Des piquets réflecteurs pour réduire les accidents de la route avec la faune

Par AP , Mise à jour le 16/06/2021 à 17:00

Mis en place depuis le 10 juin à titre expérimental sur un tronçon de Sainte-Sigolène sur la D500, une centaine de piquets réflecteurs sont disposés afin de réduire les collisions routières avec la faune sauvage.

Sur un kilomètre du tronçon de Sainte-Sigolène sur la D500, entre Saint-Pal de Mons et la Séauve sur Semène, ce sont pas moins de 138 piquets réflecteurs qui ont été disposés en quinconce. Une expérimentation, en somme, qui s'inscrit dans un but précis : réduire les accidents de la route avec la faune sauvage.

200 collisions annuelles enregistrées

Pour Louis Garnier, président de la fédération de chasse de Haute-Loire, "ce dispositif de piquet vise à renforcer la sécurité des utilisateurs de la route vis-à-vis du gibier."

"Parce que le gibier n'a pas de limites, il peut traverser n'importe où et n'importe quand." Louis Garnier

Les cadavres d'animaux sur la route, qu'en fait-on ?

« Tout dépend du type d’animal, soulignait un technicien de la Fédération des chasseurs 43. Car, contrairement aux idées reçues, si vous percutez un chevreuil, un sanglier ou un cerf (grands ongulés sauvages), vous avez le droit de l’emmener chez vous pour votre propre consommation mais à condition d’avertir l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune Sauvage) ou les gendarmes, et de leur préciser le lieu de la collision. »

Pour les autres animaux sauvages et domestiques, c'est différent : « N’importe quelle carcasse retrouvée sur une route doit être gérée par la commune du secteur concerné, expliquait Florent Borie, responsable de la communication au Département de la Haute-Loire.

 

Ces craintes sont-elles fondées ? Chaque saison, la Fédération départementale des chasseurs de la Haute-Loire se charge d'enquêter sur la mortalité des grands ongulés sauvages, soit les chevreuils, cerfs et sangliers.

D'après le résultat de leurs études, ce sont en moyenne 200 collisions qui sont enregistrées annuellement sur l'ensemble du département.

Des chiffres qui ne sont pourtant pas exhaustifs, comme le précise le président de la Fédération départementale : "En Haute-Loire, on répertorie environ 200 accidents par an à cause du gibier. Mais ce sont 200 répertoriés. Après, tout ce qui se passe à côté, on ne peut pas savoir."

 

 

 

Louis Garnier, président de la fédération de chasse de Haute-Loire Photo par Axel POULAIN

Le piquet réflecteur : rôle et fonctionnement

Pour remédier à ce nombre non-négligeable d'accidents annuels, nombre qui aurait tendance à grimper si l'on compte les accidents non répertoriés, le dispositif de piquets réflecteurs a alors été mis en place. Fonctionnant la nuit, il va "créer des flashs qui vont affoler le gibier et l'empêcher de traverser la route lorsqu'une voiture arrive. Ce sont les phares d'une voiture qui vont créer ça, car le piquet n'a pas de lumière, il est inerte.", précise Louis Garnier.

Concrètement, ce piquet réflecteur se compose de la manière suivante :

  • un piquet en acier de 10mm d'épaisseur, recouvert d'une gaine verte de protection
  • en haut du piquet : le réflecteur, soit une plaque qualitative d'inox enroulée autour d'un gabarit en bois imputrescible de 35 mm d'épaisseur
  • en bas du piquet : un croisement à 20 cm pour faciliter la pose

Le principe de ces piquets surmontés d'une tête réfléchissante est de refléter, la nuit, la lumière des phares des véhicules. Cette lumière est alors émise sous forme de flash, permettant ainsi d'éblouir les animaux et les décourager à l'idée de traverser la route quand il y a trafic.

"Il n'y a aucun risque pour l'automobiliste, car ce ne sont pas des flashs importants. Le phare se réfléchit directement sur le cylindre, dont la forme va déclencher un flash et le disperser." Louis Garnier

D'un montant d'environ 15€ à l'unité, ces piquets multipliés par 138, soit le nombre de piquets disposés pour ce test chiffrent "un montant loin d'être extraordinaire", comme l'indique Louis Garnier.

Avant de poursuivre : "138 piquets ont donc été installés sur ce site, sur une distance d'un kilomètre. Ils sont disposés en quinconces, de part et d'autre de la route, tous les 10-12 mètres. La zone est bien quadrillée, parce qu'il faut une certaine densité de piquets. Si l'on en met un tous les 100 mètres, ce sera beaucoup plus compliqué d'avoir des résultats".

Le piquet réflecteur est un moyen pacifique de détourner la faune de la circulation. Photo par Axel POULAIN

Développer sur le territoire si les résultats sont concluants

Si le dispositif a déjà été testé dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, et plus particulièrement dans l'Ain, "avec des résultats tout à fait significatifs", comme l'assure le président, l'idée reste pour le moment d'expérimenter les piquets dans plusieurs zones dites sensibles du territoire. "Ici, nous sommes entre Sainte-Sigolene et la Seauve sur Semene. La même chose sera effectuée sur les communes de Blesle et Grenier-Montgon sur une portion d'un km de la D900, là aussi avec une étude des impacts et des résultats que l'on peut en tirer. Si c'est favorable, ce que j'espère grandement, nous essaierons de voir pour l'appliquer dans les zones sensibles que nous répertorions.", développe-t-il.

En 2019, avec le soutien d'un stagiaire, la Fédération des chasseurs de Haute-Loire avait réalisé une analyse des données sur les collisions de ces dernières années dans l'optique de localiser les tronçons routiers les plus impactés. Huit communes en sont ressorties, sur le critère suivant : plus de 20 collisions sur cinq ans.

Axel Poulain

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