Désertification médicale : les médecins de La Chaise-Dieu sonnent l’alerte

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:39

Depuis quelques semaines, les patients de la maison médicale de La Chaise-Dieu ont vu apparaître une affiche dans la salle d’attente, précisant qu’à la suite de la surcharge de travail entrainée par le départ en retraite de deux médecins, un à Allègre (fin mars 2016) et l’autre à Paulhaguet (fin juin 2016), les rendez-vous pour le jour même devront être pris avant 10 heures, à l’exception des urgences médicales.

Les médecins qui partent à la retraite commencent à diriger certains de leurs patients sur les cabinets de La Chaise-Dieu en fonction de leur proximité avec celle-ci, alors que la charge de travail des généralistes est déjà importante. Jusqu’au début des années 2000, La Chaise-Dieu comptait trois médecins, ils ne sont plus que deux aujourd’hui.
Un problème de délimitation administrative
Pour l’ARS (Agence régionale de santé), le classement en « zone fragile », c'est-à-dire susceptible d’ouvrir le droit aux aides forfaitaires à l’installation, se fait en fonction du ratio population/nombre de médecins.
Ainsi, si le secteur d’Allègre bénéficie de cette classification, ce n’est pas le cas pour La Chaise-Dieu, qui subit pourtant le report des zones défavorisées, créant ainsi une situation d’urgence qui n’est pas reconnue par l’administration et qui contraint les professionnels à demander à leurs patients de faire preuve d’anticipation, pour leur permettre d'assurer la continuité des soins.
Une crise aux causes multiples
Selon le Dr Bard, un des initiateurs de la maison médicale de La Chaise-Dieu, le déficit des médecins en zone rurale a plusieurs origines : « les nouvelles générations de médecins s’installent plus tardivement, préférant faire des remplacements en début de carrière, l’installation en zone rurale, outre la question de l’attractivité, demande des atouts financiers hors de leur portée, même si certaines communes font des efforts dans ce sens, et pose souvent le problème de l’activité du conjoint. De plus, l’instauration des 35 heures a entrainé la multiplication des postes d’urgentistes en milieu hospitalier. Sur les 60 médecins de ma promotion, 30 ont choisi la filière généraliste et seulement dix se sont installés en libéral ».
A cela, il faut rajouter la perspective pour les rares volontaires de se retrouver face à une charge de travail difficile à gérer, comme par exemple à Allègre, où le deuxième médecin est à cinq ans de la retraite, ce qui laisse à celui qui voudrait remplacer le départ du premier la perspective de se retrouver seul à gérer une population de près d’un millier d’habitants.
Un risque de conséquences humaines inattendues
« Cette surcharge de travail risque d’entraîner des situations de saturation physique et psychiques chez ceux qui vont se retrouver avec un nombre de patients trop important pour une seule personne, le déséquilibre entre la vie professionnelle et privée n’est pas gérable à long terme », déclare le Dr Bard, mettant ainsi l’accent sur le risque de voir se dégrader un peu plus l’image de la médecine en milieu rural.
La nécessité d’une prise de conscience rapide des pouvoirs publics
Conscient du risque de dégradation de l’offre médicale sur le secteur, le Dr Bard a alerté les élus et les pouvoirs publics pour regarder au-delà des chiffres et accepter de revoir les choses en fonction de l’urgence.

N.S.

> Lire notre article précédent :
La Haute-Loire septième désert médical français Date : 22/06/2015

Vous aimerez aussi

Vos commentaires

Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire