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Lorsque l’État incite les élus à lancer des plans de paysage

Par annabel@zoomdici.com , Mise à jour le 13/12/2021 à 06:17

Alors que l’Agglo du Puy élabore son projet pour pouvoir bénéficier de 1,4M€ de la part de l’État, les autres territoires de la Haute-Loire sont invités à répondre à l’appel à projets, sans savoir combien ou même s’ils obtiendront des crédits, tout en se projetant loin dans l’avenir.

Le plan paysage est régi par la loi paysage de 1993 et la Convention du Conseil de l'Europe du 21 octobre 2000.

Pendant le 1er confinement, la société française et mondiale a beaucoup parlé du “monde d’après” pour développer les mobilités douces par exemple, ou généralement remettre la nature et l’humain au cœur des habitats. Et bien, un Plan de paysage peut être le moyen d’y arriver, en considérant des territoires dans leur globalité. Pour obtenir des crédits de l’État pour financer l'étude (et non les actions), les porteurs de projets doivent répondre à un appel à projet annuel du ministère de la transition écologique. Un plan paysage peut être lancé par une commune, une intercommunalité, un Parc Naturel Régional (PNR)... et il peut dépasser les limites administratives pour suivre une cohérence géographique. Il peut donc être à cheval sur plusieurs départements.

L'élaboration d'un plan de paysage peut permettre d'émarger à des crédits destinés à financer certaines actions. C'est le cas pour le bassin du Puy-en-Velay qui s'inscrit dans le cadre particulier de la politique "1% paysage, développement et cadre de vie". Il s'agit de valoriser des territoires via des "compensations paysagères" liées aux nouvelles infrastructures routières. Des réflexions sont d'ailleurs en cours dans le cadre de la déviation d'Arvant dans le Brivadois.
L'Agglo du Puy, elle, peut bénéficier d'une dotation de 1,4M€, soit 1% du coût du contournement de la RN88, inauguré le 13 juillet 2018. Le niveau d'exigence attendu par l'Etat se situe à la hauteur du caractère unique du bassin du Puy classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. 

Un effort de végétalisation à faire

Depuis cinq ans, le cabinet paysagiste ponot « Un pas de côté » de Marie Barret et Victor Miramand de l’étude. Les intentions de la maîtrise d’ouvrage pointent dès à présent quatre secteurs importants : les entrées d’agglomération, les entrées sur la ville, les chemins de randonnée et le réseau des belvédères. Objectif : identifier les éléments de qualité paysagère en les intégrant dans les démarches en cours (Action Cœur de Ville, Zone Tampon Unesco, Projet Ville-Haute...). Parmi eux, la préservation des jardins ouvriers sur la terre limoneuse des rives de la Borne à Aiguilhe, la mise en valeur de promontoires panoramiques, l’expérience de la marche (en écho au chemin de Saint-Jacques) avec la mise en place d’un nouvel itinéraire de randonnée ou d’un projet d’interprétation, ou encore la dimension historique des paysages du bassin du Puy-Polignac, « véritable livre ouvert où les histoires géologiques, politiques et religieuses se succèdent, s’imbriquent et se combinent », selon Victor Miramand. 

Le cabinet paysagiste liste des tendances de transformation déjà constatées par les acteurs de l’aménagement. Des tendances qui conduisent à une banalisation et à une dégradation des paysages du bassin. Ainsi, le cœur d’agglomération est très peu végétalisé comme l’illustre la place du Breuil avec sa “4 voies” et ses platanes moribonds (douze jeunes platanes les ont remplacés en novembre 2020). On citera aussi le besoin d’anticipation face aux changements climatiques et aux risques naturels qui en découlent (canicules, orages, vents violents, glissements de terrain...). Quant à la proximité de la ville avec l’espace agricole et la campagne, elle est peu investie en termes d’urbanisme.

Ces pistes ont été présentées à un auditoire d’une quarantaine d’élus, de techniciens territoriaux et de responsable d'associations locales de préservation des paysages de toute la Haute-Loire le 21 octobre dernier lors de la 4e journée paysage organisée par la Direction départementale des territoires (DDT) à la salle Jeanne d’Arc du Puy (la dernière remontait à 2018 à Monistrol-sur-Loire). L’occasion, pour l’État, d’inciter les responsables à répondre à l’appel à projet.

L'exemple du plan paysage du Livradois-Forez

Pour leur « mettre l’eau à bouche », un retour d’expérience leur a été présenté avec l’exemple du Plan de Paysage « D906 et vallée de la Dore » du Parc Naturel Régional (PNR) Livradois-Forez mis en route il y a trois ans. Le PNR regroupe 169 communes à cheval sur la Haute-Loire (plateau de La Chaise-Dieu), le Puy-de-Dôme et la Loire.
Le fait que ce plan paysage soit porté par un PNR présente un intérêt non négligeable, celui d’attirer les financements. C’est le cas pour le programme LEADER de l’Union européenne et le contrat vert et bleu de la Région Auvergne Rhône-Alpes. D’autant que ce plan paysage ne bénéficie pas du 1 % paysage car la D906 est trop ancienne et petite.
En 2015, il a été lauréat de l’appel à projet Plan paysage du ministère de la transition écologique. Pendant trois ans, le cabinet paysagiste ponot « Un pas de côté » a travaillé à l’élaboration du Plan paysage. En 2016, ils ont arpenté le territoire à vélo, à pied et en voiture en compagnie des élues et des habitants afin de dégager un diagnostic partagé. En 2017, des ateliers ont été proposés pour formuler les objectifs de qualité paysagère. En 2018, d’autres ateliers ont présentés les programmes d’actions.

La chargée de mission paysage Mathilde Sivré a notamment présenté trois actions mises en œuvre jusqu’à présent sur les 20 proposées :

- L’ouverture paysagère le long de la D906 avec la remise en prairie ou l’éclaircissement raisonné des continuités écologiques afin de mettre en valeur les points de vue patrimoniaux ou environnementaux.

- La Dore à vélo

- La redécouverte du patrimoine industriel

D’autres actions sont à venir. A l’origine, l’échéance était fixée à 2026 (pour coïncider avec la charte 2011-2026 du PNR) mais finalement aucune date de fin n’est établie. Une dizaine d’actions ont déjà été entamées.

Les idées fusent

L’auditoire a ensuite été réparti en quatre ateliers de brainstorming afin d’imaginer de possibles plans paysages en Haute-Loire.

Une carte en relief permettait de visualiser la topographie.
Une carte en relief permettait de visualiser la topographie. Photo par Annabel Walker

Le 1er atelier s’est intéressé au secteur de Brives-Charensac vers la 4 voies. Il a proposé de mettre en valeur et surtout de rendre accessible le plateau de Lachaud avec son argile verte à flanc de promontoire, les Brunelets avec leurs éboulements et le mont Doue. "Aujourd'hui, si on ne connaît pas l'accès, on ne sait pas que ce lieu existe, remarque-t-il, car ce sont plein de petites parcelles."

René Blanc, élu du Monteil, a émis l’idée de connecter Le Monteil à la voie verte (qui relie Brives – Charensac à Solignac-sur-Loire) en passant par la Loire. Puis la discussion s’est élargie comme l’a expliqué Mathilde Sivré du Parc Naturel Régional Livradois-Forez.

En partant du Mézenc et de l’opération Grand Site, le 3e atelier a vu grand avec l’hypothèse d’un plan paysage qui engloberait pratiquement tout le département sur la thématique des pierres sèches.

Le 4e atelier s’est remémoré la continuité écologique qui régnait entre la Borne et l’actuel site du supermarché Lidl de Chadrac, en cours de reconstruction et extension (le groupe Casino a d’ailleurs contesté le permis de construire en Justice sur des motifs d’insertion paysagère, débouté cet été par le tribunal administratif de Lyon, il se pourvoit en Cassation au Conseil d’Etat, plus haute autorité administrative du pays).

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