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Musée Crozatier : pour tout savoir sur le serpent

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 29/10/2021 à 06:30

Animal redouté, animal vénéré. Reptile mal aimé, reptile adoré. Depuis la nuit des temps, le serpent suscite tout et son contraire. Le musée ponot propose une véritable autopsie de ce mystérieux rampant à travers des collections uniques et des centaines d’animations pour petits et grands, phobiques ou pas.

Dans le même esprit, l'Hôtel-Dieu du Puy avait accueilli une grande expo sur les araignées en 2012. De quoi dissiper d'éventuelles phobies.

Un Dieu pour les uns, le diable pour les autres. Chose est certaine, c’est que le serpent a parsemé l’Histoire de ses mues, que ce soit dans la mythologie, les religions ou la société humaine. D’Eve à la Révolution française, du Serpent à plume aztèque au terrible Serpent de mer nordique, le reptile serpente sans relâche dans les civilisations et les peuples du monde. Pour connaître cet animal-symbole et dédiaboliser son image, le Musée Crozatier et le Pays d’art et d’Histoire du Puy-en-Velay proposent du 27 novembre 2021 au 18 septembre 2022 une exposition sans précédent. Outre les collections présentées entre les murs du musée ponot, ce sont plus de 250 conférences et animations qui sont programmées dans quelques-unes des 72 communes de l’Agglo du Puy.

« Cette expo est destinée à tout le monde et en particulier à ceux qui ont peur des serpents. Mieux les connaître, c’est mieux les comprendre. Cela permet de dépasser des phobies qui sont ancrées en nous depuis les premiers âges de l’humanité ». Maud Leyoudec

L'équipe du Musée du Puy-en-Velay
L'exposition Serpent se tient du 27 nov 2021 au 18 sept 2022 Photo par Nicolas Defay

Le serpent, colonisateur du monde, des mythes et des croyances

« Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il y a dix fois plus de représentations positives du serpent dans les légendes et les mythes que négatives, souligne Emmanuel Magne, attaché de conservation du patrimoine au musée Crozatier. L’exemple le plus probant est le symbole du caducée médical ».

La Coupe d’Hygie, où un serpent s’enroule autour d’un récipient, est le symbole des pharmaciens. La médecine affiche un caducée dont le bâton ailé est recouvert par deux reptiles. Même les commerçants possèdent leur caducée, un bâton où deux couleuvres se lovent autour. « Le serpent est partout présent dans le monde entier, qu’il soit en vrai, dans les légendes ou sous forme de symboles », continue l’érudit.

Saviez-vous que même une grande dame au Puy écrase un long serpent de métal depuis plus de 160 ans ?

« Aujourd’hui, on est à J-30 d’une expo incroyable »

Pour rendre honneur à cet animal souvent rejeté à tort dans les civilisations notamment occidentales, l’équipe de Maud Leyoudec, conservatrice du patrimoine et directrice du musée Crozatier et du Pays d’Art et d’histoire, a fait du musée l’antre du monstre. « Aujourd’hui, on est à J-30 d’une expo incroyable et qui va s’intéresser à cet animal mal aimé, partage-t-elle. Nous allons essayer de mieux le faire connaître. Pour cela, d’innombrables pièces seront présentées. Et notamment une d’une valeur historique et populaire inestimable. »

Jean-Baptiste Courtol avec son habit en peau de vipère.
Jean-Baptiste Courtol avec son habit en peau de vipère. Photo par DR

Un trophée de 40 000 vipères par un seul homme

Endormie depuis plus d’un siècle dans la pénombre des collections oubliées du musée, une garde-robe complète d’un vipéricide de 1902 a été dépoussiérée et mise à jour. « Jean-Baptiste Courtol, chasseur de serpent au Puy-en-Velay, traquait les vipères pour le compte de l’administration préfectorale et pour le privé, livre Maud Leyoudec. Pour faire la publicité de ses talents, il se baladait sur la place du Breuil avec ce costume en peau de serpent. »

D’après les écrits sur son activité, il aurait tué pas moins de 40 000 vipères et vipéreaux soit entre 2 et 3 000 spécimens par an. « Sa maîtrise était telle que la ville de Chicago l’avait convié pour parler de son art, intervient Richard Guillien du Pays d’art et d’histoire. Mais il a refusé de s’y rendre tout comme à l’Exposition universelle de Lyon ». Le vipéricide ponot, connu dans le monde entier, est mort en 1902... d’une morsure de vipère.

  • La phobie des serpents s’appelle herpétophobie
  • Le plus grand serpent du monde actuel est l’anaconda. Un spécimen a été découvert au Brésil en 2016 dont les proportions font froid dans le dos. La bête faisait 10 mètres de long pour 400 kg de masse et un mètre de diamètre.
  • Titanoboa était, jadis, le plus grand reptile que la Terre ait porté il y a 60 millions d’années. Il mesurait environ 14 mètres de long pour un poids d’une tonne et demi.
  • L’un des serpents le plus venimeux du monde est le cobra royal. Outre sa taille hallucinante de 5 mètres de long pour un poids de 10 kg, il possède un venin extrêmement puissant qui paralyse les fonctions respiratoires. Dans les minutes qui suivent la morsure, la victime meurt par asphyxie.
  • Mais le Taïpan du désert le surpasse largement. Son venin est 100 fois plus toxique que celui du crotale diamantin et 25 fois plus toxique que celui du cobra. Une dose de son venin est capable de tuer 100 hommes adultes ou 250 000 souris.
  • D’après le site Sciencepost.fr, le boa de Cropan est le serpent le plus rare du monde. Il n’avait pas été observé vivant depuis sa découverte en 1953. En janvier dernier, au Brésil, un groupe d’agriculteurs a découvert à nouveau l’animal plus de 60 ans après sa première observation.
     
  • Les vipères de France sont :
    • - La vipère de Séoane : c’est un serpent venimeux. Toutefois, en mordant ses proies elle ne l’injecte pas immédiatement, c’est un fait assez rare. Elle apprécie la chaleur et l’humidité ainsi que les endroits où il y a une forte présence de rongeurs. Elle est surtout localisée dans la partie sud-ouest de la France notamment dans les lieux possédant une forêt claire.
    • - La vipère d’Orsinii : c’est un petit serpent au corps trapu. Il est venimeux et injecte son venin au niveau des tissus de sa proie. Toutefois, il est à noter qu’elle est le serpent le moins venimeux de toute l’Europe. Ce serpent est présent dans les endroits en hauteur et rocailleux avec des marécages. Elle se réfugie aussi dans les montagnes.
    • - La vipère Péliade : c’est une petite espèce par sa taille, mais qui peut peser jusqu’à 1kg. Elle fait partie des serpents de France les plus venimeuses, ayant de longs crochets, mesurant en outre 5mm. On enregistre de fortes présences de cette espèce dans les endroits rocailleux et boisés, où des lieux ayant une végétation généreuse.
    • - La vipère Aspic : de 70 à 100 cm de long, cette vipère venimeuse se trouve dans les endroits rocailleux, les prairies, entre les pierres, et dans les zones sèches. C’est une des espèces qui possède un venin puissant, donc il constitue un réel danger pour l’homme. Cependant, elle choisit parfois de ne pas injecter de venin dans certaines de ses morsures. On peut la retrouver dans 18 régions de la France, hormis en Picardie, en Nord-Pas-de-Calais, en Alsace, en Haute-Normandie, et en Corse.

« En France, il y a 14 spécimens différents. 10 couleuvres et 4 vipères »

« Qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes », comme écrivait Jean Racine en 1667 et que des millions d’élèves en France se sont usés les langues pour comprendre la figure de style de l’allitération. Qui sont ces serpents ? À cette question, un très gros chapitre est consacré durant l’expo à l’éthologie de l’animal. « Toute une partie explique la vie d’un serpent, lance Maud Leyoudec. En France, il y a 14 spécimens différents. 10 couleuvres et 4 vipères. On va essayer de comprendre comment ils évoluent sur terre, dans l’eau et sous l’eau pour certains, pourquoi ils ont perdu leurs pattes, etc. Mieux les connaître, c’est mieux les apprécier ».

« Nous faisons un appel à tous ceux qui voudrait nous confier leurs matériaux. Cela peut être des vieux tuyaux d’arrosage, de la ficelle et de la corde, des vieux draps, du grillage, toutes les matières souples qui pourraient servir à former le corps du serpent ». Stéphane Catteau

Un immense reptile au cœur du jardin ponot

Le parc Henri Vinay est lui-même en train de devenir le nid d’un serpent long de 150 mètres. « Pour permettre le lien entre l’extérieur et l’intérieur du musée, deux artistes de Haute-Loire sont en train de confectionner la sculpture d’un reptile gigantesque, confie Maud Leyoudec. Des tronçons de son corps vont s’élever à certains endroits du jardin tandis que la queue et la tête seront accrochées aux murs du musée ».

Stéphane Catteau et Émilie Delmas, tout deux au sein de la compagnie l’Envolante du Monastier-sur-Gazeille sont les « vipérartistes ». « Toute la structure est constituée en majorité de matériaux recyclés à base de tissu, de corde, de boîte de conserve, de lino, etc, précise Stéphane Catteau. La queue est déjà presque terminée. La tête sera installée aux alentours du 10 novembre sur l’une des fenêtres aveugles du musée ». Il ajoute : « Nous faisons un appel à tous ceux qui voudrait nous confier leurs matériaux. Cela peut être des vieux tuyaux d’arrosage, de la ficelle et de la corde, des vieux draps, du grillage, toutes les matières souples qui pourraient servir à former le corps du serpent » Si vous voulez les aider, vous pouvez contacter Stéphane Catteau au 06 17 38 66 84.

Création du serpent au Puy-en-Velay.
Stéphane Catteau et Emilie Delmas, vipérartistes.... Photo par Nicolas Defay