Covid :'''Oui, nous traversons une 2e vague mais il y a beaucoup moins d’hospitalisations'''

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:08

Beaucoup de sujets ont été abordés ce jeudi 17 septembre entre les murs du Centre hospitalier Emile-Roux du Puy-en-Velay afin d’éclaircir les zones d’ombres que la Covid-19 distille un peu partout. Le directeur de l’établissement, Jean-Marie Bolliet, aux côtés du biologiste Bertrand Maubert, et du docteur et président de la CME (commission médicale d'établissement ) Marc Bouiller, a partagé des informations sur plusieurs thèmes tournant autour de la maladie.

« Aujourd’hui, il y a 16 personnes hospitalisées à cause de la Covid dans les centres de soins du département »
En premier lieu, afin de mettre un terme aux salves de chiffres qui indiquent le nombre de gens hospitalisés ou en réanimation dans le département, Jean-Marie Bolliet a clairement mentionné les données de Santé Publique France (SPF) comme étant les éléments les plus fiables et actualisés. « Aujourd’hui, il y a 16 personnes hospitalisées à cause du Covid dans les centres de soins du département, déclare-t-il. Concernant notre hôpital, quatre sont installées en service médecine et une est en réanimation. Une personne est décédée mercredi 16 septembre à l’âge de 89 ans. »

Il explique que SPF ne partage néanmoins pas le nombre de cas à domicile car les données se révèlent difficiles à comptabiliser de façon précise. « Nous déclarons nos cas de Covid sur un logiciel que SPF vient consulter à chaque instant, confie-t-il. Notre logiciel est mis à jour à 14 heures quotidiennement. Cela veut dire que si on intègre de nouveaux patients après cette heure-là, ils n’apparaissent pas sur notre site. Mais SPF peut venir chercher nos données quand il le veut en temps réel. »

Des patients beaucoup plus jeunes que durant la première vague
Le directeur de l’hôpital admet un nouveau sursaut de contagion. « Oui, nous traversons une 2ème vague mais il y a beaucoup moins d’hospitalisations, nuance-t-il. Lors de la première vague, il y avait une très forte corrélation entre le nombre de personnes infectées par la Covid et le nombre de personnes hospitalisées. Durant cette 2ème vague actuelle, il n’y a pas la même dynamique avec beaucoup moins de patients hospitalisés. De là à dire que le virus est moins dangereux qu’avant, je ne me risquerais pas à dire ça ! » D’après Jean-Marie Bolliet, ce sont essentiellement des jeunes qui sont touchés aujourd’hui, c’est-à-dire des adolescents et adultes jusqu’à 25 ans, mais avec peu de formes graves.

----Point sur les clusters :
Trois foyers de contaminations sont actuellement suivis dans le département.
- Celui de l'Ehpad du Monastier/Gazeille 
- À Saint-Didier-en-Velay
- Et un à Aurec/Loire qui est en passe d'être totalement terminé
Sur les 16 patients hospitalisés dans les centres de soins de Haute-Loire, 11 proviennent du SSR (Soins de suite et de Réadaptation) du Monastier-sur-Gazeille.-----De plus en plus de tests au fil des jours
L’autre sujet central de cet entretien a été l’évocation de la saturation des demandes de tests et du délai des résultats. « C’est vrai qu’il y a eu des problèmes récemment notamment avec un laboratoire (Gen-Bio) qui, suite à des problèmes techniques, délivrait les résultats longtemps après le test, reconnaît Jean-Marie Bolliet. Depuis, nous avons monté notre propre labo à l’hôpital en investissant 200 000 euros pour les machines. »
Bertrand Maubert décrit ce qui explique le laps de temps. « En général, chez nous, nous faisons un diagnostic en 24/48 heures maximum. Chaque prélèvement demande 3 à 4 minutes de temps techniques. Au total, il va s’écouler six heures pour toute l’expérience. Nous les faisons par lots de 40, assurés par deux techniciens qui se relaient, plus un troisième qui fait la jonction. »

D’après Jean-Marie Bolliet, l’hôpital a effectué 26 prélèvements par jour le 17 août. « Aujourd’hui, nous en faisons presque 150, ce qui est très important ! » L’hôpital s’est engagé à prendre en charge les tests en urgence des labos de la ville du Puy afin de les soulager du mieux possible. Sur 150 tests, entre 3 et 5 patients sont révélés positifs, selon le biologiste Bertrand Maubert.


(De gauche à droite, le directeur Jean-Marie Bolliet, le docteur Marc Bouiller, et le biologiste Bertrand Maubert)

« Qu’ils mettent leur masque, qu’ils se lavent les mains et point barre ! »
« Nous avons une demande de tests de plus en plus forte !
, s’exclame Bertrand Maubert. On a dû installer une ligne téléphonique spécifique pour les personnes qui appellent pour les prélèvements et une ligne spécifique pour les médecins traitants. Alors oui, on ne répond pas à tout le monde. Passer au-dessus de 200 tests serait la limite ».

Si bien que les règles ont changé quant aux priorisations des demandes de tests. « Avant, n’importe qui pouvait venir librement dans un laboratoire pour se faire tester, souligne Jean-Marie Bolliet. Maintenant, il va falloir une prescription du médecin traitant. » Marc Bouiller rebondit : « Dans un monde idéal, tout le monde pourrait se faire tester. Et d’ailleurs certains viennent encore même 3 ou 4 fois pour être sûr. Mais si on était tous responsables de nos actes, ce serait beaucoup plus gérable. Si, par exemple, un enfant est avéré positif, alors les autres personnes qui l’ont côtoyé sont des cas contacts, probablement positifs. Ça apporterait quoi à nous et à la société qu’ils soient eux-mêmes testés. La seule chose à faire est qu’ils mettent leur masque, qu’ils se lavent les mains et point barre ! Car c’est ça qui nous remplit les laboratoires pour rien ».

----Définition de cas contact :
Selon Jean-Marie Bolliet : « C'est une personne qui est restée plus de 15 min à moins d’un mètre d’une autre personne sans masque ». Un cas contact officiel est signifié par un courrier de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie (CPAM).
Contrairement aux personnels soigants, toute personne testée postive à la Covid se doit d'être isolée durant sept jours.-----Efficacité du masque à 90 % si les deux interlocuteurs le portent
Le port du masque est martelé par les professionnels de santé. « Le masque est extrêmement efficace !, insiste Marc Bouiller. En mars et avril, tout le monde pensait que nous serions tous contaminés. Finalement, cela n’a pas été du tout le cas. Ceci grâce au port du masque. On a fait beaucoup de sérologie pour le personnel soignant pour savoir qui était porteur de la Covid. Seul 2 % des agents étaient positifs. Il faut savoir que les patients à l’hôpital possèdent des charges contagieuses très importantes. La transmission du virus est donc efficacement stoppée grâce aux mesures barrières strictes et très simples mises en place à l’hôpital. »
D’après Jean-Marie Bolliet, le masque diminue le risque de transmission de 40 % si un seul interlocuteur le porte et de 90 % si les deux personnes en face en sont équipées.

« Ceux asymptomatiques devront venir donner la main »
Dernier dossier abordé par la direction de l’hôpital ponot, celui justement des soignants testés positifs asymptomatiques présents sur leur poste de travail. « On a laissé paraître dans la presse une note de service interne transmise par les syndicats, admet Jean-Marie Bolliet. L’idée n’est pas de faire en sorte que les soignants atteints par la maladie aillent bosser. Car c’est vrai qu’ils seraient, malgré l’absence de symptôme, contagieux. Mais si on ne peut plus puiser dans les effectifs des soignants déjà actifs, ceux asymptomatiques devront venir donner la main. Il suffit, pour le coup, que ces agents testés positifs portent un masque, peut-être FFP2, qu’ils se désinfectent les mains régulièrement et le tour est joué ! » Actuellement, cinq soignants sont contaminés à l’hôpital Emile-Roux.

Nicolas Defay

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