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(1/2) Les héritages enfouis de l'ancienne décharge refont surface dans la Loire

, Mise à jour le 28/08/2025 à 06:00

Au détour d'un paisible sentier, sous l'ancien site d'enfouissement de la Pépinière du plateau des Baraques, des déchets s'écoulent vers le fleuve. Une pollution discrète mais continue, héritage d'une décharge devenue invisible. 

Une enquête en deux volets qui dénonce une pollution d'une ampleur insoupçonnée. 

Un passé encombrant

Entre 1965 et 1992, le centre d'enfouissement de la Pépinière a reçu tout ce dont on ne voulait plus : environ 140 000 m³ de détritus divers et 30 000 m³ de boues issues de la station d’épuration de Chadrac. À l’époque, pas de tri sélectif. Tout était jeté dans ce vaste site en surplomb de la Loire, y compris des déchets industriels.

En 2014, plus de vingt ans après la fermeture, un projet de réhabilitation est engagé par la communauté d'agglomération, à l'occasion du chantier du contournement du Puy-en-Velay. Les boues et déchets sont mélangés selon un procédé novateur, puis recouverts d’une couche d’argile d’un mètre d’épaisseur, d'une membrane géotextile et de terre végétalisée. Coût total : 2,2 millions d’euros HT.

Sous le monticule, l'ancienne déchetterie enfouie...
Sous le monticule, l'ancienne déchetterie enfouie... Photo par DR

Un écoulement discret mais tenace

Sur le chemin de randonnée au pied des falaises sur lesquelles se trouvait l'ancienne déchetterie, rien ne trahit le problème. Mais en sortant du tracé, le paysage change : des déchets sont accrochés aux rochers, retenus par des racines ou coincés dans des anfractuosités, suivant le lit d'un ruisseau à sec en cette période.
Des bouteilles en plastique aux tambours de machines à laver, en passant par les plaquettes de médicaments et les pneus, la société humaine a laissé son empreinte. Quelques centaines de mètres en contrebas, la Loire reçoit les fragments d’un passé mal refermé.

Même si la crue de la Loire de l’an dernier sur le secteur de Coubon a partiellement "nettoyé" la berge à l’endroit du rejet, le constat est sans appel : depuis des années, ce sont des milliers de déchets qui, peu à peu, glissent vers le fleuve.

Des déchets en cascade
Des déchets en cascade Photo par DR

"Un bloc de déchets s'est détaché"

Créé en 2002, le SYMPTTOM (Syndicat Mixte Pour le Tri sélectif et les Traitement des Ordures Ménagères et assimilées) gère la question des déchets pour plusieurs collectivités. Depuis l'an dernier, la communauté d'agglomération du Puy en Velay lui a confié le suivi de l'ancienne décharge de la Pépinière.

Quand nous l'alertons, la réaction est immédiate : le vice-président, Gilles Kaczmarek, et le responsable des sites d'enfouissement, David Bedenik, se rendent aussitôt sur le terrain. Ensemble, nous remontons au lieu que nous pensons être à la source de la pollution, au pied des falaises basaltiques du plateau des Baraques, exactement en dessous de l'ancienne déchetterie enfouie.

Les chaussures dans les déchets, le regard en direction des falaises, ils constatent l'évidence : un bloc de déchets s'est détaché. "Est-ce lors de l'enfouissement ou bien avant, par un glissement de lit à force d'accumulation... La façon dont ça s'est passé, on ne le saura jamais. ", admet M. Kaczmarek. "Mais c'est nous qui en avons hérité et maintenant, on va régler le problème".

Les représentant du SYMPTTOM découvrent le site
Les représentant du SYMPTTOM découvrent le site Photo par DR

Mais avant les pelleteuses, il y aura les papiers. La phase administrative s'annonce longue : propriétaires des terrains, DREAL, agence de l'eau... Autant d'acteurs à consulter, autant de législations à concilier. Une fois le marathon administratif terminé, dans plusieurs mois, le chantier pourra enfin commencer : extraction du bloc à la source de la pollution, puis nettoyage de l'écoulement des 500 mètres de déchets qui le séparent de la Loire. Plusieurs semaines de travail en perspective.

Rappelons que le meilleur déchet reste celui qu’on ne produit pas. D’après l’ANCT, chaque habitant a généré 611 kg de déchets en 2021, contre 587 kg en 2019. Une hausse qui rappelle que la réduction à la source est encore un défi majeur...

Des déchets qui nous renvoient à notre consommation...
Des déchets qui nous renvoient à notre consommation... Photo par DR

Le dossier est ouvert : oui mais...

Sur place, les deux hommes sont déjà en action : téléphone en main pour récupérer les références cadastrales et prises de photos, échanges techniques sur les engins à déployer, estimation du budget nécessaire... Après être longtemps passé inaperçu, le dossier de la fuite des déchets de la Pépinière est bien sûr la table désormais.

Si traiter les pollutions héritées du passé est indispensable, la question de nos déchets actuels reste tout aussi urgente. "Personne ne semble voir les déchets quand les professionnels font leur travail. Les gens les voient seulement quand un ramassage se fait en retard ou quand il y a un problème", constate M. Kaczmarek avec, nous paraît-il, une pointe d'amertume.

Mais au moment où nous pensions vous avoir dévoilé le fil du problème, un autre surgit : une découverte inattendue, tout aussi complexe, qui change la donne. Une hécatombe révélée dans le second volet de l'enquête.  

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