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Les écoles de Brives se dressent ensemble contre la décision de la mairie

Par nicolas@zoomdici.com jeu 16/12/2021 - 12:00 , Mise à jour le 16/12/2021 à 12:00

Mercredi 15 décembre à 18 heures, une centaine de personnes a déambulé à Brives-Charensac pour protester contre la fermeture de l’école de Corsac à la rentrée prochaine. Trois classes, soit une quarantaine d’élèves au total, devraient alors intégrer l’école de la République sans que, selon les manifestants, aucune concertation n’ait eu lieu à la base avec les principaux acteurs.

Il y a bien eu une réunion d’information à destination des parents au mois de novembre pour annoncer la fermeture de l’école de Corsac et son transfert à la République. « Oui, c’est vrai, admet, Christine Soulié-Masse, directrice de l'école La République. Mais il me semble que tout projet de cette envergure avec de telles conséquences doit être travaillé en amont. C’est une décision complètement prématurée. La logique des choses aurait été de réfléchir avec les enseignants, les parents et les services compétents, avant l’annonce. Là, tout s’est fait dans le mauvais sens ! ».

« On sait que cette décision est très impopulaire. Mais on la prend en ayant tout analysé au préalable pour sauvegarder l'école public et le service public. On parle de la fermeture de l'école de Corsac depuis près de 3 ans maintenant. Ce n'est pas juste de dire qu'on prend les gens et le personnel enseignant au dépourvu ». Laurent Dufaud, mairie de Brives-Charensac

La mairie s'exprime sur la non-tenue du conseil municipal 

"C'est faux de dire que le conseil municipal était prévu ce mercredi 15 décembre car nous l'avions bien programmé, selon les publications légales, le mercredi 22 décembre", explique Laurent Dufaud.

Le conseil municipal reporté pour éviter aux manifestants d’y assister ?

Le cortège est composé de professeurs et directeurs des deux écoles en question mais aussi de l’école de la Mouteyre, de parents et de syndicats. Ensemble, ils se dirigent devant la mairie de Brives-Charensac, là où devait, selon eux, se tenir le conseil municipal à 18h30. Mais c'est porte close qu'ils rencontreront.

« La mairie a sauvé une classe à la rentrée, explique Muriel Vignaud, directrice de l’école de Corsac et déléguée syndicale SNUipp-FSU. Lors du premier conseil d’école, la mairie nous a annoncé que la classe sauvegardée fermerait finalement entraînant la chute de l’école toute entière. » Elle ajoute : « Pour eux, sans que l’on puisse comprendre pourquoi, une école à deux classes n’est pas viable ».

Les manifestants ont marché de l'école de Corsac à la mairie brivoise.
Les manifestants ont marché de l'école de Corsac à la mairie brivoise. Photo par Nicolas Defay

« La municipalité dit qu’elle nous a entendus. Mais elle ne nous écoute pas. Il faut savoir que les enseignants n'ont pas été consultés. Les directeurs des trois écoles de la commune devaient être reçus hier mais la réunion a été annulée au dernier moment. On nous parle de dialogue, on nous parle de transparence. Au final, il n'y a rien". Muriel Vignaud

Pourquoi la mairie est contre une école à 2 classes

"Dans une petite commune rurale, je comprends que ce genre de structure multiniveaux existe, admet Laurent Dufaud. Mais pas la 2ème ville de l'Agglo ! Avec 3 classes, l'école de Corsac perd déjà de son attractivité (2017 : 80 élèves. 2021 : 43 élèves). Avec deux classes, ca serait la regarder mourir à petit feu"

« Une école à deux classes a bien évidemment son intérêt »

L’école de Corsac possède trois classes et un dispositif Ulis (Unité Localisé pour l’Inclusion Scolaire). Sans compter les CP, 43 élèves sont scolarisés ainsi jusqu’au CM2. « La mairie souhaite le transfert des classes et le dispositif Ulis à l’école de la République, continue Muriel Vignaud. On ne comprend absolument pas cette décision car une école à deux classes a bien évidemment son intérêt. »

Elle déplore encore : «  La mairie affirme que les enfants qui sortent des petites écoles s’adaptent ensuite moins bien au collège. Pourtant, toutes les études démontrent que c’est justement le contraire, qu’ils sont beaucoup plus autonomes et qu’ils réussissent beaucoup mieux dans leur étude ».

« Pour moi, cela serait totalement possible de laisser l’école de Corsac ouverte avec deux classes. D’autant plus qu’on ne sait jamais par avance le nombre de CP quoi vont venir à la République ou à Corsac ». Christine Soulié-Masse

"Ce n'est pas une école de quartier"

D'après Laurent Dufaux, l'école de Corsac, "n'est pas une école de quartier. Sur les 43 élèves, seuls 7 proviennent du quartier qui compte pourtant environ mille habitants !"

« L’école de la République n’est pas prête à accueillir les élèves de Corsac »

« L’école de Corsac a toute sa place sur la commune, insiste Muriel Vignaud. C’est une école de quartier et elle répond aux besoins des familles qui travaillent sur le site. On sait bien que la politique actuelle du ministère de l’éducation nationale est de regrouper les écoles en des pôles plus importants. Mais la fermeture de l’école dépend de la municipalité ».

De l’autre côté de la chaîne, Christine Soulié-Masse est inquiète de cet afflux dont elle aura la charge d’absorber. « Je pense que l’école de la République n’est pas prête à accueillir les élèves de Corsac, c’est évident ! J’ai eu très peu de conversation avec la mairie. Je ne sais rien des travaux qu’ils ont prévu. Nous avons été, comme la directrice de Corsac, pris totalement au dépourvu ».

Les manifestants devant la mairie fermée.
Les manifestants devant les portes de la mairie fermée. Photo par Nicolas Defay

« On nous empêche d’inscrire les enfants qui arrivent en cours d’année à l’école de Corsac. Ils doivent aujourd’hui obligatoirement venir sur la République ». Christine Soulié-Masse

"La République peut largement accueillir les élèves"

"Une personne de l'Inspection s'est rendue sur place pour vérifier l'espace, confie Laurent Dufaud. La République peut largement accueillir les élèves de Corsac. Le bâtiment possède 11 salles pour 5 niveaux ! C'est dire les possibilités existantes pour absorber les trois classes supplémentaires et le dispositif Ulis".

« On nous a juste annoncés la fermeture et depuis, c’est silence radio ! »

« Pour la mairie, nous avons trois salles vides qui pourraient satisfaire, livre Christine Soulié-Masse. Mais toutes sont utilisées pour le temps périscolaires ou pour l’étude par exemple. Donc non, nous n’avons pas l’espace nécessaire. D’autre part, une classe Ulis ne se met pas comme ça en place. Il faut des aménagements particuliers, une cour adaptée... »

Elle martèle alors : « Pour moi, un transfert n’est pas qu’un transfert d’enfants ! Il faut un projet pédagogique derrière. Aujourd’hui, n’avons ni projet pédagogique ni moyens pour accueillir les enfants. On nous a juste annoncés la fermeture et depuis, c’est silence radio ! »

D'après les participants, ils seront au rendez-vous du 22 décembre en mairie.
D'après les participants, ils seront au rendez-vous du 22 décembre en mairie. Photo par Nicolas Defay