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Par nathan , Mise à jour le 22/07/2022 à 17:00

Le département de Haute-Loire connaît, depuis plusieurs années, une baisse du nombre de vétérinaires ruraux, en charge du suivi des élevages bovin essentiellement. Cette désertification devrait très probablement s'accentuer à très court terme, avec des arrêts d'activité prévus.

Les conséquences du manque de vétérinaires se feront ressentir sur le suivi de la performance sanitaire et économique des filières animales et par répercussions sur le maintien de l’activité agricole en zone rurale. Plusieurs secteurs sont déjà en forte tension et de nombreuses structures recherchent des vétérinaires supplémentaires.

"La notion de travail est presque devenue un gros-mot", Thierry Laurent

"Nombreux sont les vétérinaires ruraux qui arrêtent leurs activités. Mais très peu sont les remplaçants", entame Thierry Laurent, vétérinaire rural au Puy-en-Velay. A son début de carrière, il étaient quatre cabinets de vétérinaires ruraux dans le secteur de la cité ponote. Aujourd'hui, son cabinet est le dernier. 

 UN APPEL À PROJET NATIONAL POUR REDYNAMISER LE MAILLAGE VÉTÉRINAIRE DANS LES TERRITOIRES RURAUX

Dans ce contexte, le Département de la Haute-Loire et ses partenaires ont déposé une candidature à l’appel à projet national concernant la redynamisation du maillage vétérinaire dans les territoires ruraux.

Ce projet bénéficie d’une contribution financière de l’Etat à hauteur de 24 000 euros, qui doit financer la réalisation d’un diagnostic de la situation sur l’Ouest du Département et à formuler des propositions d’actions pour inverser la tendance de désertification vétérinaire. Un premier comité de pilotage s’est réuni en mai pour présenter les objectifs, la méthode et la programmation de l’étude. 

Il poursuit : "Il y a un problème générationnel. Quand j'ai commencé, on faisait tous ça par passion. Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui développent une notion de loisir plus qu'une notion de travail. Il leur faut un certain équilibre entre le loisir avec les vacances, le repos et le travail. Ce n'est plus la même mentalité. Cette nuit, j'ai eu une intervention pour un accouchement bovin de 3h30 jusqu'à 5 heures. Ce matin, je suis arrivé au cabinet faire ma journée. La notion de travail est presque devenue un gros-mot."

Beaucoup d'étudiants qui s'orientent vers le métier de vétérinaire pour petits animaux

Auparavant, pour devenir vétérinaire, il fallait suivre un cursus classique. Deux premières années de prépa, un concours national et ensuite cinq ans d'études. Aujourd'hui, l'accession s'est diversifiée. Des passerelles existent à partir des BTS ou de la fac.

Thierry Laurent : "Le métier se féminise énormément, ce qui est bien. Environ 85% des personnes en école sont des filles. Mais la partie rural du métier n'attire pas. C'est très difficile de trouver son remplaçant dans les écoles de vétérinaire. Nous, on a la chance d'avoir une jeune très compétente et ultra motivée. Mais pour beaucoup de collègues qui arrêtent, ils ne trouvent pas de remplaçants."

"On a déjà absorbé la clientèle de trois cabinets, on ne peut plus agrandir notre rayon d'action", Thierry Laurent

Le secteur de la Haute-Loire manque cruellement de vétérinaires ruraux. Certaines zones en sont parfois même complètement dénuées. C'est le cas à Sainte-Sigolène ou encore à Siaugues. "On a essayé au maximum d'absorber la clientèle de certains confrères. On l'a fait pour les trois cabinets du Puy. Mais on ne peut plus agrandir notre rayon d'action. 45 ou 50 bornes pour une urgence, ce n'est pas possible", explique Thierry Laurent.

"Avec l'arrêt du seul vétérinaire, on fonce tout droit vers l'inconnu", Florian Viallet, agriculteur à Bussac Haut (Siaugues)

A Siaugues-Sainte-Marie, le seul vétérinaire présent arrête ses fonctions pour les gros animaux début septembre, et à la fin d'année pour les petits animaux. "Cela fait longtemps qu'il cherche un remplaçant, approchant de la retraite, en vain. On va devoir se tourner vers le vétérinaire de Langeac, à 20 kilomètres d'ici", déplore Florian Viallet, agriculteur à Bussac Haut, collé à Siaugues.

Il poursuit : "Ca nous inquiète beaucoup. Quand on a une vache malade, il faut vite intervenir. Jusqu'à maintenant, on appelait le vétérinaire de Siaugues et, généralement, il était là en 30 minutes. Il va falloir travailler différemment. Ce sera moins réactif. Avec l'arrêt du vétérinaire, on fonce tout droit vers l'inconnu. Quand on avait besoin de médicaments, on se déplaçait directement à son cabinet. Là, il faudra faire des stocks sur plusieurs mois. On a peur pour la santé des animaux. Certaines urgences ne peuvent pas attendre le lendemain. On espère que le vétérinaire de Langeac pourra récupérer tous les clients de l'ancien vétérinaire."