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Retard de la déviation St-Hostien/Le Pertuis : « On le prédit depuis le début !»

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 20/01/2023 à 12:00

Deux ans de retard. Cette mise à jour ne vient pas des opposants écologistes mais de la Région elle-même à travers le dernier bulletin municipal du Pertuis. Renaud Daumas, fervent antagoniste à la déviation en question, livre ne pas être surpris par cette annonce du Conseil régional.

Dans l'article, un sous-dossier sur les "mensonges de Laurent Wauquiez", qualifiés ainsi par les opposants à la déviation.

Ajout de la rédaction : Face à d'innombrables commentaires indiquant le fait que Renaud Damaus est lyonnais et qu'il n'habite pas en Haute-Loire, nous souhaitons préciser que cela est faux. Si Renaud Daumas est bien Conseiller régional dans le groupe des écologistes, il est maraicher à Retournac, sa commune de résidence. Il vend ses produits sur le marché du Puy le samedi matin et sur d'autres marchés en Haute-Loire en semaine.

« La RN88 avance pour vous ! » est-il écrit en lettre bleue sur fond blanc. Peut-être. Mais pas vraiment à la vitesse prévue quand Laurent Wauquiez, Président de la Région Auvergne, affirmait en 2020 la mise en service de la déviation Saint-Hostien/Le Pertuis en 2025.

D’après le bulletin municipal du Pertuis, il est ainsi indiqué que, finalement, 2023 serait consacré pour les travaux préparatoires, les fouilles archéologiques et la déviation des réseaux. La construction des ouvrages d’art s’établirait entre 2022 et 2026. La chaussée et la pose des équipements de sécurité verraient le jour en 2026. Et les voitures, motos et camions pourraient alors user leurs gommes à l’horizon 2027.

Dans le bulletin municipal du village du Pertuis.
Dans le bulletin municipal du village du Pertuis. Photo par Nicolas Defay

« Pendant ce temps-là, on continue à dilapider l’argent public, c’est-à-dire votre argent à vous tous »

« Je ne suis pas surpris !, lance l’écologiste Renaud Daumas, Conseiller régional. On le prédit depuis le début. Et pendant ce temps-là, on continue à dilapider l’argent public, c’est-à-dire votre argent à vous tous. » Il ajoute aussi : « Si la Région avait pris le temps d’étudier les alternatives que nous proposions au mois de juin 2020 alors les habitants de ces deux villages auraient déjà pu en bénéficier. Des alternatives nettement moins démesurées et coûteuses que le projet de la Région ».

« Une éventuelle action ultra violente des dangereux planteurs de patates »

Le premier prend la forme d’une déclaration de Laurent Wauquiez dans le journal L’Éveil à l’occasion des vœux de la Communauté d’Agglomération du Puy-en-Velay. Le Président de la Région AuRa s’exprime ainsi : « Il y a des gens extérieurs au département qui viennent planter des pommes de terre et nous expliquer qu’on est condamné à avoir des infrastructures qu’on ne peut jamais améliorer ».

Ce à quoi les opposants répliquent : « L'opération patates a été très médiatisée et très bien perçue. De nombreuses photos existent et même des vidéos avec les caméras de FR3. Aussi, il est très simple de vérifier que la grande majorité des présents sont du coin ».

Ils ajoutent aussi : « Et au vu des dispositifs policiers à chaque fois mis en place pour appréhender une éventuelle action ultra violente des dangereux planteurs de patates, il est fort probable que les Renseignements Généraux aient nos noms, âge, domicile et compagnie ».

« En quoi l’enclavement de notre département serait un frein à son dynamisme ? »

Deuxième mensonge de Laurent Wauquiez selon les opposants aux chantiers de la RN88, celui de la Haute-Loire caractérisée d’enclavée. « Mais en quoi l’enclavement de notre département serait un frein à son dynamisme économique ?, demandent-ils. Le postulat du désenclavement comme condition du développement économique est depuis longtemps contesté par toutes les études et évaluations ».

À titre d’exemple, ils mentionnent deux autres villes auvergnates. « Il n’y a qu’à observer les situations de Moulins et d'Aurillac. Largement désenclavée et accessible par l’A77, Moulins est une ville aujourd'hui très fragile, où les départs d'actifs sont supérieurs aux arrivées. À l’inverse, Aurillac est en quelque sorte protégée par son enclavement en maintenant une polyvalence de ses activités. Une infrastructure routière fonctionne dans les deux sens : si elle peut irriguer un territoire, elle le draine aussi ».

Une 2X2 voie sur les viaducs du Ramel et du Lignon

« J'amènerai la 2X2 voie jusqu'au Puy ». Cette promesse de Laurent Wauquiez serait le troisième mensonge toujours listé par les mêmes personnes, collectifs et associations. « Depuis le début, le Président de la Région prêche à tout-va que la 2X2 voie reliera sans discontinuer Saint-Étienne au Puy-en-Velay. Ah bon ? Il va aussi la mettre en place sur les viaducs du Ramel et du Lignon ? »

Enfin, la Lutte des sucs tient à répéter une énième fois : « Non, nous ne nous sommes jamais opposés à la construction du doublement d’Yssingeaux comme ce que Laurent Wauquiez le fait croire à tout le monde ! »

« Avoir un vrai réseau de transports en commun en Haute-Loire ! »

À la question de savoir justement quelles sont les solutions imaginées par les écologistes et les associations de défense de l’environnement, Renaud Daumas partage : « Déjà, avoir un vrai réseau de transports en commun en Haute-Loire ! Tout le monde est obligé d’avoir sa voiture dans notre département car il n’y a pas aucune efficacité sur le sujet. »
Il continue en ce sens : « Dans le département voisin qu’est l’Ardèche, il y a une vraie offre. Il est donc possible de créer ce genre de réseau en milieu rural ».

Renaud Daumas, en lutte depuis la pose de la première pierre du chantier, apporte encore : « Une petite déviation est également tout à fait envisageable, beaucoup moins longue et beaucoup moins chère ! Ou pourquoi pas une déviation pour les seuls poids-lourds. Et pour éviter les accidents notamment frontaux, pourquoi ne pas simplement apposer une barrière de sécurité centrale sur la route existante ? »

Renaud Daumas, Conseiller régional EELV, a partagé quelques sujets brûlants à la presse.
Renaud Daumas, vice président de FNE43 Photo par Nicolas Defay

« Ces professionnels eux-mêmes étaient inquiets »

Est-ce que ce retard était prévisible pour Renaud Daumas ? « Mais bien sûr ! Quand ils ont commencé le chantier, ils n’avaient pas terminé les études piézométriques pour estimer l’humidité des sols, ni les études pédologiques. Les foreurs que nous avons rencontrés nous disaient qu’ils étaient à 30 mètres de profondeur et qu’ils sortaient toujours de l’argile sans atteindre la roche dure. »

Il mentionne alors : « Ces professionnels eux-mêmes étaient inquiets car ils ne savaient pas comment les ouvrages d’art en projet pourraient se reposer sur un sol aussi meuble et trempé ».

« La Région et le Préfet ne sont pas sereins sur la légalité du projet, ils cherchent à gagner du temps sur l’achat de foncier et sur la mise en œuvre des mesures compensatoires. Plus ils attendent, plus il y aura de l’argent public dépensé pour rien ». Renaud Daumas

« Une déviation qui ne verra peut-être jamais le jour »

« Nous craignons que des millions soient dépensés pour rien, avertit Renaud Daumas. Il est même possible que tout ce qui a été réalisé et tout ce que va encore édifier la Région sur ce chantier soit jugé illégal à terme. »

Il s’explique : « Ça fait deux fois que les instructions de nos dossiers juridiques sont closes et deux fois que la Région et la Préfecture de la Haute-Loire les rouvrent sans ajouter d’arguments supplémentaires. Cette façon de faire est uniquement pour gagner du temps. Un temps où des flots d’euros coulent de la poche des contribuables pour une déviation qui ne verra peut-être jamais le jour ».