Travaux sur l'A75 entre Coudes et Issoire, suite et fin ?
Est-il facile de faire construire à Issoire ?
Entre nouvelles réglementations, la rareté des terrains à construire et la hausse des taux, l'accès à la propriété s'annonce plus complexe, cette année que les autres. Une problématique nationale qui a des spécificités dans le Puy-de-Dôme.
"Nous sommes clairement dans un tournant du marché", annonce Christian Dosmas, président de la FNAIM Auvergne, le syndicat des professionnels de l'immobilier. Le nombre de transactions globales commence à baisser de manière explicite, avec une baisse de 5% au niveau départemental sur l'ensemble des transactions immobilières.
"Il y a encore moyen de se débrouiller dans l'ancien, mais le marché du neuf est vraiment compliqué. Par exemple, sur Clermont-Ferrand, on est à 2 400 euros l'ancien, le neuf est lui à 4 500 le mètre carré environ", explique Christian Dosmas.
Pour lutter contre la hausse des prix dans la capitale régionale, de nombreux propriétaires décident de s'exiler un petit peu et visent les sous-préfectures comme Issoire. "Nous avons beaucoup de Clermontois qui viennent construire autour d'Issoire", précise Jean-Christophe Pagesse, constructeur de maisons, avec son entreprise Maisons ABC. "Mais pas seulement, il y a également des gens qui viennent de loin, qui ont découvert l'endroit en vacance ou qui ont de la famille pas loin. Ce n'est pas la Côte d'Azur, mais on a un beau cadre de vie, un bon rapport prix/qualité de vie aussi, donc on a une belle côte", précise-t-il.
Mais le professionnel avoue aussi moins construire qu'auparavant. La faute a plusieurs facteurs, le plus international étant la hausse des prix de matériaux qui affectent beaucoup de secteurs de l'économie.
De moins en moins de terrains disponibles
D'autres causes plus spécifiques au monde de l'immobilier impactent également le secteur du neuf. "Dans la conception des maisons, voire des appartements, notre style de vie a changé. On ne construit plus un logement sans balcon, sans extérieur aujourd'hui. Il y a quelques années, il y avait des maisons sans baies vitrées, aujourd'hui cela n'existe pas. Cela coûte plus cher", précise Christian Dosmas.
Une envie d'un coin de verdure, qui se combine difficilement avec le manque de place disponible et la mise en place prochaine de la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette) qui vise à "renaturées" des surfaces, et empêche dans les faits les communes de s'étendre davantage. "Une loi anti-économique", pour Christian Dosmas. "Maintenant les seuls emplacements, ce sont les dents creuses à boucher, les bâtiments professionnels, les infrastructures sportives, les commerces, les habitations, chacun est sur le même terrain de jeu, forcément les prix montent", précise le président de la FNAIM.
Jean-Christophe Pagesse est sur la même longueur d'onde : "On va un peu trop loin, on sait qu'on fera plus des terrains de 8 000 m² aujourd'hui. Pour l'artificialisation des sols en France, c'est 9%, les autres pays d'Europe sont presque tous au-dessus de 20% donc on en fait beaucoup trop autour de ça. Il faut être vigilant, certes, mais pas dogmatique."
"Il y a très peu de terrain sur Issoire"
"Pour l'environnement, c'est également mieux de construire des logements neufs"
"On a souvent des demandes de gens qui veulent acquérir pour construire, mais sur Issoire il y a très peu de terrains", détaille Amandine Peroche-Gervais, responsable des ventes chez Abry Immobilier. "Dans le Puy-de-Dôme, on a une chute de 16 % de permis autorisé sur un an, et -28 % sur les trois derniers mois", indique Jean-Christophe Pagesse.
Moins de terrains donc, mais une hausse des prêts bancaires, celle de la taxe foncière, et l'augmentation des prix de la construction, avec les nouvelles réglementations de normes énergétiques rajoutent d'autres difficultés sur le marché de la propriété. "Les primo-accédants sont complétement exclus du système actuel. Si vous n'avez pas d'apport significatif, c'est très difficile", accorde Christian Dosmas.
Jean-Christophe Pagesse, lui, veut une intervention de l'État sur le sujet. "L'État doit garantir que les habitants soient logés dans des logements dignes. Cela fait partie de ses devoirs ! Pour l'environnement, c'est également mieux de construire des logements neufs, qui consomment moins. Même financièrement, plus on construit plus ils toucheront des recettes fiscales. Il faut un Pinel pour les particuliers, et le prêt à taux 0 sur 40%, comme après la crise de 2008".
"La classe moyenne, celle qui travaille, qui ne peut plus se loger convenablement à l'avenir"
Le chef d'entreprise redoute "une vraie crise sociale, s'il manque trop de logements". Rappelons que la fondation Abbé Pierre a estimé le nombre de mal-logés en France à près de quatre millions. "Et on va parler de la classe moyenne, celle qui travaille, qui ne peut plus se loger convenablement à l'avenir", précise le constructeur.
"Les constructeurs ont de réelles difficultés, ils doivent jouer avec des réglementations qui évoluent constamment, et tout augmente. Nous, on arrive à se rabattre sur de l'ancien ou d'autres secteurs, mais pour eux...", valide Amandine Peroche-Gervais. "Nous sommes un peu moins touchés qu'au niveau national, parce que le marché puydômois est celui d'un père de famille. Quand cela chute ailleurs, cela prend du temps pour baisser chez nous. Mais il faut aujourd'hui un apport important, c'est certain, bien plus qu'avant", conclut Christian Dosmas.
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