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La Haute-Loire, "nouveau territoire de feu"

Par fab.civ43120@y… , Mise à jour le 26/08/2025 à 06:00

Lors d'un entretien au sein du Service Départemental d'Incendie et de Secours basé à Taulhac, et qu'il dirige en tant que directeur, le colonel Frédéric Robert, revient sur le risque feux de forêt concernant le département de la Haute-Loire.

Temps de lecture : 12 minutes

En Haute-Loire, les matinées restent fraîches, mais le risque de feux de forêt demeure élevé.

En effet, selon le colonel Frédéric Robert, "on observe un allongement des périodes de risque de feux de forêt en Haute-Loire, allant de la fin du printemps aux prémices de l'automne, le risque de feux est grandissant depuis quelques années maintenant, même si par le passé nous avons déjà eu de grandes surfaces concernées". 

La Haute-Loire promise à un avenir enflammé

Depuis 2022, le département de la Haute-Loire "est classé nouveau territoire de feu suite à une décision ministérielle". Cette même année est d'ailleurs "la référence avec 500 départs et 400 hectares parcourus, de ce que pourraient devenir les étés altiligériens dans un délai de 10 à 15 ans" d'après le directeur du SDIS.

Les facteurs expliquant cette évolution ne sont pas propres à notre département. Il convient de dézoomer quelque peu pour se rendre compte que le réchauffement climatique semble se traduire de diverses manières un peu partout sur le globe.

"Pour la Haute-Loire, cela se traduit par une végétation se vulnérabilisant, dépérissant en raison de l'évolution des conditions météo avec une baisse des précipitations, une hausse des températures, mais également du vent ", selon le Sdis.

"Nos forêts deviennent plus vulnérables"

Le réchauffement climatique impacte les océans, les mers, les forêts de par le monde. Ce fait accroit le risque "de feux se propageant plus vite, difficiles à contrôler". Les variétés végétales sont également un facteur à prendre en compte, le département est recouvert de grandes surfaces de résineux, lesquels émettent "des distillats lorsqu'il fait chaud", et constituent en conséquence "un combustible favorisant la propagation".

Si l'on descend d'une strate, ce sont "les genêts, les herbes sèches ainsi que les cultures sur pieds"(champs de céréales non moissonnés par exemple) qui peuvent être victimes de l'appétit du feu et susciter son évolution.

Le patron des pompiers altiligériens nous explique que, via le "Plan Départemental de Protection des Forêts contre l'Incendie (PDPFCI), des zones parmi les plus à risque du département sont recensées". 

Cela concerne par exemple "les Monts du Livradois", densément peuplés de résineux, mais revêtant une teinte léopard du fait du dépérissement des sapins notamment, lesquels deviennent brunâtres et finissent par devenir du bois mort sur pied. Deux autres zones sont identifiées telles que "le Val d'Allier ainsi que la basse Vallée de la Loire".

"Nos forêts deviennent plus vulnérables qu'avant", à tel point que "l'on se rapproche de ce qu'il se passe déjà dans les départements voisins de l'Ardèche ou de la Lozère, cette vulnérabilité se traduisant par des feux dont la fréquence se resserre." Le Sdis 43

Alors que cette menace devient récurrente, le colonel Robert nous explique que face à celle-ci, "des groupes d'intervention de feux de forêt sont prépositionnés", afin d'agir au plus vite dès l'alerte donnée. Cette année encore, ils ont été engagés sur certains départs naissants.

Le colonel Frédéric Robert, directeur et chef de corps du SDIS 43
Le colonel Frédéric Robert, directeur et chef de corps du SDIS 43 Photo par Sdis 43

Aussi déplorable que cela puisse paraitre, "9 feux sur 10 sont liés à l'activité humaine"

Il est une réalité indiscutable selon laquelle l'activité humaine se superpose au risque naturel, voire le surpasse. 

Le directeur du SDIS rappelle que "9 feux sur 10 sont liés à l'activité humaine", ajoutant que "les comportements seront à revoir, les barbecue, feux d'artifice, travaux agricoles et forestiers... devront être adaptés comme dans certaines communes du sud de la France."

"Tout est question de bon sens, tout comme il convient de ne pas jeter de mégot de cigarette dans la nature, chose trop observée encore aujourd'hui". Sdis 43

La prévention par le débroussaillement 

La prévention passe également par "le débroussaillement", lequel implique tant "les particuliers que les collectivités". "Certains abords d'axes routiers du sud du pays sont parfois débroussaillés jusqu'à 50 mètres de part et d'autres de la route. Il n'est toutefois pas encore question de cela chez nous".

Même si ces travaux peuvent être ressentis comme un fardeau, il est un argument indéniable que nous délivre le colonel : "il s'agit de se protéger soi-même ainsi que sa maison, mais cela protège aussi l'espace qui nous entoure d'un feu qui pourrait partir de chez soi".

Par ailleurs, en cas d'incendie arrivant en zone habitée jouxtant une partie boisée, la maison peut constituer "un îlot de survie par le confinement en attendant que le feu passe", ce qui rend le débroussaillage essentiel.

"Conduire une politique de reboisement globale reste compliqué, car chaque propriétaire procède aux choix que bon lui semble". Sdis 43

De nombreux choix doivent être faits dès aujourd'hui en matière de prévention et lutte incendie

Pour ce qui concerne la ressource sylvicole, une problématique soulevée par le colonel Robert provient du fait "qu'une immense majorité de la forêt altiligérienne est privée, avec une constellation de parcelles et de multiples propriétaires". Ce constat posé, "conduire une politique de reboisement globale reste compliqué, car chaque propriétaire procède aux choix que bon lui semble".

"Dans le domaine domanial, l'approche est différente et intègre cette évolution", laissant place à la recherche de nouvelles essences adaptées aux conditions météo évolutives.

De gros véhicules d'appui alimentent en eau les véhicules d'attaque Photo par SDIS 43

"Un plan d'investissement à hauteur d'1,7 million d'euros"

D'évolution, il en est également question quant aux matériels à adopter dans ce qu'il convient d'appeler parfois une guerre. Nos soldats du feu altiligériens bénéficient, à travers "un plan d'investissement débuté en 2022 et alimenté par l'Etat à hauteur d'1,7 million d'euros", de nouvelles acquisitions.

Ces dernières répondent à plusieurs problématiques : le patron des pompiers de Haute-Loire vante à juste titre un "parc rajeuni, polyvalent, plus performant". La polyvalence implique "qu'un véhicule va pouvoir traiter plusieurs types de missions par exemple de l'incendie comme de l'inondation". 

La performance s'allie à la sécurité afin que le véhicule serve lui aussi d'îlot de survie aux personnels s'ils devaient être trop exposés au feu. Les cabines bénéficient d'une autoprotection (comprendre aspersion d'eau à l'extérieur autour du camion) ainsi que d'air respirable

Ce ne sont pas moins d'une trentaine de véhicules relevant de l'incendie qui viendront étoffer le parc déjà existant, parmi lesquels des véhicules dits d'attaque, allant chercher le feu et d'appui, plus volumineux pour un apport en eau plus important.

Ces derniers sont présents pour faire face à un feu de forêt intense et pour lequel il faut un débit d'eau plus important, de 500 à plus de 1000 litres minutes, voire plus.

Ces acquisitions sont cruciales pour la question de la gestion de l'eau laquelle se raréfie parfois en certains endroits, et surtout pour "préserver au mieux l'eau potable destinée à usage domestique". Via leur capacité volumétrique, plus d'eau peut être transportée sur des zones en déficit. 

D'importants moyens sitôt l'alerte donnée

Ce n'est pas parce que la flotte gagne en polyvalence et en performance qu'il y a moins d'engagements matériel et humain lors des interventions, car en matière de feu de forêt, la doctrine est de frapper vite et fort sur un départ.

Le colonel Robert précise que "la lutte se joue dans l'évitement de la survenue du feu, mais aussi de son développement catastrophique".

Le SDIS de Haute-Loire a adopté cette "stratégie française d'attaque massive sur feu naissant, laquelle se traduit par une réponse aéroterrestre avec des moyens conséquents pour éviter des feux tels que celui de l'Aude" de ces dernières semaines.

"Il est impératif de ne pas subir le feu, et pour cela il faut mettre toutes les chances de notre côté. Il vaut mieux avoir trop de moyens et ne pas en avoir besoin". Sdis 43

Cette vision des choses prend tout son sens lorsque le responsable des sapeurs-pompiers du département avance le coût "7 000 euros par hectare brulé" en termes de moyens. Et d'ajouter "qu'il faut voir l'économie réalisée grâce à la mobilisation, en terme d'hectares sauvegardés".

Un bilan 2025 jusque-là satisfaisant

À l'heure de l'écriture de ces lignes, l'officier dresse un "bilan 2025 pour l'instant satisfaisant", avec une quinzaine de journées classées risque sévère ou très sévère, et un déploiement de dispositifs préventifs à ce moment-là.

Deux feux significatifs en termes de surface ont nécessité l'intervention" de nombreux secours : 50 hectares et 100 hectares, ce qui reste sur des surfaces "acceptables". Environ "40 départs ont été enregistrés depuis juin."

Par ailleurs, "une dizaine d'engagements furent déclenchés pour tous les feux majeurs du sud de la France, dans les Bouches-du-Rhône, l'Hérault, et l'Aude. À chaque fois, se sont 30 personnels qui se déplacent, allant engranger de l'expérience. Ceci se révèle une véritable plus-value et un vécu profitable pour les feux que nous avons ici."

 

 

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