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TIG : « C’est une peine. Mais surtout une aventure humaine »

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 29/06/2023 à 12:00

Travail d’Intérêt Général ou TIG. Sous ces trois lettres se cache une sérieuse alternative à la prison. Du haut de ses 40 ans d’existence, le dispositif regroupe non seulement la sanction et la contrainte à assumer. Mais il est parfois un véritable levier d’insertion dans la société.

« Le TIG traverse les époques contrairement à beaucoup d’outils judiciaires qui ne dépassent pas deux ou trois ans d’existence, partage Marielle Aygalenq, Juge d’Application des Peines (JAP) au Tribunal judiciaire du Puy. Le Travail d’Intérêt Général a fêté son 40ème anniversaire le 10 juin 2023 ».

Pour cette occasion, Murielle Aygalenq, aux côtés de Sandra Martin, Directrice des Services Pénitentiaires d'Insertion et de Probation (SPIP), Sandra Chalier, Directrice Service Territorial Éducatif de Milieu Ouvert et d'Insertion, et d’Eddy Déchaud, Référent territorial TIG Haute-Loire, détaille les raisons de la longévité du TIG.

(De gauche à droite) Sandra Chalier, Sandra Martin, Marielle Aygalenq et Eddy Déchaud Photo par Nicolas Defay

« Contraint à réaliser un travail gratuit au profit de la collectivité »

« Cette peine regroupe trois axes très forts. En premier lieu, le TIG est une vraie sanction. L’auteur de l’infraction sera contraint à réaliser un travail gratuit au profit de la collectivité. Il devra respecter des règles strictes et assurément frustrantes pour lui ».

Elle continue : « Le TIG présente un aspect de réparation. Les tâches qu’il fait est une manière de réparer les dommages qu’il a commis d’une façon pratique mais également sous un aspect philosophique. Il se rachète en quelques sortes ».

« Pour que la peine soit utile, il faut que l’auteur soit acteur de sa peine ». Eddy Déchaud

« Il permet de redonner confiance et de découvrir ou retrouver certaines vertus humaines »

Murielle Aygalenq termine par le troisième pilier du TIG, pilier essentiel du dispositif : « Le TIG peut permettre une réinsertion de l’auteur dans la société. Il confronte la personne au monde du travail, aux gestes, à l’utilité de sa présence pour accomplir telle ou telle tâche. Il permet de redonner confiance et de découvrir ou retrouver certaines vertus humaines perdues au cours d’un parcours de vie chaotique ».

Elle résume ainsi : « Le TIG, c’est une peine. Mais surtout une aventure humaine, positive pour l’auteur et la collectivité en général ».

Moyenne nationale. 24 % des peines de TIG sanctionnent des infractions routières. 24 % des atteintes aux biens. 31 % des postes de TIG concernent des missions de nettoyage de locaux. 20 % des missions d’entretien des espaces verts.

Tigiste dès 16 ans

Côté chiffre pour la Haute-Loire, en 2022, 68 TIG ont été soumis à des auteurs majeurs et 5 à des mineurs. « Le TIG peut être appliqué dès l’âge de 16 ans, précise Sandra Martin. Il n’y a pas d’âge limite pour les majeurs. En général, les tigistes sont plutôt des primo-délinquants, auteur d’une peine plutôt lourde, un délit voire un crime ». D’après ses informations, la moyenne d’âge des tigistes est de 33 ans.

Pour la Haute-Loire, 45 communes comportent des organismes qui proposent des missions de TIG. Le département comporte aussi 17 chantiers d’insertion, ce qui en fait le département le plus pourvu de la Région Aura en ce sens.

« Etablir un lien relationnel qui n’existait pas ou plus avec la société »

Mais qui dit TIG dit lieu pour accueillir les tigistes. Dans le département, il y 96 organismes et 142 postes habilités selon les informations du SPIP. « Les structures d’accueil, qui peuvent être des collectivités, des institutions, des associations, sont là pour répondre à un engagement sociétal, insiste Eddy Déchaud. Elles permettent de donner la chance à une personne condamnée de remettre le pied à l’étrier dans le monde du travail en produisant quelque chose. »

Il conclut ainsi : « Le fait d’être confronté ainsi à la vie civile permet d’établir un lien relationnel qui n’existait pas ou plus avec la société ».

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