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Le projet "Loire Sentinelle", sur les traces de vie et de plastique...

Par . . , Mise à jour le 05/05/2022 à 12:00

Pendant 3 mois, Barbara RETHORE et Julien CHAPUIS, les deux initiateurs du projet scientifique indépendant Loire Sentinelle, vont descendre le fleuve depuis les sources jusqu'à l'estuaire, sur leur canoé. Leurs observations et les prélèvements effectués permettront une meilleure connaissance de la biodiversité et de la plasticodiversité des eaux. L'équipe de SOS Loire Vivante les accompagne jusqu'à Aurec-sur-Loire.

1012 kilomètres. La longueur du fleuve, la distance à parcourir. 3 mois pour aller au bout. "Le rythme est lent, précisent tout de suite les deux scientifiques. Mais c'est une nécessité scientifique. Et c'est aussi un rêve d'enfant qui se réalise, pour tous les deux, alors nous voulons nous donner le temps." Ce sont 4 régions, 12 départements qu'ils vont traverser en suivant le cours du fleuve, à bord de leur canoé  "sans doute la meilleure embarcation pour nous porter nous et tout l'équipement", et parfois à pied, le long des berges notamment la première semaine. Un budget total de 150 000€, dont 60 à 65% uniquement consacrés aux analyses, environ 100 à 150 kilos de matériel à transporter, des bivouacs comme système d'hébergement, même s'ils avouent volontiers qu'ils se laisseront volontiers tenter en cas de proposition d'hébergement chez l'habitant, ou dans un camping, pour prendre une bonne douche chaude ... Voilà pour la logistique.

Photo par ©NatExplorers

Depuis  la création de NatExplorers, leur structure d'exploration et de culture scientifique en 2013, Julien CHAPUIS et Barbara RETHORE, biologistes, médiateurs scientifiques et chargés d'enseignement universitaire, consacrent leurs travaux à l'étude de la biodiversité des "territoires d'urgence" de la planète, ce qui les a amenés à voyager en Amérique Centrale ou à Madagascar. Le projet Loire Sentinelle leur permet désormais de s'intéresser à un écosystème de proximité, sous un angle de projet et de médiation scientifiques.

La volonté "d'explorer de façon scientifique la facette vivante du fleuve".

L'objectif du projet Loire Sentinelle est double : cartographier la biodiversité qui s'y trouve. Et dresser l'état des lieux de la pollution des eaux du fleuve par les microplastiques. Trois laboratoires de recherche sont associés à ce protocole d'expérimentation, afin d'apporter des approches scientifiques complémentaires.

La technique de l'ADN environnemental choisie par les deux scientifiques permet de "détecter toutes les traces du vivant, à partir de prélèvements dans une matrice, nous explique Barbara RETHORE, que ce soit dans l'eau mais aussi dans les sédiments". Après le pompage et le filtrage, il est possible de révéler tout ce qui est capté en matière génétique, et ainsi de détecter toute présence de vie. C'est un projet novateur. Jamais une étude scientifique n'a porté sur le continuum d'un fleuve, afin d'en détecter toute présence, toute trace génétique. Barbara RETHORE d'ajouter : "Comptez sur nous pour réutiliser cette technique, car la biodiversité, ce n'est pas figé. C'est une histoire d'évolution. On a vraiment envie de démocratiser cette technique pour qu'un jour, il puisse y avoir des stations pérennes pour pouvoir prélever tous les 2, 5 ans, la biodiversité qui s'y trouve".

Il s'agit par ailleurs à l'issue de cette étude d'évaluer et de comprendre l'impact de la présence des microplastiques dans la Loire. Les chercheurs bénéficient ainsi du soutien du Laboratoire Eau et Environnement (LEE), lequel s'attachera à déterminer les types de plastique prélevés dans la Loire, ainsi que du Laboratoire BIOSSE, de l'université catholique d'Angers, en charge des études des effets du plastique sur la santé.  Les résultats de ces études devraient être dévoilés fin 2022-début 2023.

Samedi 7 mai à partir de 14h : temps fort avec SOS Loire Vivante

L'expédition scientifique a officiellement a officiellement débuté ce dimanche 1er mai depuis les hauteurs ardéchoises du Mont Gerbier de Jonc, à pied bien sûr puisque toute navigation est impossible. Le 02 mai, des prélèvements importants ont été effectués. avant de se diriger vers le Lac d'Issarlès.
A partir du 05 mai, l'expédition prend route direction Bonnefont, site bien connu de SOS Loire Vivante. Un deuxième prélèvement d'ADN environnemental est prévu au point de référence de captage de Bonnefont, près de Saint-Martin de Fugères.

Une journée de rencontres et de présentation du projet au public est programmée samedi 7 mai au Moulin du Chambon à Chadron, commune de Solignac-sur-Loire. A partir de 14h, des temps d'échanges sont prévus avec l'équipe organisatrice du projet, ainsi qu'un prélèvement de microplastiques.
A 15h, Anaëlle Marot propose Le spectacle d'une aventurière, écrit à partir de son expérience personnelle en Méditerranée.

Les NatExplorers poursuivront ensuite jusqu'à Lavoûte-sur-Loire, en aval du Puy, où un deuxième prélèvement pourrait avoir lieu. La navigation pourra alors commencer. Mais sans le canoé nous précise Colette CHAMBONNET de SOS Loire Vivante. "La configuration des eaux entre Lavoûte et Aurec ne permet pas d'utiliser le canoé, qui est relativement grand et lourd. Dans les Gorges, la Loire est plus sportive, plus rocailleuse, et les niveaux d'eau sont bas. La navigation se fera sur des canoés classiques, en compagnie de personnes chevronnées."
Passées les gorges,la "Résidence flottante" prendra réellement corps, avec à son bord, entre autres, les 2 scientifiques mais également Aurélie dessinatrice, et Laure, documentariste.