Auzat l'Auvergnat : et maintenant la sortie nationale

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:51

Mercredi 8 mars 2018, lors de la soirée organisée par Cinémagie en partenariat avec le Cinéma et Plein Champs à la Capitelle à Monistrol-sur-Loire, autour du film « Auzat l'Auvergnat » d’Arnaud Fournier Montgieux, Zoomdici a posé quelques questions au réalisateur.

DE QUEL SUJET TRAITE VOTRE DOCUMENTAIRE ?
« Auzat l’Auvergnat est une immersion dans un village que mon grand-père a filmé il y a 50 ans et que je redécouvre aujourd’hui à travers les forces vives de ce village. Ce que je voulais à travers ce projet, c’est avoir une sorte de reconnexion à ce village, à la terre et à la ruralité et aussi plus largement de parler de la société, de ses évolutions ». 

QUE VOUS A APPORTÉ CETTE IMMERSION DANS CE VILLAGE ?
« Ce que je trouvais intéressant, à travers ce film, c’est de découvrir, ce qu’était un village et le monde rural aujourd’hui. C’était très riche pour moi de redécouvrir Auzat, j’y ai perçu un goût pour la nature très prononcé, qui fait partie de nos racines, avec également un aspect régional lié à un patrimoine, ses châteaux, son environnement, ses animaux. 
Cette immersion, elle passait aussi par les repas que je partageais avec eux. C’était des moments d’échanges qui me permettaient de nourrir la suite de mon projet et de me nourrir moi-même car ils ont tellement de choses à transmettre que c’était très agréable d’être à leur contact. Toute la difficulté pour moi, c’était d’obtenir avec la caméra ce que j’obtenais en off ».


LE CHOIX DE VOS INTERVIEWS ?
« La manière avec laquelle j’ai abordé le film est très authentique. J’ai d’abord rencontré un paysan que mon grand-père avait filmé il y a cinquante ans qui aujourd’hui est à la retraite (Bernard). C’était mon point d’ancrage du village. Bernard raconte cette évolution de la ruralité à lui seul, à travers ses mots, ses gestes, la manière dont il se meut. Bernard était ma première rencontre. Ensuite, il me conseille vivement d’aller parler à l’agriculteur qui a repris ses terres. L’agriculteur me permet de rencontrer une autre personne et c’est comme ça que le voyage s’opère avec comme fil conducteur la vie de Bernard, le rythme de sa vie,. Son quotidien lui rappelle un temps ancien avec une nostalgie de ce qu’il a pu vivre. A travers Bernard, on voit les questionnements, les aspirations sur Auzat mais également sur le Village en général.

VOTRE TRAVAIL DE RÉALISATION ?
Je ne suis pas arrivé avec quelque chose d’écrit, de scénarisé. Je ne savais pas ce que j’allais trouver et je ne connaissais pas la plupart des personnes que j’ai filmées. Ces dernières m’ont ouvert d’autres genres de réflexion. C’est comme un voyage. Lorsque vous allez dans un pays, la meilleure façon de voyager c’est de découvrir les personnes qui y vivent dans leur diversité. 
Je n’ai pas connu mon grand-père qui est parti quand j’avais 6 ans. Pour moi, c’était vraiment un témoignage de ces images d’archives. J’ai voulu reproduire l’œil complice et plein de tendresse qu’il avait envers ses voisins. J’ai voulu être au plus proche des personnes que je filmais mais pas seulement de manière statique, mais d’être dans le mouvement qui était le leur. Je filme de manière intuitive, chacun dans l’endroit qui marque son quotidien. Ce qui me paraissait essentiel pour que le film ne soit pas qu’une suite de portraits mais au contraire qu’on voit la vie s’opérer et comment ces personnes que j’ai filmées se rencontrent.
Faire un film comme celui-là, ça prend du temps parce qu’on ne crée pas des amitiés du jour au lendemain. J’avais une place un peu idéale, j’étais quelqu’un de la vallée par mes racines familiales. J’ai donc mis un an et demi à tourner ce film toujours au gré des rencontres. » 

LE CÔTÉ PAYSAGE DANS LE FILM ?
« La manière avec laquelle j’ai filmé était résolument optimiste. Je ne voulais pas mettre en avant les problématiques qu’on pouvait rencontrer. Je laissais les gens que j’ai filmés les annoncer, les expliquer. Toutefois ce qui m’intéressait, c’est de voir la beauté de ces personnes que je filmais, leur richesse ainsi que celle de leur cadre de vie, de leurs espaces ruraux. Quand on est sensible à un sujet, quand on l’a vécu de manière plus émotive que cognitive, on est encore plus attaché à le défendre. Et pour défendre cette ruralité, il faut pouvoir montrer ses richesses présentes. »

LA PERCEPTION DU FILM PAR LES SPECTATEURS ?
« Ils ressentent fortement l’aspect optimiste que j’ai évoqué dans le film. Ils ont envie de voir le monde rural de manière positive. Chacun dans nos discussions a envie d’y voir des choses. Quand on parle d’un village, on parle de la société dans laquelle on vit et notre société a tellement de paramètres à explorer, à questionner, que forcément filmer un village réveille tous ces questionnements ».

DES ANECDOTES ?
Ce qui est amusant c’est que la personne qu’on voit le plus dans le film est celle qui voulait le moins que je la filme. Effectivement cette suspicion, cette gêne qui existait au départ, fallait la dissiper et à la fin Bernard et Guite se sont vraiment prêtés au jeu. C’est un beau projet qu’on a mené ensemble. Les personnes que j’ai suivies aussi rapidement dans le film, c’est les jeunes qui sont au chantier d’insertion. J’ai donc vite compris que l’enjeu de travailler la vigne permettait aux jeunes d’apprendre à travailler ensemble. »

LES MOYENS ?
« Comme c’était mon premier film, ce n’était pas évident à tourner, à convaincre des gens de le financer. Ce n’est pas grave car pour moi ce qui était intéressant, c’était de le faire de manière artisanale. Ce qui ne veut pas dire que ce n’est pas un film professionnel, bien au contraire parce que dans l’artisanat, il y a un vrai savoir-faire, j’ai donc pris le temps de faire un film très beau, très léché. J’ai fait un film qui correspondait au village, à la simplicité du rapport que je voulais avoir avec les gens que je filmais.

LA VIE DE CE FILM ?
« J’espère que sa vie sera longue. Je souhaite qu’il soit vu le plus possible et qu’il soit aussi une manière d’aborder des discussions, des échanges autour de l’avenir du monde rural et de l’avenir de notre société, de manière apaisée et non tendue ».

C.L.

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