Burn out (1/2) : "C'est comme une bombe à retardements."

Par Nathalie Piendel , Mise à jour le 04/01/2024 à 06:00

Portrait croisé de deux femmes, originaires d'Issoire dans le Puy-de-Dôme, qui vivent le burn-out, cette souffrance de l'être souvent incomprise du reste du monde.

Burn-out. Ce terme, qui a pour racine le verbe anglais "burn" qui signifie "brûler", laisse entendre une idée d'extinction de l'énergie de la personne, qui, privée de son feu intérieur, sa joie et sa force de vie, ne peut plus faire face au monde extérieur "Out".

Ce "mal du siècle", est souvent perçu comme une maladie à la mode, un état passager de stress, de déprime. Sophie, psychologue clinicienne à Issoire, nous éclaire sur le sujet : "Le burn-out, c'est un épuisement émotionnel, physique et psychique qui conduit à un grand mal-être et de l'isolement."  

Qui est concerné ? pourquoi ? 

"Cela touche beaucoup, à mon sens, les soignants, et ceux qui travaillent en lien direct avec du public, dans le secteur social, dans l'éducation, entre autres. Ce sont des personnes très empathiques, très consciencieuses, qui s'investissent beaucoup pour les autres et qui n'ont pas la reconnaissance qu'ils attendent." 

"Je me rends compte que les gens ne comprennent pas du tout ce qu'il m'arrive. Ils me disent ça va passer, motives-toi, tu sais, on est tous fatigués. La fatigue... c'est tellement loin de ce que je vis." Sarah, nous l'appellerons, afin de préserver son anonymat, travaille depuis des années dans l'éducation nationale, et son métier avec les enfants, elle l'aime plus que tout. Mais un matin, pour elle, impossible de se lever. "Mes jambes ne me soutenaient plus, j'avais du mal à respirer, de l'angoisse, une profonde tristesse. C'est une détresse physique et mentale indescriptible."  

"Au début c'est la claque, on se coupe du monde"

Très investie dans son travail, elle n'a pas voulu lâcher l'affaire, jusqu'à ce que son corps abandonne la partie, il y a quelques mois. "En fait, je crois que ça fait deux ans que je suis dans le rouge. C'est monté crescendo, comme une bombe à retardements. Les insomnies étaient déjà présentes mais se sont accentuées, les malaises au boulot, les pertes de mémoire, les difficultés de concentration et d'élocution... avec du recul je vois tout ça, mais sur le moment je n'acceptais pas de flancher." 

La jeune femme a vécu ce burn-out comme un deuil. Celui d'un métier passion, auprès d'enfants à la sensibilité différente, parfois en décalage avec le cadre scolaire proposé, et présentant des troubles de l'apprentissage, mais pour lequel elle donnait sans compter, son temps, son énergie, et tout son coeur.

A cet engagement s'est ajouté des difficultés financières, et donc une nécessité pour elle de "joindre les deux bouts" en cumulant les activités. Mais sans pour autant atteindre une totale sécurité financière et un confort de vie permettant de décompresser. 

"J'ai une force de vie incroyable, c'est ce qui m'a sauvé."

Pas de bouton off chez cette dynamique trentenaire, toujours hyper-active et souriante, prête à aider, mais à quel prix ?
"Au début c'est la claque, on se coupe du monde. Puis vient le moment où on a besoin de verbaliser tout ça. J'avais besoin d'aide. J'ai peu d'entourage familial alors j'ai compté sur mes amis. Et puis j'ai une force de vie incroyable depuis toute petite, c'est ce qui m'a sauvé. Je n'ai jamais eu d'idées suicidaires. Je me suis juste demandé une fois si cela changerait quelque chose pour ma famille que je sois là ou non."

Aujourd'hui la jeune femme a mis en place une nouvelle routine et hygiène de vie. "Je me fais plaisir, je prends le temps de choisir mes fruits et légumes. A un moment donné, je n'arrivais même plus à aller faire des courses, je restais dans ma voiture sur le parking, comme paralysée." 
Autre initiative qui l'aide beaucoup à se reconnecter à son corps et s'ancrer, le sport. "Ce qui m'aide le plus c'est d'aller à Elancia (sa salle de sport). C'est comme une famille, il y a tellement de bienveillance, de soutien... et le sport ça me permet de me recentrer". 

Malgré tout, elle se sait encore fragile. "Quand on voit que ça va mieux on en fait trop, et c'est là l'erreur, c'est là qu'on rechute. Mais j'avoue que les enfants me manquent... "

Les balades en nature sont également une religion pour elle, depuis toujours, et encore plus maintenant pour se ressourcer, retrouver un calme intérieur, une bouffée d'air. Et cette religion, Faustine en est adepte également. Son témoignage est à découvrir demain mardi. 

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