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Parking souterrain au Puy : « J’ai remonté la rampe des voitures en courant avec ma poussette »

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 26/10/2021 à 04:00

L’année prochaine, il fêtera ses 40 ans d’existence. Le parking souterrain du Breuil contient 476 places pour 6 places PMR. Si les récentes rénovations l’ont rendu plus accueillant, certains usagers se sont retrouvés et se retrouvent encore en fâcheuse posture. La cause ? L’absence d’un ascenseur aux niveaux les plus bas.

« Je savais que le parking était équipé d’un ascenseur mais je pensais qu’il s’arrêtait à tous les niveaux, explique une utilisatrice en fauteuil roulant électrique. Et quand j’ai vu que les places du premier niveau étaient toutes prises, je suis allée logiquement en bas. » Elle admet : « C’est vrai que j’aurais dû me douter de quelque chose car impossible de trouver une place PMR aux étages inférieurs. Je suis quand-même descendue tant bien que mal de ma voiture et je me suis dirigée vers l’une des portes de sortie. Et devant moi, il y avait simplement un escalier inaccessible pour moi. » En colère, elle assène alors : « Je suis remontée dans ma voiture et je suis partie. Que pouvais-je faire de toute façon ? »

32 marches séparent le niveau-3 au -1. Photo par Nicolas Defay

Repartir ou se confronter aux voitures

« Que pouvais-je faire de toute façon ? » À cette question, une maman a choisi l’option téméraire. « J’étais au niveau -3 avec une poussette chargée de courses mais également de mon enfant. Autant dire que remonter deux étages d’escaliers, impossible ! » À demi-mot, elle avoue : « J’ai remonté la rampe des voitures en courant avec ma poussette ! S’il y avait eu une autre solution, je l’aurai évidemment prise. Mais soit j’agissais comme ça, soit je partais galérer à trouver une place de parking libre en surface ou éloignée du centre-ville ». Certaines personnes âgées affirment aussi avoir rebroussé chemin en voyant le premier niveau plein, conscients qu’ils ne pourraient remonter les 16 marches par étages jusqu’au monte-charge du niveau -1.

« C’était un samedi, donc jour de marché, précise-t-elle. Après avoir fait le tour du premier niveau sans trouver de place, je suis descendue directement au -3, histoire d’être certaine de pouvoir me garer. J’ai mis ma fille dans la poussette et je me suis dirigée vers l’une des portes de sortie. Je m’attendais à trouver, certes, un escalier mais aussi un ascenseur pour monter en surface. Mais rien. J’ai donc rejoint l’autre porte qui indique l’accès côté Jardin Henri Vinay. Et là, pareil.

Avec moi, il y avait une autre maman dans la même galère. Par chance, elle a trouvé quelqu’un pour l’aider à porter sa poussette jusqu’en haut des escaliers. Franchement, j’ai hésité à passer par la rampe des voitures mais le panneau d’interdiction m’en a dissuadé. Je suis donc remontée dans ma voiture pour retenter le premier niveau où j’ai pu trouver une place après un certain temps.

Arrivée au guichet, j’ai demandé à l’employé pourquoi il n’y avait aucune indication qui mentionne l’absence d’ascenseur au niveau inférieur. Il m’a simplement répondu que le problème était bien connu de tous et qu’il n’y avait pas besoin de panneaux. Il m’a proposé qu’en repartant, je pouvais laisser ma petite, la poussette et mes courses avec lui, le temps que j’aille cherche ma voiture. S’il est vrai que le parking souterrain me semble pas très cher, je trouve qu’il y a là un vrai soucis d’information sur ce problème de mobilité ».

« Je comprends que des gens, notamment avec une poussette ou âgés, tentent de remonter par là »

D’après nos sources, le parking construit en 1982, a été pensé ainsi à l’époque sans qu’il y ait le projet de mettre en place un dispositif de levage desservant les trois étages. « S’ils sont à deux dans la voiture, je conseille que la personne en difficulté soit laissée au premier niveau et que le conducteur se gare tout seul plus bas », livre anonymement une personne proche du sujet. Concernant l’utilisation de la rampe d’accès des voitures, elle souligne : « Un panneau indique que les piétons sont interdits sur cette partie. C’est dangereux car les automobilistes s’engagent sans imaginer trouver quelqu’un en contresens. Mais je comprends que des gens, notamment avec une poussette ou âgés, tentent de remonter par là ».

Parking soutterain le Puy
Certains usagers bravent l'interdiction pour rejoindre le 1er niveau. Photo par Nicolas Defay

Du côté de l’Association des Paralysés de France (APF)

« Les personnes en situation de handicap essaient avant tout de trouver une place réservée à leur situation, explique une employée l’association. Mais c’est vrai que certains se garent sur une place normale faute de place PMR libre. D’autre part, outre les personnes équipées d’un fauteuil ou d’une poussette pour leur enfant, nombreuses sont les personnes âgées qui utilisent les ascenseurs, trop fragiles ou faibles pour prendre les escaliers. »
Elle ajoute : « Quand la Ville a refait le passage sous l’avenue du Breuil, jamais nous n’avons été consulté pour savoir ce qui était le mieux pour notre public ».

« 120 places PMR sont délimitées ainsi au Puy-en-Velay »

Jean-François Exbrayat, responsable de la Qualité de vie (embellissement de la Ville, circulation, stationnement, propreté, hygiène et salubrité publiques) dans la Ville du Puy-en-Velay, rappelle que la cité ponote est largement équipée en place de parking PMR. « Bientôt, nous allons établir une nouvelle carte qui récapitule tous les stationnements de la ville, indique-t-il. Aujourd’hui, 120 places PMR sont délimitées ainsi au Puy-en-Velay. Sur le sujet, on est bon ».

L’élu assure aussi que des contrôles des cartes PMR et des plaques d’immatriculation sont effectués de façon assidue. « Ça arrive que des personnes valides occupent les places PMR, partage une dame garée sur un stationnement dédié dans le souterrain. Il est clair que ces personnes là doivent être fermement verbalisées ».

  • L'article 4 du décret n°78-1167 du 9 décembre 1978, prévoit l'établissement d'un plan d'adaptation de la voirie publique à l'accessibilité dans chaque agglomération de 5000 habitants ou plus.
  • L'article 2 de la loi n°91-663 du 13 juillet 1991 prévoit que « la voirie publique ou privée ouverte à la circulation publique doit être aménagée pour permettre l'accessibilité des personnes handicapées selon des prescriptions techniques fixées par décret ».
  • Le décret n°2006-1658 du 21 décembre 2006 précise qu'au moins 2 % de l'ensemble des emplacements de chaque zone de stationnement, arrondis à l'unité supérieure, sont accessibles et adaptés aux personnes circulant en fauteuil roulant.. Lorsque cet aménagement fait partie d'un projet global de stationnement, le nombre de places réservées est calculé sur la base de l'ensemble des emplacements prévus au projet. Au-delà de cinq cents places, le nombre de places aménagées est fixé par arrêté municipal sans pouvoir être inférieur à dix.

Si l'aménagement des stationnements au Puy est pensé en terme de zones précises, alors le nombre de places PMR au souterrain du Breuil devrait être de 10 (et non de 6). Par contre, si les stationnements sont inclus dans un projet global de la ville, le respect de la règle dépend du nombre total de places définies de l'ensemble.

Une signalisation pour informer les usagers de l’absence d’ascenseur

Concernant le parking souterrain du Breuil, la construction d’un ascenseur aux niveaux inférieurs n'apparait pas à l'ordre du jour. Mais Jean-François Exbrayat admet que des écueils pourraient être solutionnés facilement. « Déjà, nous pourrions installer une signalisation plus visible afin d’indiquer aux usagers PMR et ceux avec une poussette l’absence de monte-charge aux –2 et –3, livre -t-il. Nous pourrions également allouer des emplacements « Famille » au premier niveau ».  Il continue : « À l’époque de la construction du parking, il n’était pas prévu d’ascenseur en bas. Si nous refaisions en totalité un parking de ce genre, il est certain que nous intégrerions un monte-charge à tous les étages ».

Pour atteindre la surface, 2 monte-charge sont installés au 1er niveau. Photo par Nicolas Defay