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Fronde contre la venue du nationaliste Yvan Benedetti (1 sur 2)

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 08/01/2023 à 06:00

À 16 heures ce samedi 7 janvier, environ 200 personnes se sont retrouvées devant la préfecture du Puy pour protester contre la tenue d’une conférence à la librairie des Arts Enracinés. Les intervenants ? L’avocat d’extrême droite Pierre-Marie Bonneau et le chef des Nationalistes Yvan Benedetti.

Treize organisations telles que la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), le Resf (Réseau éducation sans frontières), Déclic citoyen ou encore plusieurs syndicats ont répondu à l’appel du Rafahl (Réseau Anti Fascistes Haute-Loire) en ce samedi du 7 janvier. Ces derniers ont rapidement mis en route toutes les forces vives pour se dresser contre un évènement en place de la librairie des Arts Enracinés, librairie qui n’est pas à son premier coup de pression sur le sujet.

« Faire la défense des Nationalistes, c’est faire la défense des délinquants et des criminels ! »

Cette fois, la colère a été provoquée par l’organisation d’une conférence intitulée « L’évolution de la répression et des lois anti-nationalistes » par l’avocat Pierre-Marie Bonneau aux côtés du patron des Nationalistes lui-même, Yvan Benedetti. « Jusqu’alors, jamais autant d’organisations, de syndicats, de partis ne s’étaient associés à nous dans cette lutte, parle un membre du Rafalh. Nous nous félicitons de ce front antifasciste unitaire ! »

« Le titre de la conférence est flagrant, partage encore le militant du collectif antifa. Il parle de la répression des Nationalistes. L’extrême droite qui est condamnée aujourd’hui, c’est celle jugée pour antisémitisme. Ce sont les mêmes qui assassinent des joueurs de rugby ou des kurdes. Faire la défense des nationalistes, c’est faire la défense des délinquants et des criminels ! »

« La lutte contre les idées d’extrême droite est un combat qui devrait être évident, toute appartenance politique confondue. Tout le monde est concerné. Tout le monde et toutes les générations ». Un manifestant présent au rassemblement

« Deux personnes qui sont ouvertement antisémites et négationnistes »

À ses côtés, deux jeunes femmes expliquent les raisons de leur présence au rassemblement. « On est ici pour demander la fermeture de ce local fasciste, lance la première. Aujourd’hui, nous avons au Puy deux personnes qui sont ouvertement antisémites et négationnistes. Yvan Benedetti a été condamné à plusieurs reprises pour son racisme totalement assumé. La venue de ces deux indésirables n’est pas du tout anodine ».

Elle continue en ce sens : « Si on ne montre pas de réactions claires, on laissera croire que ces gens peuvent poursuivre l’expression de leurs idées nauséabondes. Et ça, ce n’est pas possible ! »

Les limites de la liberté d’expression

À la mention du respect de la liberté d’expression, sa camarade soulève : « Il ne peut y avoir de liberté d’expression pour des idées qui sont interdites telles que la théorie du négationnisme de la Shoa par exemple. »

Elle ajoute également : « D’autre part, il y a une vraie différence entre ce qui est légal et ce qui est légitime. En tant que citoyen, nous avons le devoir de s’insurger contre des idées qui ne seraient pas forcément illégales aux yeux de la justice mais qui resteraient inacceptables ! »

Jeunes et moins jeunes, ensemble contre la présence du nationaliste Yvan Benedetti.
Jeunes et moins jeunes, ensemble contre la présence du nationaliste Yvan Benedetti. Photo par Nicolas Defay

« Notre ville n’est pas une ville d’extrêmes. J’en appelle à la sagesse à tout point de vue ». Michel Chapuis

Les banderoles et les affiches ne sont pas très nombreuses. Tout comme les élus de la ville ou du territoire altiligérien qui semblent préférer imiter les « trois singes de la sagesse » ***. Seuls Renaud Daumas, Conseiller régional écologiste, et Laurent Johanny, élu de l'opposition à la ville du Puy-en-Velay battent le sable du Breuil avec les autres 200 personnes.

Au détour d’un reportage précédent, Zoomdici a tout de même arraché quelques mots au Maire du Puy, Michel Chapuis, sur le programme de la librairie des Arts Enracinés et du contre pouvoir antifa. « Les extrêmes dans un sens ou dans un autre ne sont pas une bonne chose. Pour le vivre ensemble, ce n’est pas absolument pas ce que je souhaite pour la Ville du Puy. On travaille ensemble avec la préfecture pour prendre des mesures. Il doit certes y avoir l’expression de la démocratie mais je ne sais pas si on peut appeler ça de la démocratie ».

Il continue : « J’ai le sentiment qu’il y a de la provocation de la part des deux parties opposées. Il y a une sorte de symétrie qui se fait entre elles, une symétrie qui se révèle très mauvaise pour la ville du Puy. Notre ville n’est pas une ville d’extrêmes. J’en appel à la sagesse à tout point de vue ».

« Concernant ce local qui se cache sous l’image bienveillante d’une librairie de livres anciens, il est vendu entre autres « L’Ordre SS », interdit de circulation en France. On ne veut pas de ce prosélytisme là qui reste impuni. Le risque de voir des gens ultra violents prendre racine ici est réel ». Un manifestant

« L’anagramme d’Hilda Lefort signifie Adolf Hitler. N’est-ce pas là d’une violence extrême ? »

Maxime Sanial, patron de la librairie des Arts Enracinés, fait remarquer qu’aucune action, marche ou manifestation ne se forment à chaque fois qu’un intervenant d’extrême gauche est invité dans la librairie opposée du Beluga. « Au Béluga, les conférenciers ne propagent pas des idées dangereuses, se défend une militante présente au rassemblement. C’est une différence majeure ! ».

« À la marge d’une conférence qu’aurait dû tenir Hilda Lefort en août 2022 dans le local fasciste, un couple a été agressé, rappelle-t-elle. Et soit dit en passant, l’anagramme d’Hilda Lefort signifie Adolf Hitler. N’est-ce pas là d’une violence extrême ? »

*** : Les singes de la sagesse (aussi appelés « les trois petits singes ») est un symbole d'origine asiatique constitué de trois singes, dont chacun se couvre une partie différente du visage avec les mains : le premier les yeux, le deuxième la bouche et le troisième les oreilles. Ils forment une sorte de maxime picturale : « Ne pas voir le Mal, ne pas entendre le Mal, ne pas dire le Mal ».

Les manifestants souhaitent la fermeture de la librairie de la Rue Raphael.
Les manifestants souhaitent la fermeture de la librairie de la Rue Raphael. Photo par Nicolas Defay