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« Nous assistons à l’effondrement total de notre système de santé et de protection sociale »

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 12/01/2022 à 06:30

Mardi 11 janvier, les personnels du secteur sanitaire et hospitalier public et privé, ainsi que la filière sociale et médico-sociale, se sont regroupés devant la préfecture au Puy-en-Velay. À bout de souffle et éreintés par "l’absence de considération du Gouvernement", ils alertent sur l’état du système de santé français en phase terminale.

Ils sont moins nombreux que lors de leur dernière mobilisation du 7 décembre à l’Agence Régionale de Santé (ARS) sur les hauteurs de la cité ponote. Il n’en reste pas moins que les 150 manifestants présents devant la préfecture en ce mardi 11 janvier sont plus que jamais motivés à faire entendre leurs voix, et celles de leurs collègues assignés à leur poste de travail pour cause de Plan Blanc. Fatigués par la sourde oreille du gouvernement, ils annoncent la fin prochaine du service de santé publique si rien ne bouge.

« Des difficultés qui mettent à genoux le système de la santé en son entier »

« Les chose ne changent pas et nous n’avons aucune réponse à nos revendications, se désole Amandine Rabeyrin, secrétaire CGT du Centre Hospitalier Émile Roux. Aujourd’hui, la mobilisation concerne toute la santé et l’action sociale en général. Tout le monde est dans la rue face aux difficultés qui mettent à genoux le système de la santé en son entier ».

Avec elle, des salariés de l’hôpital privé Sainte-Marie, des éducateurs et moniteurs du Foyer d'accueil médicalisé pour adultes handicapés (FAM) Le volcan, des professionnels d’ESAT (Établissement et service d'aide par le travail), des manipulateurs radio de Centre Hospitalier de Brioude…« Nous assistons à l’effondrement total de notre système de santé et de protection sociale », déplore l’un des participants.

« Il faut parfois venir au travail malade, sous la pression et le forcing exigés par un encadrement également à bout ». Syndicat CGT

Manifestants devant la préfecture du Puy
Photo par Nicolas Defay

Division, incompréhension, injustice

Et toujours le même refrain qui revient comme une sombre litanie mais qui ne semble pas perturber la partition du gouvernement. « Le manque de personnels, les conditions de travail aberrantes, déplorables, les salaires honteusement bas pour des horaires toujours plus denses !, lance Amandine Rabeyrin. Tout ça fait fuir le personnel et empêche les recrutements. »

Elle assène : « Quand le gouvernement prend des demi-mesures comme le Ségur, elles ne sont même pas appliquées équitablement à l’ensemble des travailleurs, générant ainsi de la division, de l’incompréhension et de l’injustice ».

« Vous, moi, eux ! Nous sommes tous liés au secteur de la Santé d’une manière ou d’une autre »

« Ce que nous demandons ?, répète Amandine Rabeyrin. La reconnaissance salariale pour le médico-social en valorisant les professionnels en question des 183 euros du Ségur. Nous exigeons aussi et sans délai des grilles de salaire revalorisées, adjointes de 300 euros d’augmentation pour tous. Dans le public, le dégel du point d’indice. Concernant les conditions de travail, il faut absolument des créations massives de postes ! » La saignée du nombre de lits est également dénoncée.

« L’État doit urgemment investir dans la Santé !, ajoute une aide soignante à ses côtés. Car ce n’est pas que les travailleurs du secteur qui vont faire les frais de ce mépris gouvernemental. C’est la société toute entière, la population de France, du fœtus à la personne âgée, de la femme enceinte aux patients atteints de maladies chroniques, de l’enfant autiste aux accidentés de la vie ! Tout le monde est concerné ! Vous, moi, eux ! Nous sommes tous liés au secteur de la Santé d’une manière ou d’une autre ».

« Alors que nous sommes toutes et tous épuisés, on continue de nous demander à renoncer à nos nécessaires temps de repos et de congés et à travailler toujours plus avec toujours moins d’effectifs ». Syndicat CGT

100%  de grévistes chez les manipulateurs radios à l'hôpital de Brioude.
100% de grévistes chez les manipulateurs radios à l'hôpital de Brioude. Photo par Nicolas Defay

« Faute de moyens, faute de reconnaissance. Faute de tout »

« Il est de plus en plus compliqué d’attirer de nouvelles recrues, souligne Amandine Rabeyrin. Pour les plus motivés qui rejoignent le secteur, l’espérance de vie professionnelle n’excède pas cinq années. Il y a à présent une perte de sens telle dans les métiers du soin et du social que les professionnels préfèrent jeter l’éponge, incapables d’exercer leur métier correctement faute de moyens, faute de reconnaissances. Faute de tout ». Elle souligne que, comme dans le corps enseignant, les retraités sont appelés en renfort pour palier le manque de nouvelles recrues. « Un pansement sur une plaie ouverte », image-t-elle.

« Il va falloir gagner ! Ensemble ! »

À la question de savoir si des mobilisations successives ne sont pas autant de coups dans l’eau, Amandine Rabeyrin martèle : « La lutte est indispensable ! Certes, nous sommes loin d’être satisfaits du Ségur mais les mobilisations paient. Il faut continuer et ne rien lâcher ». Elle continue : « Une délégation sera reçue en préfecture pour avoir des réponses immédiates à nos revendications. Si rien n’est apporté, nous serons présents et en grand nombre à la journée de mobilisation interprofessionnelle prévue le 27 janvier ».

Elle termine en lançant un appel à toute la population du département : « Il faut que tous nous rejoignent ce 27 janvier car nous sommes toutes et tous de potentiels usagers de l’hôpital public et du secteur social. Tout le monde est concerné ! Tout le monde doit s’emparer de ça ! Si on veut garder une égalité d’accès au service public de santé, il va falloir gagner ! Ensemble ! »

Un combat du personnel pour eux et tous les usagers du secteur de la Santé.
Un combat du personnel pour eux et tous les usagers du secteur de la Santé. Photo par Nicolas Defay