Un post sur Facebook, des affiches sur les bacs de collecte, des vêtements qui jonchent le sol, c’est le triste constat dressé par Emmaüs. Pour les membres de la structure altiligérienne, c’est la première fois qu’ils doivent se résoudre à suspendre momentanément les collectes de textiles.
Un cheminement bien ficelé
Présente sur le territoire depuis plusieurs décennies, Emmaüs 43 a su valoriser le réemploi. Au-delà de redonner une seconde vie à des vêtements, meubles ou objets, la structure lutte contre la surproduction en répondant à une demande réelle. Elle permet aussi à des personnes en insertion de retrouver une activité professionnelle, dans un modèle à la fois solidaire et équitable.
Morgane Vigne, chargée de communication pour Emmaüs détaille la procédure « on trie le vêtement. s'il est OK, il part dans nos rayons et est remis en vente. Mais tout ce qui ne peut pas être remis en vente, est mis au rebut et est récupéré régulièrement par le relais ou le tri d’Emma ».
Mais aujourd’hui, pour la première fois en trente ans, cette mécanique bien huilée est mise à mal. Le relais et le tri d’Emma croulent sous les tonnes de textile dont on ne peut plus rien faire, ils ont alors cessé le ramassage. « Ils ne viennent donc plus récupérer nos vêtements que l'on met au rebut », ajoute Morgane, un stock qui reste sur place et prend de la place.
Une économie mondiale
La crise que traverse aujourd’hui la filière textile s’inscrit dans un contexte mondial de plus en plus complexe, où les échanges internationaux sont perturbés par les tensions politiques et économiques. Une réalité qui impacte directement la chaîne des dons.
Mais le problème réside également sur la manière de consommer : la fast-fashion, et plus récemment l’ultrafast-fashion bouleversent les habitudes : le vêtement devient un produit jetable, acheté à bas prix, sans réelle possibilité de réemploi.
« Il y a eu une baisse de la qualité des dons parce que beaucoup de vêtements ne sont plus en coton, on achète auprès d'enseignes comme Shein ou Temu, c'est de la mauvaise qualité et c'est quasiment impossible que le vêtement ait une seconde vie, on ne peut rien en faire » indique Morgane Vigne.
À l’échelle nationale
Refashion, éco-organisme français
Refashion est chargé de la collecte, du tri et du recyclage des textiles, linge de maison et chaussures usagés. Sa mission : promouvoir l’économie circulaire dans le secteur textile en facilitant leur réemploi, recyclage ou valorisation, afin de réduire l’impact environnemental de la mode.
Face à une situation inédite, Emmaüs France a rapidement multiplié les démarches pour tirer la sonnette d’alarme. Dès la fin de l’été, l’organisation a sollicité Refashion, un éco-organisme, pour demander des mesures d’urgence. En parallèle, elle s’est tournée vers le ministère de la Transition écologique afin d’alerter sur la gravité de la crise et a fait appel aux collectivités locales pour demander des espaces de stockage temporaires.
Une décision temporaire
Emmaüs insiste sur le caractère provisoire de cette décision. Dès que les conditions le permettront, la collecte reprendra, l’association espère le plus rapidement possible. Confrontée à une saturation de ses capacités de tri et de stockage, Emmaüs 43, comme les structures partenaires, n’a eu d’autre choix que de suspendre temporairement l’accueil des dons textiles.