Château de Saint-Vidal, un spectacle mis en bière

D’après le document de presse récemment partagé par la communication du château de Saint-Vidal, « Les visiteurs de la forteresse de Saint-Vidal pourront désormais, à travers les couloirs du temps, découvrir la brasserie d’antan en explorant son Histoire et la fabrication de sa bière locale, cet élixir qui réchauffe les cœurs et les papilles depuis plus de mille ans ».

Il est ajouté également : « Ce spectacle animé permet aux visiteurs qui le souhaitent d’en savoir plus sur les personnages historiques du site, notamment sur Hugues de Saint-Vidal emprisonné durant la guerre de Cent Ans, source de l’inspiration de nos recettes six fois millénaires, et l’histoire des maîtres brasseurs ».

La bière, toute une histoire

Pour information, la Guerre de Cent ans s’est déroulée entre le 14ᵉ et le 15ᵉ siècle de notre ère, et pas il y a 6 000 ans comme indiqué dans le communiqué. Il y a six millénaires, nous étions dans la période du néolithique. À cette époque, si la bière existait déjà, c’était du côté de l’Égypte antique.

D’après les historiens, c’était un breuvage qui n’avait rien à voir avec celle du Moyen Âge et des siècles suivants. Elle s’apparentait plutôt à une sorte de pain liquide, constituée de graines de céréales germées et écrasées.

En Europe, il a fallu attendre l’ère chrétienne pour que la bière apparaisse clairement et soit adoptée notamment par les Gaulois et les Celtes. Elle était alors nommée « cervoise » en l’honneur à la déesse des moissons et des céréales, Cérès.

La bourse ou la bière ?

Pour le personnage Hugues de Saint-Vidal, noble et capitaine du Velay, Vivarais et Valentinois, il fut détenu par les Anglais au château d’Alleuze (1384- 1396). Les héritiers d’Armand, vicomte de Polignac, de Guy, seigneur de Montlaur, de Louis de Janiouse, chevalier, ont alors dû payer une rançon de cent écus d’or pour le délivrer.

Mais alors quel est le rapport entre Hugues de Saint-Vidal et la brasserie d’antan ? Une légende. Durant le séjour en prison du noble Hugues, ses geôliers lui auraient proposé un marché. Soit donner la recette de la bière de Saint-Vidal, soit honorer la rançon de cent écus.

La Mémoire d’un Peuple

Le communiqué de presse indique le maintien des déambulations du spectacle « La Mémoire d’un Peuple », suggérant aux visiteurs de « vivre une expérience unique en passant la nuit au cœur du majestueux hôtel de la Forteresse (entre 230 et 360 euros la nuit, Ndlr) ou tout simplement venir prendre un thé ou manger au restaurant ».

Un parc d’exception, mais pas un « Jardin Remarquable »

En guise de conclusion, le document rappelle que la Forteresse de Saint-Vidal possède un « parc d’exception comprenant trois jardins : italiens, à la française et des jardins d’eau ».

Attention tout de même : contrairement aux panneaux routiers indiquant le site comme labellisé « Jardin Remarquable », label d’exception propriétaire de l’État, il n’en est point un. Et il ne l'a jamais été. 

Sur le sujet, les services de l’État ont assuré prendre au sérieux cette affaire de signalisations mensongères et agir pour rétablir la vérité. Mais ça, c’est peut-être aussi une légende.