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RN 88 : un carnaval pas tout rose

Par val.bnfy , Mise à jour le 07/05/2023 à 18:00

Le collectif Stop RN88 s'est mobilisé ce dimanche 07 mai à Saint-Etienne-Lardeyrol pour rappeler son désaccord avec le projet de déviation entre Le Pertuis et Saint-Hostien. Un rassemblement tout en couleurs pour contester une réalité loin d'être rose, selon les participants.

C'est en couleur, sous la pluie et dans la boue que le collectif Stop RN88 a du composer ce dimanche 07 mai pour poursuivre sa sensibilisation contre le projet de déviation entre Le Pertuis et Saint-Hostien.

C'est à quelques centaines de mètres du rond-point de Lachamp que le Collectif a établi son campement dans la matinée. La journée a commencée avec une semis de tournesol à 10h. Puis par un atelier de confection de déguisement et par un moment convivial dit de "bouffe autogérée". C'est à 13h que les choses plus sérieuses ont commencé. Plusieurs portes paroles d'associations ont pris la parole devant une assistance très attentive. Avec entre autres SOS Loire Vivante, le FSU, la Confédération Paysanne, France Nature Environnement, l'association des riverains, qui ont exprimé les raisons de leur opposition drastique au projet.

"Le projet avance dans la plus grande illégalité"

Et c'est au niveau de ce même rond point que le cortège prévoit ensuite d'aller. "Il y aura distribution, ralentissement forcément, mais pas d'osbtruction. Le panneau jaune qui annonce les montants des travaux liés au projet sera recouvert d'une affiche du collectif" explique Lucien Soyère du collectif de la Lutte des Suc.

"Le projet avance aujourd'hui dans la plus grande illégalité. Car il n'y a toujours pas de réponse au niveau des recours juridiques. Le Préfet a donné l'autorisation de débuter les travaux alors que les mesures compensatoires n'ont pas été prises », ajoute ce dernier.

Le média public France 5 a diffusé le 09 avril un reportage intitulé "Nos terres en danger" consacré à la fameuse déviation. Dans le cadre de ce reportage, Eric Etienne, le Préfet de Haute-Loire et Laurent Wauquiez, n'ont pas accepté d'être interviewés.

"Invivable de vivre aux bords de cette route"

"Nous comprenons très bien les habitants du Pertuis et de Saint Hostien. C'est invivable de vivre aux bords de cette route" assure Lucien Soyère. Pour palier cela, le collectif propose des alternatives comme la réduction du nombre de voitures, le développement des transports en commun, ou même des déviations "mais des déviations "soft" qui ne détruisent pas 140 ha de terres agricoles" précise Lucien Soyère.

Si grâce à la future déviation les communes de Saint-Hostien et du Pertuis ne verrons et n'entendrons plus les 14 000 véhicules quotidiens, pour le collectif il s'agit de "déshabiller Jacques pour habiller Paul". "La nouvelle route va passer au travers de nombreux autres villages. La nuisance sera donc déplacée".

En jaune la route actuelle, en rouge celui de la future déviation. Photo par Valentin Bonnefoy

Les Soulèvements de la Terre

Le collectif de la lutte des Suc fait parti des "Soulèvements de la Terre", un regroupement d'associations qui s'opposent à l'accaparement des terres, à l'artificialisation des sols et à l'écologie sans transition.

https://lessoulevementsdelaterre.org/

"Vue comme des emmerdeurs"

"Au départ nous étions une petite poignée de personnes vue comme des emmerdeurs, mais petit à petit, sans forcément changer d'avis, les gens se rendent comptent des réalités de ce qu'il va se passer. Car à ce jour ce n'est qu'une infime partie des travaux qui a commencée. Ajoutés à tout cela les problèmes de l'eau et les sources qui vont être coupées... c'est quand même une terre paysanne ici", raconte Lucien Soyère.

 

"Tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir, qu'on soit pour ou contre, l'important est de se parler et de trouver des solutions plus vivables"

Tensions entre le cortège et les forces de l'ordre

L'intégralité de la manifestation a été supervisée par les forces de l'ordre. Des agents de la gendarmerie se trouvaient de part et d'autres depuis le matin et effectuaient des contrôles d'identités aux abords du campement.

Et aux alentours de 15h, le cortège coloré, emmené par un tracteur et composé d'environ 300 personnes, a pris la direction du rond-point de Lachamp dans l'objectif de faire un barrage filtrant. Les forces de l'ordre ont refusé l'accès au rond point par la route.

Tension entre le cortège et les forces de l'ordre Photo par La Lutte des Sucs

Gaz lacrymogène

Le cortège s'en est donc remis à un itinéraire secondaire : un chemin de sable sous la RN88. Une fois arrivé au niveau du rond-point, "une dizaine de véhicules de gendarmerie et une trentaine de militaires" selon un membre de la lutte, attendaient le cortège pour empêcher un blocage. Malgré que l'ambiance du cortège fût "bon enfant", la confrontation a donné lieu à "un ou deux gazages" car les militaires étaient équipés de fusils et de bombes lacrymogènes.

D'après les personnes sur place, il en aurait fallu de peu pour que la situation dégénère. Le cortège n'a donc finalement pas eu accès au rond-point et est retourné au camp de base.

 

Le tracé bientôt sous occupation ? Une ZAD en perspective ?

L'occupation d'un lieu pour en éviter son exploitation est une action maintes fois utilisée dans le passé, et qui a porté ses fruits, ou pas. Concernant la déviation de la RN88 : "Une ZAD (Zone à Défendre) ? Pourquoi pas ! Mais où ça ? 140 ha c'est vaste" se questionne un membre de la lutte.

C'est pourquoi le collectif a récemment pris la décision de déléguer l'occupation du tracé à ... des brebis. En effet, les membres du collectif, paysan.nes, berger.es et habitant.es, ont le projet de constituer un troupeau dont chaque brebis appartiendrait à un collectif qui soutient la lutte. Ainsi le troupeau pâturerait sur le tracé.

Le troupeau de brebis qui va occuper le tracé Photo par Valentin Bonnefoy

La mobilisation s'est accompagnée toute la journée d'un volcan fabriqué maison, mascotte du collectif. Ce dernier a été incendié au couché du soleil. Peut-être pour réchauffer le campement dans lequel les moins frileux auront le courage de passer la nuit et de repartir ce lundi matin dès 10h pour une balade naturaliste sur le tracé.