyen de la rentabiliser. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, le cocktail pizza-bières ne fait pas fureur partout et les ventes de téléviseurs haute-définition n'ont pas explosé. La ferveur qui entour les Bleus, par contre, est plus forte que jamais. Le mondial, ce n'est pas toujours bon pour le commerce, comme nous l'ont démontré les commerçants ponots.

« Loin de la folie furieuse que les médias annonçaient »
Lors des grandes compétitions sportives, il est de coutume de penser que les magasins d’électroménager vont être pris d'assaut. David Deschaud, vendeur dans l'entreprise du même nom, tempère : « C'est difficile de chiffrer les ventes en période de Coupe du monde mais il n'y a rien de flagrant. Certains profitent de l'occasion pour renouveler leur télé, mais sans plus ». Pas d’hystérie, donc : « On est loin de la folie furieuse que les médias annonçaient. » Même son de cloche du côté de MDA électroménager : « Parler d’envolée serait exagérée, c'est un bien grand mot même s'il est vrai qu'on a vendu plus de télévisions que lors d'une période classique. » Principale acquisition pour les acheteurs, « des écrans plus grands », les TV de plus de 107 centimètres restant « les plus prisées », nous indique un vendeur de l'enseigne. « Il est clair que pour plus de confort, les clients optent pour des écrans plus importants », nous confie Claude Sellier, directeur de Connexion. « Pour notre cas, la vente d'écrans a bien progressé ces derniers mois avec pas mal d'opération de remboursements qui ont attiré les personnes. »

«  Trouver un maillot de l'équipe de France, c'est compliqué »
« Des maillots des bleus ? Il n'y en a plus. » A chacun de nos coups de fils, la même rengaine. Pour avoir un maillot de l'équipe de France en Haute-Loire, il n'y a qu'une seule solution : attendre. Eric Ainoux, directeur d'Intersport, nous explique : « Déjà, après la qualification des Bleus contre l'Ukraine, il y a eu un certain engouement qui s'est ressenti sur la vente des produits. Les matchs de préparations ont confirmé la tendance, mais alors depuis le début de la compétition, c'est la folie. J'ai réussi a obtenir par miracle 250 des 2000 maillots reçu en supplément par Intersport France. En 15 jours j'avais déjà tout écoulé », confie t-il avant de lancer une petite pique à Nike qui selon lui ne « ne joue pas le jeu ». La marque n'aurait « pas anticipé une éventuelle belle performance de la Fance et il se retrouve en rupture de stock ». Un stock qui pourrait hypothétiquement être réapprovisionné la semaine prochaine.

Idem chez Sport 2000, comme nous le confirme un vendeur : « Arriver à trouver un maillot de l'équipe de France c'est compliqué parce que Nike est en rupture complète de stock ». L'enseigne a écoulé 70 maillots français en un mois. « J'ai écoulé une première salve avant d'être réapprovisionné une seconde fois, mais je n'ai plus rien », commente Paolo Rodriguez, le gérantd e Win'R. « Dès le premier match des bleus, c'est parti comme des petits pains. Pour ceux qui veulent acheter une tenue floquée du coq, il va certainement falloir attendre la fin de la coupe du Monde. »

Le maillot du Portugal à 50 % dès ce soir ?
Seule solution, au final : attendre un peu ou faire une infidélité à la France. « J'ai tous les maillots de l'Espagnol par contre », rigole Paolo Rodriguez. Idem chez Sport 2000 : « Les maillots des autres nations ne sont pas forcément très recherchés. » Il y a pourtant de bonnes affaires à saisir : « Pour chaque équipe éliminée, il y a moins 50% sur les maillots », ajoute le vendeur de Sport 2000. Les tuniques de l'Italie, l'Espagne ou encore l'Angleterre deviennent donc financièrement plus accessibles. « Peut-être que demain, le maillot du Portugal sera aussi soldé », glissent avec un petit sourire nos interlocuteurs de Win'R Sports et Sport 2000 . Mais ça, la communauté portugaise du Puy l'échangerait volontiers contre une qualification de leur nation de cœur.

Des pizzaïolos mitigés
« Oui et non. Ca dépend du match, ça dépend de l'heure de jeu... » Pour Alexandre Obrier, pizzaïolo à L'Impériale Pizza, « l'effet Coupe du monde » n'est pas évident. Les horaires peu pratiques des matchs, forcées par le décalage horaire, n'arrangent pas les choses. « Les habitudes de consommation sont établies, les gens commandent pour 21h... avant le match donc. » Alexandre Obrier se rappelle de la Coupe du monde 2006 où tous les matchs étaient à 21h, justement : « Il y avait un gros, gros impact économique. Pour l'instant c'est pas vilain mais on attend les phases finales avec impatience. » Dimanche dernier, pour le match entre l'équipe de France et le Honduras, L'Impériale Pizza a tout de même vendu... 180 pizzas, contre une centaine habituellement. Céline Granouillet de la Tour de Pizz tire le même constat : « Les matchs sont tards et les gens ne mangent pas forcément ensemble, ils se retrouvent après. » Son fournisseur lui avait proposé des boîtes à l'effigie de la Coupe du monde au Brésil : « J'ai pensé que c'était une bonne idée, mais finalement je ne pense pas que je vais écouler mon stock. »

Pour La Pizza, restaurant de la place Cadelade, c'est pire : « La Coupe du monde a un impact négatif », confie le propriétaire Emmanuel Crespy. « Les gens sont devant leur TV, chez eux, ils ne viennent pas au restaurant. » Les soirs de match, l'établissement a une baisse d'activité. Mais Emmanuel Crespy attend beaucoup des Bleus pour retourner la situation : « Si l'équipe de France fait un beau parcours, ça a un effet euphorisant sur les gens. Ils ressortent et mangent dehors. »

Pour les bars, c'est l'ambiance qui compte, pas les chiffres
Hugo Vermoyal est barman au Yam's depuis plus d'un an. L'établissement dans lequel il travaille fait tout pour attirer les fans de football : « On met en place un écran géant dehors et on a une télévision à l'intérieur pour que le plus de clients possible puissent venir. » Même ce mercredi 25 juin, à l'occasion du match sans réel enjeu entre la France et l'Equateur, aucune place n'était disponible dans tout le bar et sa terrasse. L'écran géant joue son rôle d'appât à la perfection et la bière coule à flot : les soirs de match, près de 100 litres sont vendus contre un peu moins de 25 lors des nuitées classiques du reste de l'année. Anthony Malzieu, gérant du bar Le Shamrock, estime que les retombées économiques d'une période de compétition internationale dépendent des performances des Bleus : « En fonction de ce que fait l'équipe de France, on a des retombées qui ne sont pas inintéressantes. Les gens viennent voir tous les matchs mais on a plus d'affluence pour l'équipe de France. » Anthony Malzieu estime que l'intérêt d'une Coupe du monde réside surtout dans « l'ambiance qui se crée » et pas vraiment « en terme de chiffre » : « Ca fait du bien à tout le monde, c'est pas que les bières et les pizzas. »

« Rester sans TV », une demande de la clientèle
D'autres établissement, à l'inverse, ne compte pas du tout sur cet événement pour attirer des clients. Jean-François Exbrayat, gérant du Palais, a fait le choix de ne pas diffuser les matchs : « On a beaucoup de collègues qui les diffusent toute l'année donc on a décidé de rester sans TV. Et ça correspond aussi à une demande d'une partie de la clientèle. » Le bar restaurant a la chance d'avoir une clientèle d'habitués, c'est pourquoi il ne perd pas en affluence pendant la compétition. Mais Jean-François Exbrayat ne réfute pas l'existence d'un filon « Coupe du monde » : « Certains l'utilisent comme un axe de développement, ça crée une ambiance. Mais des clients qui n'aiment pas le foot cherchent aussi à boire un verre ou à manger tranquillement. » Le patron précise tout de même qu'il n'est pas « anti-Coupe du monde » et qu'il va lui-même voir les matchs dès la fermeture de son établissement « chez des collègues qui le diffusent ».

A.P. et A.L.

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