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Loup : les Naturalistes montrent les crocs

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 09/10/2022 à 16:00

Les Naturalistes de Haute-Loire et les membres FNE du Comité Départemental Loup (dont des éleveurs) réagissent à la suite d’articles relatant des attaques d’ovins par un loup sur les communes de Thoras et de Chanaleilles.

MAJ : l'association Alliance Avec Les Loups dément les propos présents dans l'article

Mise à Jour :
Manoël Atman, membre de l'association Alliance Avec Les Loups, s'offusque des analyses et des données partagées les naturalistes :

"Alliance Avec Les Loups association (non affiliée à la FNE) ne partage absolument pas les propos des naturalistes de cet article, déplore dans un communiqué Manoël Atman d'Alliance Avec Les Loups. Selon les naturalistes qui témoignent dans l'article, il reste probable que les attaques de ces dernières semaines soient le fait d’un loup en dispersion et dont on ne peut encore objectivement présager de l’installation définitive. Ce loup est surement un jeune individu qui fuit le territoire qui l’a vu naître et qui peut parcourir de très grandes distances avant de se fixer avec une partenaire. La plupart de ces individus trouvent la mort lors de leurs pérégrinations".

"Ce discours est faux ! Une meute est installée sur le triangle Mont Mouchet, Mont Grand et Mont Chauvet"

"Vous remarquerez L'ADJECTIF SINGULIER INVARIANT EN GENRE "PROBABLE" par ces personnes qui ne savent rien de ce qui se passe réellement sur le terrain.  Ce discours est faux ! Une meute est installée sur le triangle Mont Mouchet, Mont Grand et Mont Chauvet. L'OFB a posé plusieurs caméras et aussi bloqué les accès à la circulation sur les chemins de terre du Mont Mouchet l'été dernier, certainement pas pour un seul loup !"

Je dis aux écologistes de France qui veulent défendre le loup sur nos territoires de cesser de s'aligner systématiquement sur l'OFB si vous ne voulez pas dans le temps vous décrédibiliser sur le sujet comme face aux syndicats d'éleveurs". Manoël Atman

"Une désinformation qui ne peut que poser de graves problèmes de gestion de l'espèce"

"De nombreux témoins sur place ont vu et entendu les loups ! Je suis pas la personne la plus appréciée par les éleveurs du Massif Central mais je suis obligé de donner raison à Jean-Pierre Vigier qui comme les éleveurs remet en question le comptage de l'OFB qui est faux comme dans toutes les régions de France... Défendre le loup en prétendant qu'il était seul sur le secteur de Chanaleilles et Thoras est une désinformation qui ne peut que poser de graves problèmes de gestion de l'espèce à court terme là comme ailleurs".

 

L'article original ▼

Les propos d’élus et de la profession ovine concernant des attaques de moutons et de brebis qui auraient été perpétrées par des loups dans le sud ouest altiligérien font sortir du bois les défenseurs du Canis lupus.

À travers un communiqué détaillé, les Naturalistes 43 et les membres de France Nature Environnement Haute-Loire comprennent l’inquiétude des éleveurs victimes d’attaques mais pointent également plusieurs paradoxes tant environnementaux qu’administratifs.

Huber Reeves, célèbre astrophysicien dit dans ce sens : "nous avons déclaré la guerre à la nature, si nous gagnons, nous sommes perdus"

Conscient du problème mais...

"Nous sommes tout à fait conscients du désarroi des éleveurs face à ces attaques, livrent-ils. Nous comprenons que l’arrivée du canidé contraigne les éleveurs à modifier leurs pratiques pastorales. Ils doivent revoir la protection de leurs animaux. Du nouveau matériel (clôtures mobiles ou permanentes, effaroucheurs, colliers répulsifs, …). Elever des chiens spécialisés dans la protection des troupeaux et réorganiser l’exploitation de leurs parcelles voire réviser leur emprise foncière."

"Il est important de mentionner ici que tous ces investissements sont subventionnés dans 90 communes du département (dont Thoras et Chanaleilles) depuis mars 2022 où la prédation serait « possible » et contre laquelle on encourage des actions de prévention"

"...mais la profession refuse de s’équiper"

"L’Etat est même présent à leurs côtés depuis les premières attaques de Saint Etienne du Vigan du 23 octobre 2014, mais la profession refuse de s’équiper comme cela se fait ailleurs en France et en Europe et prône la destruction systématique de l’espèce", mettent-ils en exergue.

"Néanmoins, il reste probable que les attaques de ces dernières semaines soient le fait d’un loup en dispersion et dont on ne peut encore objectivement présager de l’installation définitive, continuent-ils. Ce loup est surement un jeune individu qui fuit le territoire qui l’a vu naître et qui peut parcourir de très grandes distances avant de se fixer avec une partenaire. La plupart de ces individus trouvent la mort lors de leurs pérégrinations".

"Isolés, ils s’attaquent aux proies faciles comme les ovins à la belle saison. Installés en meute, ils se spécialisent et régulent la faune sauvage présente elle toute l’année"

Photo par The Wasp Factory

"Les tirs, de défense ou de prélèvement, peuvent créer l’inverse de l’effet recherché"

"Les tirs de régulation, soumis à autorisation préfectorale pour une période de 3 mois sur un secteur donné si des attaques sont avérées, ne sont possibles que si l’ensemble des mesures de protection adaptées au secteur et à l’exploitation attaquée ont été mises en place préalablement", rappellent les Naturalistes 43. 

"Sans être totalement opposés à cette mesure ultime, l’ensemble des études montre que les tirs, de défense ou de prélèvement, peuvent créer l’inverse de l’effet recherché, souligne la FNE Haute-Loire. Les tirs non ciblés, tous azimuts, souvent sur des loups fixés en meute, modifie la structure sociale de celle-ci et peut conduire à une augmentation des attaques sur le cheptel domestique par les individus de la meute destructurée".

Les deux collectifs résument en ce sens : "Un ciblage des individus réellement spécialisés dans les déprédations sur le bétail permet d’accroître l’efficacité des tirs en éliminant ces individus, si aucune autre solution préalable n’est possible. Au final, c’est à la fois une chute des dommages subis et un nombre moindre d’individus abattus !"

Une meute de loups gris dans le Parc animalier de Sainte-Croix (57) en 2016.
Photo par Valérie Hukalo

Peu de loups en France

"Rappelons que si l’espèce est protégée ce n’est pas pour rien, ses effectifs étant très loin d’être pléthoriques comme le déplorent certains !, grincent les protecteurs de la nature. Le dernier recensement hivernal 2021-2022 évalue la population lupine française aux alentours de 900 individus, l’immense majorité dans le sud-est du territoire". 

En Espagne, le recensement sur le sujet fait état de 2 000 individus et l'Italie plus de 3 000. À noter que dans toute l'Europe, le loup est protégé par la Convention de Berne

Jean-Pierre Vigier met en doute les comptages de l'OFB

"Nous sommes surpris par les propos démagogiques tenus par le député altiligérien Jean-Pierre Vigier, remettant en cause à la fois les comptages et le statut de l’espèce, lancent-ils. Il est bon de rappeler que ces comptages sont réalisés par la Police de l’Environnement de l’Office Français de la Biodiversité dont on ne peut remettre en cause le sérieux des suivis de ses agents assermentés".

Ils mentionnent encore : "Quant au statut d’espèce protégée, il n’est aucunement envisageable de vouloir le remettre en cause. L’espèce n’est pas sauvée et surtout, elle est fort utile à la gestion de la faune sauvage, à la régulation d’espèces souvent décriées pour leurs dégâts par les forestiers et les agriculteurs".

"Il est important ici de dire que la problématique du loup est un leurre que l’on agite pour se détourner de ne pas aborder ce qui plombe réellement l’élevage et la filière ovine en particulier"

Photo par Ralf RKL

"Ouvertement ANTI Loup et ANTI Nature"

"Nous engageons tous les acteurs qui prennent position sur ce thème à consulter les publications sérieuses de nombreux scientifiques qui font référence sur la thématique Loup et Pastoralisme, indiquent les deux entités. Ces derniers ne militent ni pour une exclusion de l’Homme de la nature ni pour une acceptation soumise des attaques sans recherche de solutions. Ils montrent que la cohabitation est possible !"
Ils accusent : "La volonté clairement affichée et assumée par une certaine classe politique, ouvertement ANTI Loup et ANTI Nature n’est plus acceptable.

"Nous dénonçons ce discours passéiste et rétrograde qui oppose systématiquement l’Homme à la Nature. Ce discours est dangereux et irresponsable, l’homme est un élément de la nature !"

"De plus de nombreux éleveurs et éleveuses cohabitent bien avec les loups depuis son retour il y a 40 ans. La particularité de ces élevages ce sont leurs "petites tailles". Mais il faut reconnaitre qu’il sera difficile pour un berger moyen de Haute Loire de protéger à lui-elle seul ses 400 brebis mères réparties dans 3 troupeaux".

Travailler main dans la main pour que tous s'y retrouvent

"Si nous, Etat, collectivités, mairies, groupements foncier, favorisons l'installation de petits élevages permettant un maillage de paysans, il pourrait se développer des systèmes de gardes collectives permettant l'alimentation des animaux avec des végétations naturelles diversifiées donc de l'autonomie et de la résilience alimentaire pour les fermes, proposent les éleveurs membres de FNE 43. Cette gestion agroécologique du territoire rendrait nos campagnes plus belles, plus accueillantes, plus attractives..."

Ils terminent ainsi : "La présence encore ponctuelle d’un loup ne doit donc pas masquer l’ensemble des difficultés que rencontrent les éleveurs et servir d’exutoire. La confiance et le respect entre tous les acteurs et « usagers » de la nature sont la condition essentielle pour le maintien d’un pastoralisme vertueux et l’acceptation de la nature dans toute sa diversité".