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Rapport d’Orientation Budgétaire 2022, colère noire de Michel Chapuis

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 05/03/2022 à 17:00

Le gros dossier du conseil municipal du 4 mars 2022 a été la présentation du ROB, autrement dit le Rapport d'Orientation Budgétaire. Ce dernier informe les élus de l'état des finances de la collectivité et les évolutions prévues des dépenses et des recettes. Si les élus de l'opposition ont salué le travail pour établir un tel document dans ce contexte de crise générale, ils l'ont caractérisé de dépassé et de mal éclairé. Des remarques qui ont mis le feu dans la grande salle de la mairie.

C'est Caroline Barre, élu majoritaire, qui s'est chargée de la longue, précise et fastidieuse lecture des 31 pages du ROB 2022 pour la ville du Puy. Les personnes présentes au conseil municipal écoutent sans broncher les chiffres, les taux et les ratios donnés un à un, bâtissant comme des briques la structure financière de la commune.

Il est mentionné, par exemple, que le montant des charges à caractère général s'élève à 5.41 millions d'euros en 2021 contre 5.29 l'année précédente. Mais surtout que la projection en 2022 démontre ces mêmes charges à 6.12 millions. "Cette hausse est directement liée à la prise en compte de l'inflation de l'énergie", explique Caroline Barre. "C'est vrai qu'on a pris une sacrée gifle avec le gaz, admet Michel Chapuis. Il a augmenté de 97.5% en un an ce qui déséquilibre forcément la balance".

"Ce rapport d’orientation budgétaire me semble aujourd’hui dépassé"

Une fois la lecture du rapport terminée, place alors aux remarques des élus minoritaires. De l'avis de ces derniers, ce rapport a oublié un grand paramètre : l'agonie de la planète. "Je reconnais le travail réalisé pour produire un document de ce type qui est indispensable afin de prévoir et anticiper les investissements et le fonctionnement de notre cité, intervient Jean-Williams Semeraro. Toutefois, l'agression armée d’un pays européen aura un impact fort sur les coûts de l’énergie et des matières premières. De fait, ce rapport d’orientation budgétaire me semble aujourd’hui dépassé".

Dans la grande salle de la mairie du Puy-en-Velay.
Dans la grande salle de la mairie du Puy-en-Velay. Photo par Nicolas Defay

"Avons-nous réellement appris des choses depuis le premier GIEC ? Apparemment non"

Il continue encore : "D'autre part, au regard du bilan catastrophique du GIEC, il est important que notre cité s’oriente vers des investissements d’avenir, qui nous permettent de réduire les émissions carbone en réorientant certaines de nos activités".

Son confrère Laurent Johanny complète : "Avons-nous réellement appris des choses depuis le premier GIEC ? Apparemment non car les mêmes erreurs sont refaites encore et encore. Nous sommes trop dépendants des énergies fossiles et le GIEC indique qu'il est nécessaire de transformer notre façon de vivre. Il faut repenser nos investissements pour qu'ils collent au rapport des experts".

"Vous êtes à des lumières de la réalité économique d'une ville !"

La réponse de Michel Chapuis face aux critiques évoquées ne s'est pas fait attendre. "Il faut que vous comprenez que vous êtes, ici, dans un conseil municipal et qu'il faut réfléchir dans ce contexte-là ! M. Johanny, vous êtes à des lumières de la réalité économique d'une ville ! Le Puy est bien géré, quoi que vous en disiez. Je vous demande de rabaisser vos élans de réflexion pour qu'on avance et pas de vous demander si la planète va exploser ou pas !"

"Vous ne cessez de critiquer sans apporter des solutions"

Sans pause, il continue, visiblement excédé : "Il faudra nous expliquer comment vous faites pour, d'un côté, baisser les impôts et de l'autre vouloir investir pour réduire la facture énergétique !" Il cite alors le budget alloué à la rénovation de l'école Jeanne D'Arc au Puy. "3 500 000 euros ! Cette somme est investie pour que cette école ne soit justement plus une passoire énergétique. C'est un gouffre. Mais nous le faisons justement pour que l'établissement soit isolé correctement, qu'il dépense moins d'énergie et qu'il respecte ainsi l'environnement".

Il termine sur la même lancée aussi piquante qu'au début : "Vous ne cessez de critiquer sans apporter des solutions. Venir nous expliquer que ce qui vous inquiète est le devenir de la planète, je ne peux rien y faire. Moi aussi, il m'inquiète. Ça inquiète tout le monde ! Mais nous sommes ici dans un conseil municipal et pas dans un débat d'idée sur un plateau télé". Ambiance…