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On a testé un atelier de sensibilisation à la Sécurité Routière

Par Ombéline Empey… , Mise à jour le 03/03/2023 à 06:00

Et ce n'était pas si simple...! Un parcours immersif avec des lunettes de simulation d'alcoolémie a été proposé aux secondes du lycée St Jacques de Compostelle sur le site Anne-Marie Martel au Puy-en-Velay. Au total, cinq ateliers dédiés à la Sécurité Routière ont investi l'établissement pendant deux journées entières.

 

"Marcher entre les plots et dévier les obstacles sans les toucher ou les faire tomber n'était pas une fine affaire. Après avoir enfilé des lunettes de simulation de taux d'alcoolémie, j'ai dû tenter de marcher droit mais...j'avoue avoir fait tomber quelques plots. C'est que le casque est assez réaliste et l'immersion dans la peau d'une personne alcoolisée est réussie. Je voyais trouble, les mouvements de mes jambes étaient en décalage avec ma vision et mes sens complètement déboussolés. Bref, je ne pouvais marcher droit ! Et encore, je n'avais que le casque à 0,8 g d'alcoolémie. Imaginez-vous celui à 2 g... !"

La journaliste de Zoomdici donne ainsi ses premières impressions sur cette expérience in situ, une immersion dans la peau d'une personne sous l'emprise de l'alcool.

"On se rend vraiment compte des effets là, alors qu'en soirée, on ne se rend compte de rien !"

Cet atelier a su convaincre la quinzaine d'élèves présents. Anastasia, 17 ans, avoue être une fêtarde et avoir déjà été dans un état second durant une de ses soirées.

Avec ses amis, elle se souvient parfois avoir atteint la limite et pu perdre ses sens comme avec les lunettes : "Ça aide à savoir comment on est vraiment dans ces situations. On se rend vraiment compte des effets là, alors qu'en soirée, on ne se rend compte de rien !".

Un sentiment partagé par Maeva, 17 ans également, qui nous confie aussi de boire jusqu'au "black out", même si cela reste rare. Dans ces situations, elle avoue "ne pas voir les obstacles ou les personnes autour de moi". Une situation qui peut parfois être dangereuse quand elle rentre seule dans la rue, avec le risque de tomber sur une personne malintentionnée. 

Boire oui, mais en conscience 

Si les adolescents sont naturellement en quête de sensations et de découvertes, des opérations à l'instar de celles proposées au lycée Saint-Jacques-de-Compostelle peuvent les sensibiliser sur le côté obscur de l'alcool. Effets dans l'organisme, taux autorisés, tolérance à l'alcool selon sa corpulence et son état, danger des mélanges, danger des contextes (alcoolisé et au volant d'un véhicule), chapitre législatif...la théorie complète ainsi la pratique.

Un deuxième atelier autour du dosage des verres d'alcool ▼ 

Atelier du bar pédagogique. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Ici, les élèves attentifs ont tenté de doser les verres (les bouteilles n'étaient pas réellement remplies d'alcool) pour chaque alcool. Vin, bière, whisky, Pastis...Force est de constater que les comptes ne sont pas bons et qu'un verre de whisky plein n'a pas la même conséquence sur le corps qu'un verre plein de bière. 

"Tu as mis 2 doses et demi de pastis, là"

L'intervenant Rachid Assekah, IDSR (Intervenant départemental de sécurité routière) à l'accent bien chantant, s'est imposé comme le capitaine du bar éducatif. Ses interventions ? Des conseils précieux sur les doses maximales, l'importance d'avoir un "Sam" ou encore les différences de tolérances alcooliques propres aux hommes et aux femmes avec une "réglette de calcul spéciale Garçon et Fille".

Réglette de sensibilisation à l'alcoolémie de la Haute-Loire. Photo par Ombéline Empeyta Brion

"Un accident mortel sur quatre est un motard"

Frederick Astier, Brigadier en Chef de la Police Nationale, est aussi présent  lors d'un autre atelier, dans une salle d'à côté. L'agent de police aborde de son côté le code et les réglementations au niveau de la loi tant au niveau de la sécurité, de l'alcool ou encore des stupéfiants. 

Dans la salle 213, un simulateur de deux roues est proposé, cette fois par le service de l'éducation et de la sécurité routière de la préfecture, pour sensibiliser à la bonne conduite, au matériel de protections, à l'utilisation du téléphone portable au volant, la conduite sous stupéfiant ou encore la conduite en trottinette électrique de plus en plus usitée chez les jeunes.

"On en voit beaucoup qui viennent en 2 roues", constate Marianne Rochette- Mouyren, directrice adjointe du lycée St St Jacques de Compostelle. "Des jeunes souvent imprudents et parfois sans les protections nécessaires alors qu'on sait qu'un accident mortel sur quatre est un motard et que le risque d’être tué à 2 roues est 17 fois plus élevé qu’en voiture".

Apprendre les gestes qui sauvent

Avoir les bons réflexes en cas d'accident peut sauver des vies. En salle 106, au premier étage, le massage cardiaque est de rigueur. Ici, les élèves apprennent à reconnaitre un arrêt cardiaque, à pratiquer les gestes de premier secours, à utiliser les défibrillateurs et surtout à apprendre comment appeler les secours et savoir quoi leur dire.

Atelier de massage cardiaque encadré par l'association Coeur et Santé Photo par Ombéline Empeyta Brion

"Je sais qu'il faut agir vite ! Maintenant, je saurai faire !"

Corantine, 17 ans, est contente d'avoir pu expérimenter le massage cardiaque sur le mannequin, bien que l'exercice a pu être aussi sportif qu'éprouvant. "Je n'ai pas trop de sang froid, et dans ce genre de situation, je sais qu'il faut agir vite ! Maintenant, je saurai faire !"

L'intervenante Catherine Besse Hilaire, infirmière et bénévole à Cœur et vie 43, le souligne : "il suffit de 3 ou 4 minutes pour que les conséquences soient irréversibles. Cela peut tout changer."

Des ateliers riches en émotion

"Une élève est sortie de l'atelier à un moment, submergée par trop d'émotion", explique Maryse Masclaux, présidente de l'association Vivre et conduire. Des images fortes, des photos et vidéos d'accidents, parfois terribles, ont été visionnées par les élèves durant cet atelier. L'association, qui regroupe les proches et parents des victimes de la route, a tenu un atelier durant ces deux jours. 

"Est-ce que c'est normal de mourir à 20 ans?" 

Une question posée par l'intervenante, qui a forcément eu une réponse unanime de la part des élèves bien à l'écoute. À l'écoute d'autant plus des intervenants venus témoigner de leurs propres accidents. Aloys Chevalier, 20 ans, a été victime d'un accident de la route et est aujourd'hui en fauteuil roulant, paraplégique. "Des jeunes qui parlent aux jeunes, ça percute plus", souligne Maryse Masclaux.

Atelier de sensibilisation avec l'association Vivre et Conduire . Photo par Ombéline Empeyta Brion

Des outils pour les lycéens par des lycéens

En plus de ces traditionnelles journées de sensibilisation qui se déroulent chaque année dans l'établissement, un des ateliers : "le bar pédagogique" est un projet créé par les élèves du lycée.

Dans le cadre leurs études, des jeunes de la section ASSP (Accompagnement soins et services à la personne) ont ainsi construit ce comptoir à destination de leurs pairs, projet multidisciplinaire inscrit à l'épreuve de leur Grand Oral.

"On trouvait que c'était hyper important de sensibiliser sur ce thème, qui nous impacte de plus en plus"

Jessica, Maelys et Laelien ont présenté le parcours immersif avec fierté devant leurs camarades de seconde. "On veut vraiment pouvoir les prévenir, que ce soit pour maintenant ou pour quand ils seront étudiants".

Jessica, 18 ans, parle de son projet avec beaucoup de satisfaction, ravie de voir autant de bon retour sur le projet. "On trouvait que c'était hyper important de sensibiliser sur ce thème, qui nous impacte de plus en plus, surtout quand on voit les chiffres."

30 % des drames de la route liés à l’alcool au volant en France

Selon le site du Gouvernement, les accidents de la route sont la 1ère cause de mortalité et de handicap des 18-25 ans. Dans 1/4 de ces accidents, une alcoolémie excessive en est la cause. Chez les mineurs, c'est encore pire. Et les chiffres ne tendent pas vraiment vers la baisse. La mortalité routière des moins de 18 ans a augmenté de 20 % en 2021 par rapport à 2019. 

Parcours avec les lunettes d'alcoolémie. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Un couteau Suisse éducatif

Depuis un an, les élèves ont pu se documenter sur le sujet et construire ensemble un outil de sensibilisation. Parcours sensoriel avec le masque d'alcoolémie, distributions d'éthylotest, dégustations et présentation de recettes de cocktail sans alcool. Ce couteau Suisse éducatif a été créé pour pouvoir être réutilisé et présenté dans différents établissements. Le "bar pédagogique" devrait d'ailleurs prochainement être présenté au lycée généraliste du Puy et dans des collèges dans les semaines à venir. 

Au total, lundi 27 et mardi 28 février, ce sont ainsi cinq ateliers pédagogiques qui ont été proposés aux 150 élèves de seconde de CAP et BacPro du lycée Saint-Jacques-de-Compostelle. Deux journées similaires seront programmées l'année prochaine et les années suivantes.

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