EHPAD : grogne à tous les étages

mar 30/01/2018 - 20:22 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:50

----En 2017, en France, l’espérance de vie était de 78,4 ans pour les hommes, 84,8 ans pour les femmes.
L’INSEE projette un allongement continu de l’espérance de vie d’ici à 2060. Cette année-là, elle devrait être de 86 ans pour les hommes et 91,1 ans pour les femmes.
Le nombre des plus de 85 ans passera de 1,4 million aujourd’hui à 5 millions en 2060 (chiffres du Ministère des Solidarités et de la Santé).-----
Environ 200 personnes se sont rassemblées, ce mardi 30 janvier, en milieu d’après-midi, devant les locaux de l’Agence régionale de santé (ARS), rue de Vienne au Puy.
Un mouvement en soutien aux professionnels des EHPAD, lancé notamment à l'appel des syndicats CGT, FO, CFDT, FSU et aussi des retraités de la FGRFP.
D’autres rassemblements ont également eu lieu, devant les établissements, un peu partout dans le département, en début d’après-midi, avec quelques débrayages.

Pour Bernadette Tavernier, infirmière et secrétaire départementale des services publics et de santé FO 43, « seule la grève est un moyen pour se faire entendre quant aux conditions déplorables que vivent les salariés, les résidents et les familles qui les entourent. Ces dernières paient cher pour des services parfois très discutables.»

«Il ne faut pas négliger la fin de vie»
Il faut dire qu’en Haute-Loire, le taux d’agent est de 0,4 par lit, « c’est peu et cela implique des organisations tendues, commente Jacques Banet, directeur des EHPAD Marie Goy (Vorey) et Paradis (Espaly), la loi SV (loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement, entrée en vigueur au 1er janvier 2016, ndlr) est un bon texte qui a renforcé le maintien à domicile, c’est tout ce que nous souhaitons. Mais il ne faut pas négliger la fin de vie.»
De par cette loi SV, l'âge d'arrivée dans les établissements est de plus en plus retardé et les personnes y sont de plus en plus dépendantes.

Mais le financement des EHPAD « repose sur un jeu de dupe, selon Hélène Capart, médecin coordonnatrice aux Chalmettes (Le Puy) et Vert Bocage (Brives), pour donner un exemple, s’il n’y a pas d’escarres dans un établissement, eh bien toute la prévention en amont n’est pas prise en compte (par le financeur ARS, ndlr), bien qu’elle soit assurée.»
Des structures où « chacun met du sien, estime Thierry Belin, infirmier à Marie Goy, mais il arrive un moment où il n’y a plus assez de moyens. On ne peut plus répondre aux injonctions que l’on nous envoie au niveau de la bientraitance

Les collectivités rurales aussi montent au créneau
Pierre Gentes, présent ce mardi devant les locaux de l’ARS, est maire de Laussonne et président de l’association des maires ruraux de la Haute-Loire. Il est également très inquiet pour l’EHPAD de sa commune qui compte 57 lits et dont il est vice-président du conseil d’administration.

Cette prise de position d’un élu local confirme que ces conditions de travail et d’accueil dans les EHPAD sont visiblement critiquées à de nombreux échelons, non seulement institutionnels, mais aussi territoriaux.

Un manque de personnel, selon les manifestants, accentué par la suppression des contrats aidés et qui « oblige sans cesse de rappeler sur les jours de repos, déplore Amandine Rabeyrin, infirmière et secrétaire du syndicat CGT 43 santé de l’hôpital Émile Roux et des établissements publics du bassin du Puy, cela impose aussi des cadences infernales  et du coup une maltraitance institutionnelle.»
Une délégation a été reçue par un responsable de l’ARS, un peu plus tard dans l’après-midi.

Jacques Jamon

 

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