Factures qui explosent, logements mal isolés, se chauffer et se nourrir, telle est la question… derrière les chiffres, c’est une réalité sociale qui s’accentue. Souvent invisibles, les jeunes figurent pourtant parmi les premiers concernés.
« Les jeunes font partie des deux catégories de personnes les plus touchées par la précarité, ce sont les jeunes et les femmes qui sont souvent des familles monoparentales », rappelle Marie Revet, conseillère technique Rénovation de l'habitat.
Un phénomène en expansion
De plus en plus présent dans le débat public, le sujet mobilise institutions et structures sociales. La Maison Départementale de l’Habitat, en partenariat avec la Mission Locale, mène des actions de sensibilisation et d’accompagnement auprès des publics jeunes : ateliers, diagnostics, aide aux démarches, conseils en consommation énergétique.
Avec un constat criant des hausses des factures d'électricité, impossibilité de se chauffer correctement, ou encore de trouver un nouveau logement lorsque l’étiquette énergétique est mauvaise.
Comprendre la précarité énergétique
La hausse des prix de l’énergie combinée à des revenus faibles conduit beaucoup de jeunes à réduire drastiquement leur consommation. Pour certains, il s’agit de choisir entre chauffage et alimentation.
« Ce n'est pas l’étiquette énergétique qui prime pour eux, mais derrière, il faut qu'ils fassent un choix, se nourrir et se chauffer », souligne Marie Revet.
« On n'a plus le droit de louer des logements classés G, ni d'augmenter le loyer sur des logements en F. » Marie Revet
En effet, les DPE (diagnostics de performance énergétique) permettent de déterminer des réglementations qui visent à protéger les locataires. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, les logements classés G ne peuvent plus être mis en location. Ceux classés en F le seront à partir de 2028. Pour l'heure, les loyers de ces deux types de logements, considérés comme "passoires thermiques", ne peuvent faire l'objet d'une augmentation du loyer.
La Haute-Loire confrontée aux passoires thermiques
Malgré cela, les situations de détresse se multiplient. « Ce n’est pas une situation nouvelle, mais elle prend de l’ampleur chaque année. Et avec la hausse du coût de l’énergie, elle va encore empirer », constate Marie Revet. En Auvergne-Rhône-Alpes, 21 % des logements sont des passoires thermiques, quand la Haute-Loire en comptabilise 37 %.
« On a des jeunes qui sont en emploi et qui n’arrivent pas à s'en sortir. » Marie-Laure Souvignet-Joaquim
Face à l’urgence, la Mission locale accompagne des profils de jeunes très variés, de celui sans qualification ni travail à celui qui a connu des accidents de la vie ou ceux qui n’osent pas demander d’aide, ainsi que ceux qui travaillent et, pourtant, peinent à joindre les deux bouts.
Des gestes qui font la différence
Lors d’une rencontre organisée le vendredi 21 novembre dernier par la Mission Locale, une dizaine de jeunes ont assisté à différents ateliers pour les informer sur :
- les Diagnostics de Performance Énergétique (DPE), pour les comprendre et les interpréter avec les réglementations associées.
- une balade thermographique autour de la mission locale a ensuite permis d’observer, grâce à une caméra thermique, les principales déperditions d’énergie des bâtiments.
- des différentes applications pour suivre leur consommation énergétique, ainsi que des comparateurs d’offres pour le gaz et l’électricité.
- des informations sur le chèque énergie afin de rappeler son utilité et ses modalités.
- des astuces à intégrer à leur quotidien comme le suivi de leur consommation, des écogestes en évitant de surchauffer.
Pour conclure, des kits d’écogestes ont été distribués, comprenant des ampoules basse consommation, du matériel pour refaire les joints de fenêtres, des multiprises avec interrupteur, des mousseurs de robinet, un thermomètre d’intérieur ou encore un sablier de douche, des astuces pour permettre à chacun d'adapter sa consommation.
"Tous n’ont pas la chance d'avoir des parents aidant"
L’ADIL accompagne également les jeunes pour les questions juridiques, souvent confrontés à des démarches complexes : « on est sur des questions qui, pour un adulte, paraissent communes, mais pour les jeunes ce n'est pas forcément évident. Tous n’ont pas la chance d'avoir des parents aidants », explique Marie-Laure Souvignet-Joaquim, conseillère sociale et familiale à la Mission locale.
Selon les situations, et comme l’indique Marie-Laure, les conseillers peuvent « solliciter des aides financières auprès de différents organismes pour essayer de réguler la situation, en fonction de la situation. » Pour mettre en place des échéanciers ou des dossiers de surendettement.
Un enjeu majeur pour les années à venir
L’accès à l’autonomie des 18-30 ans reste un enjeu complexe, marqué par des difficultés sociales, économiques et environnementales persistantes. La précarité énergétique n’est pas un phénomène nouveau et continue de fragiliser de nombreux jeunes. Bien que des dispositifs d’accompagnement existent, ils mériteraient d’être davantage connus.
illustration
Photo par pixabay