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Refus de la vaccination : « Mon métier est important. Mais ma propre vie n’a pas de prix »

Par nicolas@zoomdici.com mer 27/10/2021 - 13:15 , Mise à jour le 27/10/2021 à 13:15

Depuis quelques jours, le parvis de la mairie du Puy est devenu le rendez-vous de personnes suspendues de leur travail pour cause de non vaccination. Tous les soirs, de 19h à 20h30, ils se retrouvent ainsi devant l’arbre de la Liberté pour partager leurs ressentis, leurs craintes et leurs convictions.

Ils sont là, devant l’Hôtel de Ville au Puy-en-Velay, à discuter de leur situation. Certains sont des soignants, d’autres issus de corps de métiers différents, d’autres encore des sympathisants, présents ensemble pour parler vaccin, salaire et démocratie. « Cet état d’urgence sanitaire verrouille de plus en plus des droits que nous avions avant, témoigne une infirmière. On divise une société. Il n’y a pas débats et de contre débats. Et d’ailleurs rares sont les scientifiques invités à exposer des avis contraires à ce que le Gouvernement communique. » Elle ajoute : « Dans les mobilisations, il y a un slogan qui résume bien notre état et État actuel des choses : De la démocratie à la dictature, il n’y a qu’un pass ».

« On a été glorifié pendant les premiers confinements où il fallait travailler sous pression, cas contact ou pas. Et là, nous sommes pointés du doigt et mis au ban. Nous les héros, comme nous qualifiait jadis le Gouvernement, sommes à présent rejetés et oubliés ». Une infirmière non vaccinée

« J’aime profondément mon métier et je n’ai pas envie de faire autre chose »

En tout, en France, 15 000 soignants ne se sont pas fait vacciner contre le Covid-19, soit 0,6 % du personnel. Début octobre, le tribunal administratif de Clermont-Ferrand a rejeté les référés suspension déposés par 19 soignants d’Auvergne. Ils contestaient leur suspension d’activités du fait de leur refus d’être vacciné. Le tribunal a rejeté les requêtes pour défaut d’urgence.

Du haut de ses 16 années d’expérience, cette soignante a fait le choix de ne pas se faire vacciner. Depuis le 15 septembre, elle a été contrainte à rester chez elle, sans revenu. « Sans salaire, c’est très compliqué, livre-t-elle. Et malheureusement, il faudra peut-être que je passe par la case vaccination car je ne vois plus d’horizon possible pour moi. C’est un vrai renoncement. Certains envisagent des reconversions professionnelles. Moi j’aime profondément mon métier et je n’ai pas envie de faire autre chose ». Elle continue encore : « Je ne suis pas forcément contre le vaccin ni contre entendre les arguments de ceux qui sont totalement pour. C’est simplement que j’émets des doutes. Aujourd’hui, nous n’avons même plus la liberté de faire ce choix ».

« J’ai des collègues de la profession qui se sont fait vacciner pour des raisons financières. Ils l’ont fait à contre cœur et contre leur volonté. Ça, c’est terrible ».

« Elle comprenait que l’on puisse être effrayé mais elle ne pouvait pas faire autrement »

À ses côtés, une autre soignante partage sa situation dont les possibilités sans vaccin cloisonnent la plupart des solutions qu’elle avait engagées. « Je m’appelle Karima et j’ai travaillé en tant qu’agent social pour la Ville dans une maison de retraite, souffle-t-elle. Je suis reconnaissante envers la municipalité car elle m’a formée et offert un poste pendant trois ans. À présent, j’ai le regret d’être mise ainsi de côté car plus que tout je voulais continuer à partager ma vocation ».

Ils se regroupent devant la mairie ponote tous les soirs de la semaine. Photo par Nicolas Defay

« Quand est arrivée la date de présentation du pass sanitaire obligatoire, j’essayais de ne pas y penser. J’allais travailler normalement. Il fallait régulièrement que j’aille me faire tester avec les PCR. » Karima, soignante non vaccinée

Karima expose le déroulé de ce basculement autour de la date d’obligation vaccinale du 15 septembre. « Je n’ai pas eu trop de pression de ma cadre de santé. Elle comprenait que l’on puisse être effrayé mais elle ne pouvait pas faire autrement. Quand est arrivée la date de présentation du pass sanitaire obligatoire, j’essayais de ne pas y penser. J’allais travailler normalement. Il fallait régulièrement que j’aille me faire tester avec les PCR. Ma direction a été tolérante, à l’écoute, mais n’a pu faire le choix que de suivre les directives du Gouvernement. »

« Maintenant, je ne sais plus quoi faire à part me reconvertir ailleurs »

Durant un mois, Karima ne fera rien, le temps de digérer cette mise à la porte. « Et puis j’ai reçu un mail de Pôle emploi pour une formation d’agent de service médico-social, continue-t-elle. J’ai tout de suite accepté d’autant plus que ni Pôle emploi ni l’AFPA n’avaient d’exigence sur le pass sanitaire. Mais le problème est venu des stages. Pour valider le suivi et le terme de la formation, il était obligatoire de faire des stages dans des structures de santé. Ici, le pass sanitaire était exigé. »

Cette soignante trentenaire se retrouve à présent dans le flou quant à son avenir. « Quand j’ai informé ma formatrice que je n’avais pas le pass, elle a tout de suite paniqué. Elle voulait que je prenne rendez-vous tout de suite sur doctolib pour me faire injecter. Maintenant, je ne sais plus quoi faire à part me reconvertir ailleurs. Mon métier est important. Mais ma propre vie n’a pas de prix ».

« Je demande aussi aux maires des communes de la Haute-Loire d’informer les sénateurs de nos actions. Il faut que tous les dirigeants prennent leur responsabilité devant ce basculement total de la démocratie ! » Dominique Barre

Des actions pour sensibiliser les dirigeants du pays

Dominique Barre les écoute parler. Elle n’est pas soignante mais elle s’offusque du « manque d’informations que les gens et les parlementaires ont du vaccin ». « Je suis une citoyenne qui cherche à convaincre les politiciens de notre pays de nous aider, insiste-t-elle. Parce qu’il est clair que nous sommes dans un régime de moins en moins démocratique. Je leur écris beaucoup dans une action avec eux et pas contre eux. Je demande aussi aux maires des communes de la Haute-Loire d’informer les sénateurs de nos actions. Il faut que tous les dirigeants prennent leur responsabilité devant ce basculement total de la démocratie ! ».

« Informer les concitoyens simplement sur la réalité des choses et leur dire la vérité »

Le rendez-vous est désormais fixé à 18 heures.

« J’ai eu des retours de parlementaires qui adhèrent totalement à nos convictions, souligne Dominique Barre, et d’autres, notamment ceux issus de La République En Marche, contre nos idées. » Elle conclue en ces mots : « De nos jours, il est très compliqué d’avoir une information claire, précise et exacte sur le sujet du vaccin et de la crise sanitaire. Nos sollicitons ainsi les parlementaires qui nous suivent à informer la population sur ce que nous savons, informer les concitoyens simplement sur la réalité des choses et leur dire la vérité ».