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Jean-Louis Murat : L'Ange Déchu Auvergnat n'est plus

Par Louis Boyer jeu 25/05/2023 - 16:00 , Mise à jour le 25/05/2023 à 16:00

Ce jeudi 25 mai le chanteur, compositeur et auteur Jean-Louis Murat est mort à l'âge de 71 ans. Rarement un artiste n'aura autant choqué, bouleversé. Surtout, jamais un chanteur n'aura autant clamé son amour de l'Auvergne.

Jean-Louis Bergheaud est né le 28 janvier 1952 à Chamalières. Ses grands-parents possèdent une ferme isolée à Murat-la-Quaire, à côté de la Bourboule, c'est de là que viendra son nom de scène. C'est peut-être la seule certitude qu'on peut asséner sur Jean-Louis Murat. Sa carrière est indescriptible, irrévérencieuse, foisonnante, géniale, chaotique, mais définie par un fil rouge et jaune. L'Auvergne, sa terre et son unique garde-fou.

Un poète, mais surtout un provocateur

Dès le départ, la carrière de l'artiste s'est frottée à la censure. Son premier morceau, Suicidez vous le Peuple est Mort, en 1981 est bloquée par Europe 1. Bien entendu, le titre ne laisse pas de place aux doutes. Et défini déjà ce que sera le style Murat, provocateur, choquant. Il faudra attendre les 35 ans du chanteur pour que le public le découvre, grâce aux 45 tours, Si je devais manquer de toi, en 1987. Dans cet album, la chanson L'Ange Déchu révèle déjà les faiblesses du personnage, mais également, son talent poétique. "Je jette une orange ; Vers l'astre mort ; Quand s'éveille l'ange dans ; Mon pauvre corps ; J'arrache les pierres ; Aux murs épais ; Du tombeau de terre où ;Tu m'as jeté".

C'est fin 1991, que son duo avec Mylène Farmer le pousse sur le devant de la scène, avec Regrets, il se classe troisième au Top 50. Et déjà, on peut observer le comportement que Jean-Louis Murat aura pour tous les autres succès de sa vie. Décidant de rester vivre en Auvergne, critiquant régulièrement le business et les plateaux télé. Il explose par exemple chez Ruquier, refusant d'être là, pour faire vendre. Reprochant que les gens le reconnaissent dans la rue sans même connaître une de ses chansons. Avare en concerts, il aimait surtout sa tranquillité. Son comportement, ou peut-être juste son caractère pourraient ternir son héritage. Lui qui est pourtant unanimement reconnu par les critiques comme un véritable poète. L'équivalent d'un Alain Bashung, sans le côté marketing.

Pas le plus grand ami des médias

Antisystème devrait être le meilleur adjectif pour le décrire, n'hésitant pas à aborder des thèmes que personne d'autres n'ose évoquer. Thierry Ardisson le définira d'ailleurs par cette phrase : "Au lieu de tirer sur les ambulances, Murat tire sur les vaches sacrées". Le chanteur lui répondra à sa façon un jour en évoquant Alain Souchon : "Je préfère déstabiliser les gens, les faire réfléchir, les enthousiasmer ou même les dégoûter. Mais certainement pas les caresser dans le sens du poil, c'est une sorte de démagogie que je n'ai jamais aimée."

Si il y a un seul sujet sur lequel il a préféré faire rêver, c'est bien sur son Auvergne. Lui qui a vécu toute sa vie dans "sa ferme". Il aura composé de nombreux titres sur sa région natale. Gravant dans les mémoires son attachement viscéral : "Par mon âme et mon sang ; Col de la Croix-Morand ; Je te garderai", dans la chanson Col de la Croix-Morand, en 1991. Où quand il cite Les Thermes de Choussy, à La Bourboule dans sa chanson Au Mont Sans-Soucis, en 1999. Il rappelait son appartenance lors de ses rares interviews. Il n'a jamais oublié l'Auvergne et au moment de sa mort, de nombreux Auvergnats s'en sont souvenus, comme le maire de Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi, ainsi le président du Conseil départemental du Puy-de-Dôme, Lionel Chauvin.