Brives-Charensac : la zone derrière la digue pourrait redevenir inondable

, Mise à jour le 26/11/2020 à 17:49

La commune de Brives-Charensac est soumise au Plan de Prévention du Risque Innondation (PPRI) du fleuve Loire. C'est donc sur ce document que la commune a basé son développement lors des 15 dernières années mais par arrêté préfectoral en date du 27 janvier 2010, les cartographies du futur PPRI ont récemment été présentées aux élus des communes traversées par la Loire.
Ce mardi soir, une première réunion d'information, à l'initiative de la municipalité, a réuni une petite centaines de riverains à la Maison Pour Tous de Brives-Charensac. Ces nouvelles cartes sont provisoires, elles ne devraient être définitives qu'après une nouvelle présentation à la population (ou peut-être une enquête publique), et la procédure ne devrait être terminée qu'en décembre 2014.

----Du principe de précaution au tour de verrou
"A la suite des inondations liées à la tempête Xynthia, plus qu'un principe de précaution, c'est un tour de clef, voire même un tour de verrou qui a été donné par les services de l'Etat et c'est à nous d'en supporter les conséquences... Les deux tiers de Brives sont désormais sous blocage administratif", relate le maire de Brives.-----Une zone inondable doublée avec les nouvelles cartes
Les digues sont considérées transparentes par l'Etat depuis la tempête Xynthia de 2010, car si elles limitent le risque, elles ne l'annihilent pas. Avec la nouvelle carte, environ 30 % de la commune passerait en zone inondable alors qu'aujourd'hui, cette zone inondable occupe environ 15 % de Brives-Charensac. On estime qu'il y a environ 3 000 habitants derrière la digue.
"Il y aura une zone rouge de minimum 50 mètres, mais ce sera peut être 100 ou 150 mètres dans le pire des cas, ce qui signifie que ça va jusqu'à l'église et la Maison Pour Tous", explique Jean-Claude Ferret, le maire de Brives-Charensac, "sans oublier que derrière cette zone rouge, il y aura aussi une zone de risques moyens".

Des surcoûts pour les particuliers et pour la municipalité
Ces nouvelles cartographies ne rendraient donc plus constructibles des terrains qui appartiennent à la zone rouge. Pour autant, pas question de raser tous les bâtiments existants qui y figurent mais la valeur du foncier pourrait s'en retrouver fortement impacté, sans parler d'un potentiel surcoût de la part des assurances.
Pour la municipalité aussi, ces nouvelles cartes d'aléa représenteraient de nouvelles charges car c'est à la mairie de s'occuper de l'évacuation en cas de crue : elle doit donc développer de nouveaux équipements de prévention et recruter à la fois des pompiers et des policiers supplémentaires pour faire respecter les consignes de sécurité. "Pour la commune, ce sont de nouvelles charges très importantes", estime le premier magistrat.

L'intégralité du Plan Local d'Urbanisme à revoir
Outre l'augmentation des charges pour la commune, ces nouvelles cartographies perturbent également son fonctionnement. Par exemple, ces nouvelles cartographies modifient-elles le Plan Local d'Urbanisme ? Ecouter la réponse de Jean-Claude Ferret, qui souligne la perte de 30 à 40 000 € pour la commune qui avait déjà réalisé les études. {{audio2}}

Le maire de Brives-Charensac déplore également : "ce qui est malheureux, c'est que ces nouvelles cartes sont déjà imposables car au niveau PLU et permis, on ne peut plus rien faire, on est complètement bloqués car c'est l'ancien poste qui s'applique avec des restrictions et on nous impose des hauteurs de bâtiments catastrophiques. A certains endroits, c'est 1,20 mètre au-dessus du niveau pour pouvoir construire sur le peu de foncier qui nous reste".

Informer... et mobiliser
Cette réunion avait donc pour premier but d'informer, mais également en seconde lame de mobiliser les citoyens pour qu'ils puissent s'organiser afin de mener des actions et se faire entendre. "Oui, je pense que c'est le seul moyen d'avoir des amendements possibles par rapport aux cartes", confirme Jean-Claude Ferret avant de faire part d'une ultime doléance : à propos du petit ruisseau baptisé le Riou Foirou : "on a rien trouvé de mieux que de déclarer à cet endroit une grande zone inconstructible alors qu'on avait des projets de lotissements ou autre. C'est donc toute une poche, qui va jusqu'au stade, qui devient inconstructible et les propriétaires sont très remontés".
Quels sont les recours dont vous disposez pour modifier ces cartographies ? On se dirige vers un bras de fer avec l'administration ? Ecouter sa réponse. {{audio1}}

----Rappelons que c'est l'Etat qui a entièrement pris en charge les travaux de la digue, acquis des terrains et réalisé le creusement dans la traversée de Brives. C'est également l'Etat qui est propriétaire du fleuve et des berges.-----Des documents mis à jour il y a plus de quinze ans
Lors de la réunionde mardi soir, les services de l'Etat étaient représentés par Bruno Locqueville, directeur départemental des territoires. Parfois pris à partie par la population brivoise, il a justifié ces nouvelles cartographies : "la mise à jour du document datait de 1998, il est donc normal de procéder à la révision globale du document, non pas uniquement pour la commune de Brives-Charensac mais sur l'ensemble du bassin du Puy-en-Velay puisque pour les autres communes, la mise à jour datait de 1989 et que le document concerne aussi les affluents de la Loire, comme la Borne ou le Dolaizon. Les plans de prévention du risque inondation, en règle générale, sont révisés tous les cinq à dix ans donc il était temps de les réviser de toute façon".

"Une digue n'a pas vocation à permettre et encourager l'extension de l'urbanisation"
Pourquoi ces digues sont-elles devenues transparentes ? C'est la question que nous avons posé à Bruno Locqueville. "La digue existe", répond-il, "mais les instructions ministérielles que l'on suit pour l'élaboration de ce type de document ont évolué en fonction des divers événements qui ont pu se produire depuis le début des années 1980. On a pris conscience progressivement que les digues étaient des ouvrages qui certes protégeaient les populations mais qui pouvaient aussi avoir des faiblesses : il y a des digues qui ont rompues, sans parler de la tempête Xynthia. Aujourd'hui, on considère qu'une digue, même si elle protège la population, n'a pas vocation à permettre et encourager l'extension de l'urbanisation en aval des digues, car le risque existe toujours".
Autrement dit, même si la digue avait été plus haute, si l'ouvrage avait été plus conséquent, le principe de transparence aurait été le même ? Ecouter sa réponse. {{audio3}}

Maxime Pitavy

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