Des recherches archéologiques ont confirmé, cette semaine, la présence d'un site construit au Ve siècle proche du rocher des Margerides à Thiers. Ce lieu serait un château mérovingien, ce serait également celui d'une légende, le château des Millières. La passion se rapproche des légendes par son droit au rêve. Laurent Mosnier, passionné local d'Histoire a participé à cette découverte.
Cet ingénieur, qui travaille dans l'industrie pharmaceutique en Alsace, est originaire de Thiers. "Je suis un passionné d'Histoire. Depuis 2019, je m'intéressais à une autre légende locale. Je cherchais le Gouffre des Millières." C'est un fait-divers du 19e siècle, un monsieur avait retrouvé dans son jardin, vers 1883, un trou sans fond. "Cela avait créé une légende, comme quoi il y avait un gouffre dans ce coin. J'ai donc commencé à m'intéresser à cette zone. On retrouvait une trace de cette histoire dans un livre de chroniques historiques thiernoises. Je me suis rendu compte en cherchant dans archives départementales, que ce gouffre était en réalité une mine de plomb du XVIIIème sicle, non connue localement", explique le passionné.
Le point de vue sur la ville de Thiers.
Photo par L.Mosnier
Des premières recherches en famille
En famille et entre amis, Laurent Mosnier commence alors à prospecter sur le site des Millières. "On a rencontré des restes de murs, des traces de vies anciennes, notamment au sol. Des tegulae, des tuiles romaines, très anciennes, que j'ai identifié grâce à ma passion pour l'Histoire. Je savais que sur ce secteur, il y avait une autre légende, celle du château des Millières", raconte l'ingénieur.
Laurent Mosnier va alors ouvrir une deuxième enquête et se concentrer davantage sur le château. La légende du Château des Millières ou des Margerides est une légende thiernoise. C'était une chanson populaire diffusée jusqu'aux années 1960 qui racontait l'histoire d'un château mystérieux, parlant des persécutions du seigneur des lieux sur la population et sur une jeune bergère. "J'ai contacté la mairie pour les informer qu'un site d'importance se situait sûrement ici. J'ai également contacté la DRAC, qui m'a mis en relation avec Damien Martinez, enseignant-chercheur et archéologue à Lyon." Ce dernier est spécialiste des forteresses de la fin de l'Antiquité, notamment en Auvergne. Le site, lui, était déjà enregistré, depuis 1961, mais pas réellement exploité.
Les professionnels arrivent sur place
Après divers échanges, les deux hommes se rencontrent, sympathisent et explorent le site ensemble. Ils partagent ainsi leurs découvertes sur le terrain, Damien Martinez ayant déjà exploré cette zone, dont il fait référence dans sa thèse, soutenue en 2017. "Pour moi, c'est génial d'avoir participé à ça, je suis plus le catalyseur qu'autre chose. On a bien sympathisé avec Damien, il a vu que j'étais sérieux. On a ensuite travaillé ensemble dans la recherche, je lui ai donné la documentation que j'avais trouvé sur place, il a organisé des sondages archéologiques. La semaine dernière du 24 avril au 5 mai, ils étaient là pour envoyer des vrais archéologues, des étudiants, pour faire des sondages en trois points distincts, pour confirmer nos idées, ils ont retrouvé des objets, des murs de fortifications, on a vraiment retrouvé une forteresse mérovingienne de grande ampleur", s'émerveille Laurent Mosnier.
Les fouilles sur le site des Millières.
Photo par Laurent Mosnier
Une découverte qui bouleverse l'Histoire établie
Le site mis à jour cette semaine a une surface intra-muros d'environ un hectare et représente une sorte de "cœur de ville" de l'époque. Un bouleversement dans l'histoire de Thiers également. "En réalité, c'est le Thiers primitif, le bourg originel, on avait rien de concret sur Thiers, alors que les Historiens écrivent et admettent que Thiers existait déjà à l'Antiquité." Ce château était décrit comme le "Castrum Thigernum" par Grégoire de Tours, évêque au 6e siècle et principale source historique sur la période. "Cela montre qu'on s'est trompé depuis le 19e siècle sur la localisation du Thiers primitif. Les origines de la Ville sont totalement bouleversées", conclut Laurent Mosnier. Avec passion et méthode, un passionné a fait considérablement avancer, la connaissance sur l'Histoire de sa ville.
