Je signale une erreur

Précisez éventuellement la nature de l'erreur

Restos du Cœur : des chiffres accablants

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 05/01/2023 à 17:00

Marc Lavergne, Président des « restos » de Coluche en Haute-Loire dépeint un bilan des plus alarmants. Par rapport à l’année dernière à la même date, c’est près d’un cinquième de repas supplémentaires qui ont dû être distribués à des familles sans cesse plus nombreuses.

17 % précisément. C’est la part de repas en plus confiés aux bénéficiaires des Restos du Cœur en Haute-Loire entre le 1er janvier 2022 et le 1er janvier 2023. 11 %, c’est celle de l’augmentation du nombre de bénéficiaires dans cette même période. « Il faut écarter l’idée de mettre ce constat sur le dos du conflit ukrainien, soulève Marc Lavergne, Président des Restos du Cœur 43 depuis 4 ans. C’est surtout l’inflation sur la totalité des produits et services qui, d’une part, enfonce plus encore les pauvres, et d’autre part, créer de nouveaux pauvres. » Il enfonce : « Ce qu’il se passe est terrible. Et les factures d’hiver ne sont pas encore tombées ! »

Dans les 20 centres de distribution répartis dans la Haute-Loire, 250 bénévoles s’occupent des 2 500 bénéficiaires. « Certains secteurs explosent sans que l’on ne sache vraiment pourquoi, souligne Marc Lavergne. Costaros, Le Chambon-sur-Lignon, Craponne-sur-Arzon...ces coins là absorbent de plus en plus de personnes dans le besoin sans raisons particulières ».

Michel Chapuis présent pour insister sur l'importance des bénévoles dans la structure.
Michel Chapuis présent pour insister sur l'importance des bénévoles dans la structure. Photo par Nicolas Defay

« L’inflation qui galope est terrifiante. Le climat qui en ressort est morose et très anxiogène. Ce qui n’arrange rien. Car les personnes déjà en détresse financières et économiques le deviennent aussi au niveau psychologique ». Marc Lavergne

« De nos jours, même les travailleurs sont forcés à venir demander un repas pour s’en sortir »

Le Président de l’antenne altiligérienne fait remarquer également le changement de profil des accueillis. « À présent, ce n’est plus forcément la personne sans emploi et sans but. Aujourd’hui, c’est le père de famille, c’est la mère de famille, qui habite à 15 ou 20 km de son lieu de travail afin de pouvoir bénéficier de loyers moins chers. Mais qui va dépenser énormément en frais de carburant et en réparation pour sa voiture. De nos jours, même les travailleurs sont forcés à venir demander un repas pour s’en sortir. Cette réalité est difficilement concevable ».

La seule petite éclaircie dans cette tempête sociale et humaine est la solidarité. « Malgré cette vertigineuse augmentation de bénéficiaires, nous arrivons à gérer la distribution pour tous, assure Marc Lavergne. Les bénévoles mais aussi les collectivités, les grandes surfaces, les commerces, les enseignes en général ne nous laissent pas tomber. Pour l’instant, ça passe ».

« Chaque année, j’ai l’impression de raconter la même chose. Et c’est triste. Car cette structure qui, à l’origine, devait être provisoire, créée pour aider les citoyens durant l’hiver 1985, n’a jamais cessé d’être active tant la pauvreté augmente d’année en année. C’est dramatique ce qu’il se passe ». Michel Chapuis, Maire du Puy-en-Velay

Des élèves d'Anne-Marie Martel pleins de motivation pour cette aventure humaine.
Des élèves d'Anne-Marie Martel pleins de motivation pour cette aventure humaine. Photo par Nicolas Defay

Des attitudes qui font grincer des dents

Marc Lavergne livre quelques détails qui crispent sensiblement les bénévoles. « Certaines familles refusent ce qu’on leur donne, déplore-t-il. Par exemple, des bénéficiaires vont refuser un poulet sous prétexte qu’il n’est pas hallal. Ces cas ne sont pas nombreux mais ils nous choquent particulièrement ».

Autre point de tension, le chantier d’insertion. « Outre la distribution alimentaire, nous avons un atelier de coiffure et de couture, un atelier de français, un resto bébé et un chantier d’insertion. Pour ce dernier, il y a 11 salariés en place pour une durée de 24 mois. Au bout des deux ans de contrat, on reçoit des offres d’emplois de la part d’entreprises classiques. Et étrangement, beaucoup de ces salariés sont alors réticents à s’insérer dans la vie active ».

Aujourd’hui, trois offres restent sans candidats, offres qui permettraient pourtant aux acquéreurs de percevoir un salaire fixe et tous les droits sociaux qui vont avec.