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Quatre villages mobilisés contre la fermeture d'une de leur classe

Par Louis Boyer , Mise à jour le 02/03/2023 à 15:30

Au sud-est d'Issoire, quatre villages (Bansat, Lamontgie, Les Pradeaux, Saint-Martin-des-Plains) se sont vu annoncer la fermeture d'une de leurs six classes (quatre en élémentaire, deux en maternelle) à la rentrée prochaine. Les parents d'élèves et les élus, ont réussi à mobiliser à chacune de leurs manifestations près de 150 personnes. En vain pour le moment.

Le RPI (Regroupement pédagogique intercommunal) de Bansat, Lamontgie, Les Pradeaux et Saint-Martin-des-Plains compte deux classes de maternelles situées aux Pradeaux et cette année, quatre classes d'élémentaires dans le village de Lamontgie. Depuis fin janvier, enseignants, élus et parents d'élèves ont appris qu'une classe serait supprimée à la rentrée à l'école de Lamontgie. 

Dès le 31 janvier, des pancartes et une sensibilisation contre cette fermeture a été menée devant l'école, par les représentants des parents d'élèves. Le 3 février, à la salle polyvalente des Pradeaux, nouveau rassemblement, puis le 6 février devant la sous-préfecture d'Issoire.
Enfin, le 19 février, une marche contre la fermeture de la classe a été organisée à Lamontgie en présence des maires des quatre communes, de Gilles Sabatier, vice-président à l'Agglomération du Pays d'Issoire et de Florence Dubessy, élue d'Issoire, membre du conseil départemental et vice-présidente de la Région. Lionel Chauvin, président du Conseil Départemental et surtout Delphine Lingemann députée de la circonscription étaient également présents. Lors de ces manifestations, les parents d'élèves ont réussi à rassembler entre 140 et 150 manifestants, pour une école qui compte 124 élèves cette année.

Une décision actée le 22 février

Le collectif était également présent à Vic-le-Comte, le 1er février pour la première annonce officielle de la carte scolaire du Puy-de-Dôme et a été reçu en audience par Michel Rouquette, directeur académique et Yves Léon, son adjoint. Mais voilà, malgré tous leurs efforts, la suppression de la classe du RPI a bien été confirmée lors de la validation de la prochaine carte scolaire le 22 février dernier. 

"Il y a une politique générale en défaveur de la ruralité"

Les parents d'élèves, menés par Sophie Sauvat, Noémie Verny et Gabriel Rafat ne comprennent pas la nécessité pour l'Éducation nationale de fermer cette classe. "Il n'y a pas de baisse significative de nos effectifs pour l'an prochain. Nous avons 124 élèves cette année, on sera normalement 122 l'an prochain, sans compter de potentielles arrivées", précisent les parents.

Alors une baisse de deux enfants serait suffisante pour fermer une classe ? "Il y a une diminution des effectifs d'élèves au niveau départemental, ce qui entraîne de manière arithmétique une baisse du nombre d'enseignants. Sauf qu'on constate que les baisse d'effectifs concernent majoritairement les quartiers prioritaires. Alors que là où les classes ferment, c'est en milieu rural. Ils trouvent des arguments plus ou moins valables pour justifier la fermeture, mais la vérité, c'est qu'il y a une démission du gouvernement sur la question de l'enseignement, qui nous pousse à tomber dans l'enseignement privé. Globalement, il y a une politique générale en défaveur de la ruralité", explique Gabriel Rafat.

Les enfants de l'école étaient présents lors des manifestations.

Cette décision impacterait fortement la qualité de l'enseignement selon les habitants. "D'une moyenne de 22 élèves par classe cette année, le RPI passerait à 26,2. Il y aurait par exemple un cours simple d'un côté, un triple de l'autre (les élèves de CP, CE1 et CE2 dans la même classe par exemple) ou alors une partie des grandes sections de cette année, devrait rester avec les maternelles l'an prochain", détaillent les parents d'élèves.

Les professeurs, qui ne peuvent pas s'aligner sur les manifestations, puisqu'ils ont un devoir de réserve, seraient également impactés puisqu'ils auraient moins de temps à accorder aux activités extérieurs comme la musique ou le sport.

De son côté, l'Éducation nationale, par l'intermédiaire de Michel Rouquette table sur 118 élèves pour les cinq classes du RPI, et une moyenne de 23,6 élèves par classe l'an prochain. "Avec une répartition pédagogique intéressante d'un point de vue pédagogique et très favorable", précise le directeur académique des services de l’Éducation nationale.

"Fermer une classe, qu'on a ouverte il y a cinq ans, et pour laquelle on a adapté le bâtiment en construction, cela reste en travers de la gorge de la fermer dès la première année". Gabriel Rafat

La nouvelle école de Lamontgie, un bâtiment inauguré en septembre 2022

De plus, le nouveau bâtiment de l'école élémentaire de Lamontgie a été inauguré en septembre dernier. "Fermer une classe, qu'on a ouverte il y a cinq ans, et pour laquelle on a adapté le bâtiment en construction, cela reste en travers de la gorge de la fermer dès la première année. Les quatre communes ont beaucoup investi dans cette école, on a un pourcentage de dépense pour l'enseignement plus important qu'ailleurs, c'est une volonté des communes", raconte Gabriel Rafat.

Si la nouvelle carte scolaire a été actée le 22 février dernier, il reste des motifs d'espoirs et de satisfactions pour les parents du RPI. Tout d'abord, il y aura un comptage, réalisé par l'inspectrice en charge du secteur d'Issoire à la rentrée, qui comptera chaque élève présent et pourra potentiellement ajuster le nombre de classes. "Mais ce sera d'ors et déjà sans l'enseignante actuelle qui doit déjà renseigner ses vœux pour l'an prochain, donc ce ne sera pas sans conséquences", explique Sophie Sauvat. Avec des constructions dans les quatre villages, l'espoir reste intact. 

Les élus au soutien du mouvement de Lamontgie

Même dans le cas où la classe ferme, "le combat reste intéressant. Dans l'ensemble des quatre villages, on n'a croisé personne qui n'était pas scandalisé par la question. C'est un non-sens, et les villages sont solidaires et se sont mobilisés. On sait aujourd'hui sur qui on peut s'appuyer quand cela ne va pas et sur qui on ne peut pas compter" explique Gabriel Rafat.

Loin de baisser les bras, le rassemblement de parents vise désormais l'avenir. "Si la classe ferme, le nouveau combat sera de la rouvrir. En attendant je vais solliciter l'agglomération du Pays d'Issoire pour avoir des intervenants en musique, en sport etc.. pour soulager les enseignants et les aider dans leurs projets", annonce Sophie Sauvat.