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Forte inquiétude pour la gestion des crèches de l’Agglo

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 21/04/2022 à 15:30

Le 23 mars, une offre parue dans la Centrale des marchés publics a aussitôt suscité de vives réactions. La publication émanant de la Communauté d’Agglomération du Puy propose l’exploitation de 10 structures Petite enfance par le biais d’une Délégation de Service Public.

La crainte des parents ? Que les crèches soient gérées par un grand groupe totalement déconnecté du terrain et intéressé par le seul appât du gain au détriment du bien-être des enfants.

Dix. Dix structures petites enfances sont mentionnées dans la proposition de l’Agglo publiée le 23 mars dernier pour que leur gestion soit effectuée différemment de celle établie actuellement. Ainsi, ce marché d’une valeur de 12 300 000 euros comprend l’exploitation des micro-crèches d’Aiguilhe, Cussac/Loire, Chaspinhac, Lavoûte/Loire et de Saint-Vincent ainsi que les multi-accueil d’Allègre, Chadrac, Saint-Paulien, Vorey/Arzon et Rosières.

«...mettant à néant notre mode de gestion idyllique pour nos petits coins de campagne »

D’après l’offre, les 10 crèches intercommunales sont actuellement gérées par des conventions d'objectifs. « Aujourd’hui, pour beaucoup d’entre elles, ce sont des Conseils d’Administration de parents qui s’en occupent, explique un membre d’une crèche de l’Emblavez inscrite dans le projet. Ce choix permet une gestion au plus près des territoires et de mener certains projets en associant l’ensemble des parents avec une autonomie enrichissante et productive pour tout le monde. Cela contribue à la fois à vivifier le tissu associatif local et assure en même temps un accueil des enfants de qualité avec un regard direct par les parents ».

Il ajoute : « Si c’est un grand groupe avec un pouvoir financier bien plus important qu’une association locale, alors il est fort probable que la gestion des crèches leur revienne, mettant à néant notre mode de gestion idyllique pour nos petits coins de campagne ! »

« Dans le contexte des Orpea au sein des maisons de retraites, nous, parents, redoutons ce genre de structures gigantesques qui gèrent les humains comme des placements financiers ».

« Que pouvons nous faire contre une puissante société nationale de type Sodexo ? »

L’offre éditée par l’Agglo se termine le 20 mai 2022. D’après son contenu, qui que ce soit peut candidater, même les associations qui gèrent actuellement les structures en question. « Oui, c’est vrai, admet le membre de la crèche. Mais que pouvons nous faire contre une puissante société nationale de type Sodexo, par exemple ? Dans le contexte des Orpea au sein des maisons de retraites, nous, parents, redoutons ce genre de structures gigantesques qui gèrent les humains comme des placements financiers ».

D’après un article paru le 27 juillet 2021 dans le magasine du Figaro rubrique Économie, le groupe Sodexo a annoncé ce même jour être « entré en négociations exclusives avec le groupe Grandir pour «combiner leurs activités» de crèches, avec pour ambition de créer un leader mondial du secteur ».

« Ce partenariat avec Grandir permettrait de combiner les activités de services à la petite enfance de Sodexo et l'expertise d'un leader reconnu dans l'éveil et l'éducation». Sodexo

La vague Sodexo chez les bambins

Le marché de la garde d'enfants, sur lequel Sodexo s'était engagé en 2010, a représenté un chiffre d'affaires de 146 millions d'euros en 2019-2020. Avec les marques Liveli en France, présent également en Allemagne, Espagne et en Inde, Sodexo exploite environ 300 centres. Via cette opération, ces centres pourraient donc rejoindre le réseau du groupe Grandir, qui gère de son côté plus de 650 centres en Europe.

« Le joug de groupes privés intéressés par le « marché » de la petite enfance »

L’appréhension est telle que certains établissement se bougent à leur façon pour interpeller les pouvoirs publics. En exemple le Multi-accueil de Rosières qui a écrit au maire de la commune. « Certaines crèches, aujourd’hui associatives à gestion parentale et porteuses de la vitalité de nos territoires ruraux, fortes de l’engagement de nombreux parents et auxquelles sont attachés les citoyens de nos communes, pourraient passer sous le joug de groupes privés intéressés par le « marché » de la petite enfance », soulèvent les adhérents dans la missive.

Dans l’appel d’offre de l’Agglo, il est précisé que 7 lots sont constitués répartissant en leur sein les 10 crèches. Un soumissionnaire peut se positionner sur un maximum de trois lots. Mais il est important de noter que le 1er lot absorbe, rien qu’à lui seul, trois crèches à savoir celles d’Aiguilhe, de Cussac et de Chaspinhac.

« Vous avez, en tant qu’élue, le pouvoir de guider l’action et le choix public »

Dans ce courrier, il est rappelé les responsabilités que détient le maire Fanny Sabatier sur la question : « Vous avez, en tant qu’élue, le pouvoir de guider l’action et le choix public. Ainsi, en tant que membre du conseil communautaire, vous allez être appelé à définir un cahier des charges pour l’appel d’offre concernant notre crèche. Il va de soi que si le seul critère financier devait peser trop lourd dans cet appel notre structure ne serait pas forcément choisie ».

Les membres de la crèche de Rosières terminent en ces mots : « Mais si au contraire, des critères qualitatifs et de gestion locale sont mis en avant, alors nous serons les mieux placés pour continuer le travail de terrain pour lequel nous sommes déjà reconnus et appréciés ».

« J'ai personnellement sensibilisé le Président de la Communauté d'agglomération quant aux craintes des associations gestionnaires et partage le point de vue que le critère qualitatif doit être bien évidemment prépondérant ». Fanny Sabatier

« Je porte une attention tout particulière à ce dossier »

Fanny Sabatier, suite à nos sollicitations, semble en accord avec la vision des parents inquiets. « Je porte une attention tout particulière à ce dossier et à son évolution, confie-t-elle en échange de mails. J'ai toujours développé des liens étroits avec l'association gestionnaire comme avec l'équipe professionnelle en place ».
Elle conclut alors : « J'ai personnellement sensibilisé le Président de la Communauté d'agglomération quant aux craintes des associations gestionnaires et partage le point de vue que le critère qualitatif doit être bien évidemment prépondérant ».