Christophe Willem: '''être artiste, c'est se faire la voix d'une partie de la société'''

mar 23/10/2018 - 17:41 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:55

Avant son concert à Vals-près-le-Puy ce vendredi 19 octobre 2018, dans le cadre de sa tournée dans toute la France, Christophe Willem nous a reçus à sa table pour une discussion franche sur la vie en général. De son univers musical à son univers personnel - ou vice-versa ! -, la tortue n’a plus besoin de carapace, et Christophe Willem se confie pleinement pour Zoomdici.fr. À commencer par son voyage au Brésil qui l’a inspiré pour son dernier album « Rio » et lui a donné une autre façon de voir son existence, avec l’urgence de vivre et l’humain au centre de toutes choses. Tant de sagesse avait de quoi nous faire presque oublier que Christophe Willem est un chanteur à voix… et à voies multiples.
A Rio, la notion de l’humain persiste et les Brésiliens vivent indiscutablement l’instant présent. Est-ce ta façon de penser ?
C’est exactement leur façon de penser et la mienne aussi. Même si ça donne, parfois, des situations compliquées, comme en ce moment au Brésil, où les élections sont sous tension. Mais malgré tout, c’est un pays où il y a un sursaut d’humanité, aussi bien dans les quartiers chics comme Copacabana que dans les favelas à Rio. Ce que j’apprécie c’est qu’il y a une espèce d’égalité dans le fait que tout le monde est humain : hommes d’affaires et habitants de favelas sur la même plage, les uns à côté des autres.
Tu es engagé humainement auprès de Latifa Ibn Ziaten, mère d’un militaire assassiné par Mohamed Merah en 2012. Quelles valeurs as-tu voulu transmettre ? En ce qui concerne cette chanson, c’est un jour en voyant un reportage sur Latifa... (Silence) J’ai trouvé que son travail était assez admirable et que sa manière d’agir pour essayer de faire tomber les barrières et d’unir les gens en les sensibilisant sur les dangers de la radicalisation était comme une réponse de fraternité après les attentats. Je trouve intéressant de mettre en avant une femme comme elle qui a réussi à transcender cette peine pour arriver à en faire quelque chose de positif aujourd’hui, montrant ainsi que l’humain est capable de rebondir dans des circonstances inattendues.
Artiste, c’est être un peu porte-parole de la société. Et j’ai l’impression que, dans « Rio », tu en fais comme une synthèse, en prenant la plume…  Oui, merci, j’essaie de communiquer cela ! C’est le propos, en tout cas ; se faire la voix d’une partie de la société, parce qu’on ne peut pas fédérer tout le monde autour de nous. À la fin de chaque concert, je dis : « La vie est belle », et je le dis parce que je le pense à fond. C’est ce que je veux livrer aux gens comme pensée, c’est important. Parce qu’être artiste c’est, un peu, prendre la température de la société. Alors, je lis beaucoup de choses et regarde pas mal de documentaires pour essayer d’avoir une vue globale qui dépasse ma petite personne ! (Rires)
Justement, es-tu soucieux du regard des autres ? Ouh là ! Je l’ai beaucoup été plus jeune en faisant l’objet de railleries de plusieurs personnes, parce que j’étais assez fluet. Ça m’a vraiment affecté. Puis, en gagnant la Nouvelle Star, j’ai dû affronter, une seconde fois, le regard des gens sur la difficulté d’accepter mon corps à travers le prisme de la notoriété qui décuple tout. D’un côté, être connu aide un peu, mais d’un autre, cela empire la situation. J’ai donc démarré, à cette époque, un travail sur moi-même pour ne plus être victime de quiconque. Et puis, on est souvent notre premier bourreau… Il m’a fallu un certain temps pour me comprendre ! Mais je dois avouer qu’aujourd’hui le regard des autres ne me dérange plus du tout.
Et ça se voit, tu es très serein. D’ailleurs, as-tu une idée qui pourrait faire avancer l’humanité vers quelque chose de plus serein ? Ce serait, déjà, de rendre un minimum de dignité à tout le monde. Pour que chacun ait un toit et mange à sa faim, ce qui est quand même le B.A-ba ! C’est pour cette raison que je participe aux Restos du Cœur qui, de plus en plus, font vivre une partie de la population française. C’est hallucinant, surtout que cette association devait s’éteindre au bout de quelques années, et elle est toujours là. Je pense qu’il faudrait que l’économie soit réellement au service de l’humain, et donc taxer les échanges boursiers afin que cet argent serve à donner le minimum vital aux gens dans le besoin.
La musique est capable de transformer l’être humain. Quel message souhaiterais-tu faire passer concernant le pouvoir de la musique et ses aspects guérisseurs ? Je suis complètement d’accord avec toi. Nous possédons tous une vibration interne et la musique nous permet de diffuser cette vibration. Il est arrivé plusieurs fois que des mères d’enfants avec autisme viennent me voir en concert. Notamment un petit garçon qui n’a plus aucun trouble quand il m’entend chanter sur scène ou à la télé. Sa mère m’a dit que ma voix le calmait et je l’ai constaté par moi-même quand j’ai commencé à lui parler. Après un concert où devant les visages de la foule il était très agité ; je lui ai parlé et il a rapidement retrouvé une paix. Je crois vraiment au pouvoir de la musique, comme la musicothérapie par exemple, même si elle n’est pas assez exploitée dans les hôpitaux ou ailleurs, mais ça va venir ! 
R.G.

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