C'est une histoire de génies et d'aventures. Ou plutôt, d'ingénierie. Depuis dix ans, l'institution d'Issoire Sévigné Saint-Louis, a mis en place une section robotique, l'Art'Tesia. "Je voulais proposer un enseignement différent aux élèves. Avec un objectif clair, attirer plus de filles vers les sciences de l'ingénieur", explique Franck Heitmann, professeur de mathématiques à l'initiative de l'aventure robotique à Issoire.
La première année, les jeunes lycéens avaient réalisé quelques robots dans leur salle de technologie. "L'année d'après nous avions crée une pièce de théâtre entière, où tous les acteurs étaient des robots", explique le professeur de mathématiques. Puis, dès la troisième année, les élèves avaient envie de se frotter à une concurrence, de rentrer en compétition.
"On s'est inscrit au concours First Lego League, depuis, on y participe chaque année", explique Franck Heitmann. Pédagogiquement, la recette est déjà une réussite, sans parler de trophées. "Il y a beaucoup de demandes, nos élèves ont vraiment envie de venir, cela les passionne, les motive. Ils viennent travailler sur leurs robots, les relations avec les partenaires, quand ils s'ennuient. Ils sont très rarement malades", ironise le professeur. Chaque équipe est mixte et autant de filles que de garçons sont recrutées en début d'année.
Un beau palmarès
Une passion et un investissement des lycéens qui leur a valu une belle moisson lors de la finale nationale, le 2 avril, à Armentières (Nord). L'équipe Art'tésia Navy a remporté le titre de Championne de France et la coupe du projet le plus innovant, tandis que l'équipe Art'tésia White a décroché une très belle quatrième place. Il faut dire que les projets des élèves issoiriens étaient ambitieux.
Évoquons déjà les projets des trois autres équipes, déjà très significatifs. "Une équipe a amélioré les éoliennes en rajoutant du photovoltaïque dessus, une autre équipe travaille avec Aubert et Duval à Issoire, qui fabrique des pièces en aluminium, pour récupérer de l'énergie. Une troisième équipe récupère la lumière du jour via des lentilles installées sur le toit de l'établissement et redirige l'énergie dans nos pièces." L'équipe White a vu son projet validé par le groupe Suez et pourrait faire gagner des milliers d'euros aux collectivités territoriales. Son projet consiste à installer des pompes inversées, pour produire de l'énergie grâce aux tuyaux d'alimentation en eau des villes. Enfin, l'équipe Navy, championne de France, a crée, avec des panneaux photovoltaïques très légers, dédiés au spatial et construit à Arlanc, un parasol de 16 mètres carrés, pour les terrasses de café. Le parasol, qui produit 4kWh, permet aux professionnels de diviser leur facture d'électricité d'un tiers.
Des problèmes pour rallier Houston
Voilà pour le côté génie. Pour le côté aventure, il s'agit maintenant de l'organisation. En deux semaines, l'équipe de Franck Heitmann a dû organiser son transport (billets d'avion, passeport), le logement à l'hôtel et surtout d'amener un stand de 9 mètres carrés dans les valises direction Houston pour disputer la compétition mondiale du 19 au 22 avril. Nos jeunes champions ont d'ailleurs rencontré de vrais problèmes dans leur périple.
Trois heures de retard au décollage à Clermont qui a entraîné beaucoup de détours puisque la correspondance vers Houston a été manquée. Les jeunes devraient bien parvenir à rallier Houston dans la journée. "Le groupe garde le moral", indique le compte Facebook Art'tésia. Mais l'organisation fait aussi partie des points forts du projet. "Si cela fonctionne, c'est que nos élèves peuvent consacrer six à neuf heures de travail dessus en commun avec des professeurs. Ce succès, c'est surtout le succès de l'institution Sévigné Saint-Louis qui nous soutient depuis le début", rend hommage Franck Heitmann.
L'équipe White ira représenter la France à Marrakech à la fin du mois de mai, en attendant, Art'Tésia Navy aura peut-être conquis le monde ? "On est champions de France quand même ! On y va avec de l'ambition, nous avons la meilleure équipe que je n'ai jamais vue, ils sont tellement passionnés, tellement investit, on sera durs à battre", conclut le professeur.