Assurance Maladie : Un montant record de fraudes détectées

Par Clara Serrano , Mise à jour le 13/04/2024 à 06:00

Si vous pensiez pouvoir vous trémousser au soleil grâce à un arrêt maladie délivré par votre médecin, vous feriez peut-être mieux de vous raviser. En 2023, la Caisse Primaire d'Assurance Maladie a détecté et stoppé un nombre et un montant de fraudes sans précédent. 

618 095 euros, c'est le montant des préjudices financiers subis détectés par la CPAM en 2023.

L'organisme, qui a plutôt pour habitude de délivrer des indemnités plutôt que de les reprendre, se montre pourtant satisfait, et même fier, d'avoir repéré les fraudeurs à l'assurance maladie. En effet, le directeur de l'établissement altiligérien, Frédéric Brance, déclare ce 12 avril devant la presse : « C'est un chiffre très important qui représente un bond en avant majeur. »

En effet, ce montant témoigne d'une hausse de près de 42 % par rapport à l'année dernière, et qui suit la tendance nationale, puisqu'en France, la CPAM a détecté et stoppé un total de 466 millions d'euros au cours de l'année 2023. Soit près de 50 % de plus qu'en 2022.

Et il vient d'autant plus se compléter avec près de 256 000 euros de préjudices évités. Ce sont par exemple des prestations initialement prévues pour une longue période, parfois jusqu'au décès, qui n'ont pas lieu d'être. 

Plus de fraudes ou plus de contrôles ? 

Mais alors si autant de fraudes sont détectées, et que leur nombre augmente chaque année, est-ce parce qu'il y a davantage de personnes malhonnêtes, ou parce que la CPAM endosse de plus en plus le costume de contrôleur ? Difficile de répondre précisément à cette question, mais le directeur Frédéric Brance préfère s'en tenir à une hausse significative de la qualité de ses effectifs. 

Et en effet, il souligne qu'un recrutement a permis de renforcer les équipes dédiées à ce sujet, qui sont aujourd'hui environ une dizaine. Et il complète : « À l'échelle nationale, six nouveaux cyberenquêteurs permettent de repérer certaines dérives, y compris dans le département. Et ce résultat, nous l'obtenons aussi après avoir mis en place des procédures, qui ont notamment permis d'optimiser le travail des enquêteurs. Par exemple, nous avons associé le service de lutte contre la fraude à la direction comptable et financière. »

Une collaboration entre les deux secteurs qui sert à mettre en évidence des dossiers, qui peuvent paraitre « louches », sur lesquels une investigation est nécessaire. 

Qui sont les fraudeurs ? 

Parmi les fraudeurs repérés, Frédéric Brance dénombre une part approximativement égale de professionnels de santé (38 %), d'établissements (28 %), et d'assurés (34 %). Mais il note tout de même, que le nombre de dossiers concernant des établissements est exceptionnellement plus faible que l'an passé, « tout simplement parce qu'il n'y a pas eu de contrôles de T2A (tarification à l'activité, Ndlr) en 2023. Il faut donc s'attendre à ce qu'il y en ait beaucoup en 2024. »

  • la falsification, contrefaçon, reproduction d'ordonnances pour obtention de la délivrance de médicaments
  • fraude à l'Allocation supplémentaire d'invalidité (ASI) ou la pension d'invalidité
  • activité rémunérée non autorisée pendant un arrêt de travail indemnisé
  • actes facturés et non effectués et/ou non délivrés
  • exercice illégale de l'activité
  • non-respect des règles de facturation (soins, transports, facturation de soins médico-sociaux ou hospitaliers).

Anecdote assez fortuite : un des employés de la CPAM s'est trouvé pris la main dans le sac. Alors qu'il était en arrêt maladie, il était en fait parti en vacances aux Seychelles. Peinard...

De l'avertissement à la prison, les sanctions peuvent être lourdes

Ce bilan des contrôles des fraudes à l'Assurance maladie est le résultat d'une réelle politique de la CPAM, qui vise également à sanctionner au mieux et le plus rapidement possible les individus malhonnêtes. 

Pour cela, et selon la gravité de la fraude (différenciée de l'erreur), le Directeur, et la Commission des pénalités, peuvent déterminer l'importance de la peine encourue. 

Celle-ci peut aller du simple avertissement à la peine de prison (pas de cas en Haute-Loire), en passant par la pénalité financière, l'action conventionnelle (suspension ou retrait du conventionnement) ou encore l'action pénale. 

 

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Vos commentaires

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2 commentaires

dim 14/04/2024 - 11:22

Montant record de fraudes détectées, mais celà se justifie pleinement bien malheureusement quand l'on constate que certaines déclarations assez complaisantes de certains Soignants complotistes en incluant des déclarations fantaisistes qui ne correspondent aucunement à la réalité des soins où des pathologies de certains patients

dim 14/04/2024 - 11:01

Si je comprends bien, 1/3 pour les médecins (et autres professionnels de santé), 1/3 pour les structures et 1/3 pour les particuliers. Si on rapporte ça au nombre de structures, de médecins et d'assurés, on voit bien que le gros des magouilles n'est pas du coté des particuliers (alors que l'article laisse entendre de contraire).

Une fois encore, on tente de faire croire que le problème vient du petit salarié qui se met abusivement en arrêt de travail. Mais, comme souvent, c'est plutôt le riche (médecin ou actionnaire de clinique ou d'Ehpad) qui n'en a jamais assez et qui pourrit notre beau système de santé.