Formation professionnelle : la recette du chef étoilé Régis Marcon

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:52

"Le Ministre de l'Education National Jean-Michel Blanquer et ses équipes ont repris pratiquement 80 % du rapport que l'on a remis il y a un mois et demi", nous confie par téléphone le chef de Haute-Loire Régis Marcon, qui avait été mandaté par le gouvernement pour remettre un rapport de réforme de l'enseignement professionnel, "donc nous sommes très satisfaits".
Une satisfaction non dissimulée pour lui car "parfois, au terme des concertations avec les syndicats, le rapport peut se retrouver appauvri et perdre un peu de son sens". Dans ce contexte, il estime que ce n'est pas le cas car "il y a une réelle avancée quant à l'ouverture sur l'apprentissage à partir des lycées professionnels" mais aussi "un développement des formations vers les métiers d'avenir" ou encore une "bien meilleure information fournie aux familles" avec la publication des taux d'insertion de chaque formation.

> Tous les détails de la réforme du lycée professionnel ici 

"Comme il était le premier de sa classe, ses enseignants lui disaient de continuer ses études"
La formation professionnelle, il faut dire que Régis Marcon y est attaché personnellement et considère qu'il faut qu'elle change d'image. Son fils Paul par exemple, voulait s'orienter vers une filière restauration mais "comme il était le premier de sa classe, ses enseignants lui disaient de continuer ses études dans le général", témoigne-t-il.
Mais Paul avait déjà choisi son métier et finalement, après cinq ans d'étude, il a été champion de France aux olympiades des métiers donc "quand un jeune est motivé pour un métier, il faut tout faire pour l'encourager et on peut aussi poursuivre ses études dans les voies professionnelles".

----Un rapport en binôme
C'est en binôme avec la députée Céline Calvez (LREM) que Régis Marcon a mené ces travaux "pour transformer la voie professionnelle, la rendre plus attractive et plus efficace, avec des diplômes rénovés", nous confiait-il à l'automne dernier.-----Pas de campus en Haute-Loire
Au rang des recommandations émises par le chef triplement étoilé de Haute-Loire et que l'on retrouve dans la réforme annoncée par Jean-Michel Blanquer ce lundi matin, il y a la création de campus, à raison de trois par région.
Peut-on espérer en voir éclore un en Haute-Loire ? Pas vraiment. "Il vaut mieux parler de mise en réseau et de partage de moyens comme les plateaux techniques par exemple", nous répond-il. Autrement dit, une mutualisation accrue des moyens et des effectifs "avec un décloisonnement de l'enseignement professionnel".

Quelles seraient les formations en Haute-Loire ?
Autre élément mis en avant dans la réforme : la mise en place de formations répondant davantage aux besoins des territoires. Concrètement, qui les identifierait et quels pourraient être les secteurs concernés en Haute-Loire ? "C'est un travail qui peut être mené à la région en concertation avec les Départements", nous répond le co-auteur du rapport, "en Haute-Loire, nous avons tout un secteur industriel qui peine actuellement à recruter, notamment sur Monistrol, alors pourquoi pas mettre en place des formations répondant à ces bassins d'emploi ?".
Autre exemple du chef étoilé : le secteur de l'hôtellerie-restauration, "car la Haute-Loire est un département très touristique et il y a besoin de serveurs, de cuisiniers et de professionnels du tourisme". Mais n'y a-t-il pas un risque de cloisonnement ? "Non", répond-il, "un lycée pourrait fédérer toutes ces formations en tenant compte des besoins spécificiques du territoire".

"Il n'est nullement question de dégraisser" l'Education Nationale
Quant à l'une des craintes évoquées par certains syndicats opposés à la réforme, dont le Snuep FSU, de voir le nombre de postes d'enseignant fondre comme neige au soleil avec la diminution des heures d'enseignement général, Régis Marcon balaie l'argument d'un revers de main : "il n'en est nullement question, il n'est pas question de dégraisser, bien au contraire, il est question de former des enseignants sur de nouveaux métiers pour éviter qu'il y ait trop d'élèves qui s'engouffrent dans des voies où il y a très peu de débouchés".

Quels seront les emplois de demain ?
Enfin, puisque la réforme vise le développement des formations tournées vers les métiers d'avenir, il reste à déterminer quels seront-ils alors qu'on estime que 85 % des emplois de 2030 n'existent pas encore (voir l'étude). "On en connait quand même quelques uns", tempère Régis Marcon, "notamment dans tout ce qui concerne la transition numérique, avec de nombreux métiers qui arrivent ou qui s'adaptent aux existants, avec déjà de multiples formations qui existent, ou encore sur la transition écologique, avec par exemple des formations qui existent sur la maintenance des éoliennes".
Enfin, le viellissement de la population va conduire à "un besoin accru des métiers des services à la personne", même si la situation des EHPAD par exemple a de quoi inquiéter à tous les étages, sans oublier "les professions qui bénéficient du savoir-faire à la française et qui nécessitent une légère modernisation".

Désormais, le chef étoilé Régis Marcon va retrourner aux fourneaux, "même si je n'en suis jamais vraiment parti".

Maxime Pitavy

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