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Des mémoires de papier qu'il faut protéger

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 24/04/2023 à 12:00

La Ville du Puy continue son opération de sauvetage et de sauvegarde des précieux manuscrits reposants dans un coin presque secret de la bibliothèque municipale. Dans ses fonds anciens, l'antre des mots conserve près de 600 manuscrits rares datés entre le IXe siècle et le XXe siècle dont certains sont aujourd’hui en péril.

Depuis 2016, une campagne de restauration d'ouvrages aussi vieux qu'inestimables est à l'œuvre au cœur de la cité pavée. Sur les 600 manuscrits cachés dans la pénombre des rayons, 200 ont été identifiés pour être choyés et parfois sauvés du trépas par les experts.

"L’enrichissement et la restauration de ses collections font partie de ses missions premières, rappelle Catherine Chalaye, Adjointe à la Vie culturelle. C’est pourquoi, elle peut prétendre à des aides financières de l’État et de la Région. La bibliothèque municipale a fait appel à des restaurateurs qualifiés pour établir dans un premier temps des devis".

Ancien, objet d'art, et totem du passé

Dans une époque où le clavier a remplacé le stylo, où les pixels ont écrasé le papier, et le ChatGPT étouffé la plume, les manuscrits restent des témoins d'Histoire, Histoire de faits, Histoire de gestes, Histoire d'histoires. Avant l’invention de l’imprimerie, au milieu du XVe siècle, tout écrit est formulé à la main. "Par la suite, le manuscrit et l’imprimé se côtoient, mais très vite, l’imprimerie, peu chère et permettant une production très quantitative, prend le pas", souligne Catherine Chalaye.

Elle insiste : "Les manuscrits sont donc des documents rares et très précieux, soit parce qu’ils sont anciens, soit parce qu’ils sont des objets d’art, et dans tous les cas parce qu’ils sont des témoignages historiques de première main".

"Les papiers, les cartonnés, les tissus, et même les papyrus"

La bibliothèque du Puy conserve quelque 30 000 documents, dont les 600 manuscrits. "Ce sont des pièces difficiles à bien conserver car constituées de différents matériaux qui nécessitent chacun, et en fonction de leur époque de fabrication, des soins différents, livre Catherine Chalaye. Les cuirs de reliure, les parchemins, les papiers, les cartonnés, les tissus, et même les papyrus...Chaque année, un chantier de restauration est proposé afin de leur permettre d’être toujours consultés par les chercheurs et admirés par les visiteurs".

La restauration de 30 manuscrits du fonds général a été aussi proposée. Le fonds général est constitué des confiscations révolutionnaires et de celles liées à la loi de 1905 (séparation de l’Église et de l’État), les acquisitions des bibliothécaires, et les dons et legs de particuliers ou d’associations

Des mémoires du Velay

Que renferment ces trésors de cellulose ? Qu'apprennent les phrases et les mots soigneusement ondulés inscrits dans les fibres centenaires ? "Ils concernent majoritairement le Velay et plus largement le territoire local, répond l'Adjointe à la Vie culturelle. Les chercheurs puisent de précieuses informations concernant, par exemple les enjeux de pouvoir et d’influence des grandes familles, des appareils législatifs ou cultuels à travers les siècles".

Catherine Chalaye continue encore : "On peut aussi grâce à eux retracer précisément l’histoire de certaines villes ou hameaux locaux, comprendre le bâti, les pratiques agricoles, éducatives, religieuses, le quotidien des familles, etc."

Des médecins pour réparer ces êtres de papier

Chaque document va faire l’objet d’interventions spécialement conçues en fonction de la spécificité de chaque document ou manuscrit. "Une attention toute particulière sera portée sur les matériaux comme les parchemins, le cuir utilisé, la cire des cachets par exemple, assure l'élue municipale. En ce sens, des ateliers de restauration certifiés et reconnus pour la qualité de leurs travaux seront en charge de l'opération".

Les matériaux de conservation se doivent d'être conforme aux normes AFNOR. Les traitements doivent aussi être réversibles sans risquer de porter atteinte aux documents. Enfin, il faut que les traitements soient repérables par les spécialistes pour éviter toute confusion entre un matériau original et son pendant contemporain

Ces pièces de la bibliothèque ne sont pas dédiées ou très peu à l’exposition. Et seule est acceptée la consultation privée des manuscrits. Mais si chaque page se révèle aussi fragile que lourde de temps, les restaurateurs devront prendre en compte de la manipulation des livres après leurs traitements.

"Les chercheurs, les historiens et les généalogistes consulteront ces documents qui auront subi maints affres du temps, soulève Catherine Chalaye. Il faudra que les restaurateurs reprennent les coutures assurant le bon maintien de la structure du livre, ou encore prévoir un conditionnement permettant de visualiser le recto et le verso d’un feuillet".

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