Michel Chapuis, candidat à la présidence de l'Agglo du Puy-en-Velay
Finances du Puy : esquive, feinte et parade au Conseil municipal
Durant le Conseil municipal virtuel de la ville préfecture, le lourd sujet des finances a été abordé. Technique, indigeste et fastidieux pourraient qualifier le dossier. Mais un véritable jeu d’escrime s’est finalement installé dans les débats entre la majorité et l’opposition.
Sur le communiqué de presse préparé par l'équipe municipale, il est mentionné que : « La Ville du Puy-en-Velay s’astreint à garder une gestion financière saine et responsable. Elle s’est appliquée à réaliser des économies sur son fonctionnement administratif avant tout, et à dégager de nouvelles recettes. Une bonne gestion qui lui permet de faire face à la crise sanitaire qui représente un certain coût pour la collectivité. »
Il est également indiqué que les impôts locaux n’augmenteraient pas pour l’année 2021 et que le soutien aux associations ne serait pas sacrifié.
« Au final, notre résultat financier est plutôt pas mal »
Avant d’assister aux combats de gladiateurs entre le maire de la Ville, Michel Chapuis, et l’opposition représentée par Laurent Johanny et Catherine Granier-Chevassus, la majorité a partagé les chiffres des finances du Puy-en-Velay et ses orientations budgétaires. Pour faire simple dans ce dossier très technique, la municipalité informe que ses recettes ont été fortement amoindries à cause de la crise sanitaire et de ses confinements successifs (recettes en berne générées par un stationnement beaucoup moins intense ou encore l’abandon des droits de terrasse des bars et des restaurants).
De l’autre côté, qui dit moins de monde dans les rues dit moins de dépenses d’entretien. « La crise a provoqué des frais supplémentaires comme l’achat de masques, le soutien aux commerces et bien d’autres, mais elle a permis de faire des économies, partage Michel Chapuis. Au final, notre résultat financier est plutôt pas mal ». Il indique ainsi des dépenses de fonctionnement de moins 470 000 euros.
Précision sur la taxe d’habitation
La loi de finances 2018 prévoit sa suppression définitive sur les résidences principales. Pour 80 % des foyers fiscaux, la taxe d’habitation est définitivement supprimée en 2020, après avoir été allégée de 30 % en 2018 puis de 65 % en 2019.
Pour les 20 % des ménages restants, l’allègement sera de 30 % en 2021, puis de 65 % en 2022. En 2023, plus aucun foyer ne paiera de taxe d’habitation sur sa résidence principale.
Pas de hausse d’impôt locaux mais une lecture différente
Pour continuer dans la présentation du beau tableau de la cité mariale, Michel Chapuis souligne que les capacités d’autofinancement du Puy s’améliorent et que le ratio de désendettement diminue. D’après les chiffres dévoilés lors du Conseil municipal, ce ratio était de 8,06 ans en 2016 pour 6,2 ans en 2020.
L’autre volet mis largement en exergue par l’équipe en place est la promesse d’une non augmentation des impôts locaux pour le contribuable. La taxe d’habitation reste fixée à 18,19 %. La taxe foncière est quant à elle figée à 27,28 %. « Attention !, précise Michel Chapuis. Nos administrés vont peut-être avoir du mal à comprendre les chiffres sur leurs feuilles d’impôts locaux. Il faut savoir que le Département qui gérait au préalable la taxe foncière perd cette compétence au profit de la Ville. Donc les gens verront une fiche d’imposition différente des années précédentes ».
"Avec le plan de relance de l’État et les aides de la Région, nous allons continuer d’investir toujours plus ! » Michel Chapuis
Des investissements en masse
Le sujet financier qui a provoqué les joutes et les estocs en mode 2.0 des trois adversaires porte sur les choix d’investissements de la municipalité. Cette dernière prévoit 18,4 millions d’euros d’investissement pour 2021. Cette somme permettra, selon la majorité, de conserver un ratio d’endettement et de désendettement favorable.
« Nous avons aménagé le boulevard Président Bertrand, développé sans cesse le Cœur de Ville, rénové les tribunes du Stade Massot, lancé des projets d’envergures dans le quartier du Val-vert avec l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine) et d’autres choses encore, décrit Michel Chapuis. Avec le plan de relance de l’État et les aides de la Région, nous allons continuer d’investir toujours plus ! ». La place du Martouret est d’ailleurs à l’étude pour une transformation importante sans qu’elle soit encore définie.
Le saviez-vous ?
La capacité de désendettement est un ratio d’analyse financière des collectivités locales qui mesure le rapport entre l’épargne nette et la dette, la première finançant la seconde.
Exprimé en nombre d’années, ce ratio est une mesure de la solvabilité financière des collectivités locales. Il permet de déterminer le nombre d’années (théoriques) nécessaires pour rembourser intégralement le capital de la dette.
« Un ROB est quelque chose de technique où l’humain n’a que peu sa place »
Par écrans interposés, conseil municipal en visioconférence oblige, s’enchaîne alors un combat d’arguments et de vieux dossiers en tout genre. « Que type d’endettement voulez-vous procéder, M. le maire ?, demande Laurent Johanny. Car, vu les incertitudes que nous avons sur la période actuelle, il serait préférable d’orienter autrement certains de vos investissements et se concentrer plutôt sur le fonctionnement et l’humain. Je mets de sérieuses réserves quant à l’avenir que vous programmez pour le Puy et sa population. »
Adjointe à la Ville, Caroline Barre est chargée par Michel Chapuis d’apporter une réponse. « Un ROB (Rapport d’Orientation Budgétaire ) est quelque chose de technique où l’humain n’a que peu sa place. Nous avons l’honneur d’être élu. Je vous rappelle, M. Johanny, que nous n’avons qu’un seul objectif : celui d’améliorer la vie de nos concitoyens. Derrière un ROB qui est indigeste, il y a tout de même des subventions aux associations, l’amélioration aux cadres de vie, l’action pour les cantines scolaires au autres ».
« La ville était quasiment en faillite et mise sous tutelle ! »
« M. Johanny, on est en total désaccord entre l’opposition, c’est à dire vous, et la majorité, livre Michel Chapuis. Vous nous dites que notre endettement est mauvais car il va sur l’investissent à long terme alors que vous, vous privilégiez le fonctionnement. C’est une très mauvaise gestion à mon avis de procéder à des acrobaties budgétaires qui consistent à combler les dépenses de son fonctionnement avec de l’endettement. Ou alors, si on ne fait pas de l’endettement, on fait alors des augmentations des impôts. »
Il porte alors le premier coup : « Et M. Johanny, quand vous étiez à la majorité avant 2008 avec l’ancienne maire du Puy, une majorité qui a privilégié justement le fonctionnement à l’investissement, votre gestion a conduit à une augmentation des impôts de 10 points ! La ville était quasiment en faillite et mise sous tutelle ! »
« C’est de la véritable désinformation que vous faites, M. Chapuis » Catherine Granier-Chevassus
Un regard dans le rétroviseur pour accuser les différents mandats successifs
« C’est faux ! rétablit Catherine Granier-Chevassus. La ville n’a pas été mise sous tutelle. Ce n’est pas vrai ». Ce à quoi, Michel Chapuis nuance : « Oui, mais c’était à la limite. C’est vrai, elle n’a pas été mise sous tutelle car c’était la fin du mandat. La réalité est que la ville était en faillite. L’augmentation des impôts appliquée avant 2008 nous suit à présent comme une véritable casserole qui a fait que les impôt locaux au Puy étaient très chers. »
Ce à quoi, son interlocutrice assène le fouetté suivant : « Si vous voulez entrer dans l’histoire du Puy et de ses archives, alors, on peut remonter avant 2001 où, la municipalité précédente avait contribué à une situation financière catastrophique, source de tous les problèmes budgétaires. C’est de la véritable désinformation que vous faites, M. Chapuis ».
Triple estafilade...
En offensive, le maire du Puy-en-Velay propose alors un triple coup percutant. « La réalité, Mme Granier Chevassus, est que lorsque nous avons repris la ville en faillite en 2008, 12 ans plus tard, elle ne l’est plus. On n’a pas augmenté les impôts et on continue à avoir des investissements sans précédent. D’autre part, on a une ville dynamique qui gagne des habitants ».
Michel Chapuis ajoute : « J’en profite aussi pour dire que, malgré le fait que des transferts de responsabilités ont été opérés de la Ville à la Communauté d’agglomération, des transferts que vous analysez comme étant des boulets en moins pour les finances du Puy, la municipalité n’a pas transféré les charges respectives. Nous continuons donc à payer les charges de fonctionnement du musée ou du théâtre et ceci ad vitam æternam ».
« C’est comme le bon et le mauvais cholestérol. Nous, on propose du bon cholestérol et vous le mauvais ». Michel Chapuis
...mais de belles contre-attaques
Armé d’une lame finement aiguisée, Laurent Johanny revient quelques minutes après dans la bataille dialectique. « Quand Arlette Arnaud-Landeau arrive en 2001, ce sont 32 millions d’euros d’endettement qu’elle doit arriver à résorber avec des investissements qui dépassent largement les capacités de la Ville. De 2001 à 2008, l’endettement est alors passé de 32 millions à 26 millions d’euros. »
Le combattant inflige ensuite une touche efficace : « Certains services créés pour la population durant le mandat d’Arlette Arnaud-Landeau ont été gardés par votre majorité. Vous ne les avez pas supprimés. Cela démontre bien que ces services rendent un grand service à la population ».
« Je comprends que vous soyez gênés par mes propos concernant votre majorité »
Pour l’ultime passe d’armes entre les deux escrimeurs dans l’arène des finances, la voici : « Je suis désolé de vous dire ça M. le Maire, mais il faudra que vous cherchiez correctement dans vos documents, lance Laurent Johanny. Car, si il y a eu effectivement une augmentation des impôts entre 2001 et 2008, votre majorité a aussi effectué une forte augmentation des impôts dès 2008, une augmentation qui n’a d’ailleurs pas été rattrapée. »
Un coup que Michel Chapuis préfère contourner de cette façon : « Je comprends que vous soyez gênés par mes propos concernant votre majorité qui a creusé la tombe de la Ville. Je comprends que vous soyez tous les deux gênés et on va donc en rester là. »
Avant de ranger les armes, il tient tout de même à piquer une dernière fois : « C’est comme le bon et le mauvais cholestérol, mord-t-il. Nous, on propose du bon cholestérol et vous le mauvais ».
Vos commentaires
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3 commentaires
Quelle ambiance !!!!!
Il est vrai que si on considère qu'il y a a 19115 habitants au Puy en Velay
Que Mr Chapuis est élu avec 2693 voix.
Pas de quoi fanfaronner.
Pour avoir suivi le conseil en visio, j'ai trouvé cela pitoyable. Un maire agressif envers toute l'opposition (ce qui signifie qu'il n'est pas à l'aise), des débordements verbaux dignes d'une cour de récréation (sur le tutoiement et le respect : on peut respecter en tutoyant), et le fait de couper le micro.... mais où est donc la démocratie, le respect dont parle le Maire qui a traité ZOOM de Médiapart Local...... Quel irrespect ..... se parler, écouter les autres et essayer de comprendre est un signe d'intelligence et nous en étions si loin.... CQFD.
les impôts fonciers exorbitant du Puy font fuir de nombreux investisseurs maintenant dire que les finances du Puy se porte bien avec des investissements inutile juste pour du paraitre et conquérir des voies ...les chiffres on peut leur faire dire ce que l' on veut et en dissimulé. J' espère qu' il reste de l' argent a la mairie car j' ai fait faire une contre expertise pour mon dossier de la vaysse et l' expert me donne raison, mon avocat transmet au tribunal administratif avec une note d' environ 100 000€ plus le cout de la réparation de la canalisation de la source... à suivre