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ASEA 43 : « Auriez-vous la décence de démissionner, Mr Le Directeur Général ? »

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 08/04/2023 à 06:00

Ce vendredi 7 avril, l'Association pour la Sauvegarde de l'Enfant à l'Adulte (ASEA) a été le théâtre de graves tensions et de colères nourries. Le Directeur Général de la structure, Bertrand De Foucauld, a fait face à plus d'une centaine de salariés, remontés, blessés par la transmission de la liste des déboutés du droit d'asile à la Préfecture.

Un affront à l'histoire de l'association. Une insulte aux valeurs portées par son fondateur Alex Brolles. Un revers de main qui a balayé des décennies de travail pour obtenir la fragile confiance du public accueilli.

Le 1er mars 2023, Bertrand De Foucauld a transmis à l'Etat les adresses des 17 familles déboutées du droit d'asile alors sous la protection de l'un des quatre pôles de l'ASEA , la PPI (Pôle Précarité Insertion), ex-Tremplin.

"Est-ce que vous imaginez les conséquences de vos actes"

Loin a été, au Directeur Général de l'association qui regroupe 420 salariés, d'imaginer un tel regroupement devant le siège de la structure. Près de 150 éléments issus des pôles Handicap adultes, Protection de l'enfance, Handicap enfants et Précarité Insertion, ont tenu à avoir des réponses. "Vous rendez-vous compte du mal que vous avez fait ?, demande l'un d'eux. Est-ce que vous imaginez les conséquences de vos actes ? Pourquoi avoir fait ça ?"

Face aux salariés, le DG a assuré avoir agi ainsi pour le bien des familles.
Face aux salariés, le DG a assuré avoir agi ainsi pour le bien des familles. Photo par Nicolas Defay

À cette question fondamentale, Bertrand de Foucauld répétera plusieurs fois le même argument : "Est-ce qu'on doit laisser ces gens-là dans cette situation indigne ? Nous voulons les régulariser pour qu'ils aient des droits, tout simplement".

Les dents serrées, une salariée lance : "Mais vous vivez sur quelle planète ! Donner ces personnes à l'Etat pour un soucis de régularisation ? Vous nous prenez pour qui ? Vous les prenez pour qui ? Régulariser signifie l'expulsion et vous le savez très bien !"

"Oui, c'est vrai, il y a ce risque, souffle Bertrand De Foucauld. On ne peut pas le nier. Mais ce n'est pas moi ni l'association qui décident de leur sort. Encore une fois, il est nécessaire de sortir ces familles de leur situation de précarité".

"Vous n'êtes pas élu de droit divin, Mr De Foucauld !, assène une autre salariée. Vous devez normalement connaitre les valeurs de l'ASEA, celles d'Alex Brolles qui constituent l'ADN de l'association !"

"Croyez moi qu'il doit sacrément se retourner dans sa tombe"

Plus loin dans l'attroupement, un autre intervient : "Ça fait 35 ans que je travaille à l'ASEA. J'ai rencontré cinq directeurs généraux avant vous Monsieur De Foucauld. Et jamais je n'ai entendu un discours tel que le votre aujourd'hui".

Il continue : "Sachez que j'ai connu Alex Brolles en personne. Et croyez moi qu'il doit sacrément se retourner dans sa tombe. En agissant ainsi avec la Préfecture, vous avez porté un sacré coup à ses idées fondatrices".

Bertrand De Foucauld pensait à une petit foyer de colère. Ce fut un brasier.
Bertrand De Foucauld pensait à une petit foyer de colère. Ce fut un brasier. Photo par Nicolas Defay

Jacques Olivier et le protocole de 2018 qui interdit tout partage de données en dehors de la structure

Si Jacques Olivier, Président de l'ASEA 43, n'est pas aux côtés de son Directeur Général lors de sa mise au pilori, son absence a tout de même été remarquée. "Il était avec Bertrand De Foucauld et le Directeur du Tremplin quand la liste des déboutés du droit d'asile a été demandée par les services de la préfecture, partage une salariée à Zoomdici. Pourtant, Jacques Olivier était au courant du protocole signé en 2018 qui interdit toute divulgation des adresses et des données personnelles à une institution comme la Préfecture".

Elle demande alors : "Pourquoi ne l'a-t-il pas mentionné lors de ces deux rendez-vous ? Pourquoi a-t'il laissé faire ça ? Il est lui aussi responsable".

Les yeux au sol, Bertrand De Foucauld a écouté la foule scander ensemble : "Démission !"
Les yeux au sol, Bertrand De Foucauld a écouté la foule scander ensemble : "Démission !" Photo par Nicolas Defay

"Qu'attendez-vous de moi maintenant !"

Dans ses petits souliers, Bertrand De Foucauld a littéralement essuyé une fureur dont il n'avait pas saisi l'importance. "Je reconnais que je n'ai pas pris la mesure de l'alerte que vous me lanciez, s'exprime-t-il. Mais depuis tout à l'heure, je vous dis que, effectivement, j'ai une part de responsabilité dans cette affaire. Qu'attendez-vous de moi maintenant !"

La réponse fuse aussitôt : "Auriez-vous la décence de démissionner, Mr Le Directeur Général ?" À la question de savoir comment il envisage son avenir à présent, Bertrand De Foucauld ne partagera que ces quelques mots à la presse : "Je ne sais pas. Nous allons en parlé avec le Conseil d'administration".

Vidéo de la mobilisation ▼