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Carburant : « Jamais les prix n’avaient grimpé ainsi de façon si constante »

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 22/10/2021 à 14:00

David Acariès, patron de l’Intermarché du Monastier-sur-Gazeille, propose une opération carburant à prix coûtant. Si l’action se veut à la fois solidaire et de communication, le chef d’entreprise s’inquiète de cette inflation dont la fin dépend en grande partie du Gouvernement.

« Je trouve que 60 % de taxe sur un litre de carburant est inadmissible, partage un client de l’Intermarché du Monastier venu profiter de l’opération carburant à prix coûtant. Certes, l’État a donné beaucoup d’argent durant ce contexte de crise sanitaire. Mais aujourd’hui, mettre de la TVA en plus sur les taxes de bases, cela devient totalement illogique ». Il fera son plein hebdomadaire, économisant ainsi une vingtaine d’euros par rapport au prix pratiqués en général ailleurs. « Je reviens du Luxembourg, ajoute-t-il. Le gazole était à 1,09€ le litre ».

« Maintenant, un plein de carburant est devenu un gros budget »

Derrière lui, un retraité est également au rendez-vous de cette promotion bienvenue. « Je suis satisfait mais ce ne sont que quelques centimes d’économisés, livre-t-il. On va voir ce que va faire le Gouvernement. » Il continue encore : « Nous habitons en campagne et nous n’avons donc pas le choix que de prendre une voiture. Déjà les retraites ne sont pas grosses. Maintenant, un plein de carburant est devenu un gros budget. Notre époque est devenue compliquée. Vraiment. Et de plus en plus ».

De 8h30 à 19h30, tous les vendredis et samedis jusqu’à la fin du mois de novembre, la station de l’Intermarché du Monastier renouvellera ainsi cette opération pour rester l’une des structures les moins chères de la Haute-Loire.

David Acariès, patron de l’Intermarché du Monastier/Gazeille. Photo par Nicolas Defay

« C’est au Gouvernement de prendre cette responsabilité et de baisser ses charges »

En toute transparence, David Acariès, patron du magasin monastérois, détaille ce que contient un litre de carburant. « Sur un litre à 1,54€, nous avons aujourd’hui 86 centimes de taxes. Et il y a 14 centimes de coût de distribution. Le produit brut est alors « seulement » de 52 centimes. Si vous faites l’addition, il reste deux centimes. C’est la marge que se fait le distributeur. Elle est très infime ! »

Il assène alors : « De notre côté, nous faisons tout pour baisser au maximum les prix pour nos clients. Mais à la base, cet effort ne devrait pas être du fait des distributeurs. C’est au Gouvernement de prendre cette responsabilité et de baisser ses charges qui s’avèrent plus importantes que le produit lui-même ».

tous les prix des stations ?

Pour connaître les prix en direct de chaque station de Haute-Loire et de la France entière, vous pouvez visualiser toutes les données via ce site gouvernemental.

Un jeu d'équilibre risqué pour le magasin

Carburant à prix coûtant signifie aucun bénéfice du côté de la station. Ce sont même des frais que le patron de l’Intermarché devra encaisser. « Nous allons devoir continuer à payer l’électricité des pompes, prendre du temps pour nettoyer l’espace et effectuer toutes les actions pour entretenir la station. »

En contrepartie, il espère que les gens s’arrêteront dans le magasin. « C’est quitte ou double, soulève-t-il. Il est indispensable pour notre trésorerie de mettre les bouchées doubles dans l’Intermarché afin que nous puissions équilibrer les pertes que nous allons subir avec cette opération carburant à prix coûtant ».

Une aide gouvernementale de 100€ dont près deux tiers reviendront... à l’État

« Cela fait 11 ans que je suis dans le groupe, précise David Acariès. Et jamais les prix n’avaient grimpé ainsi de façon si constante. C’est inédit et on ne sait pas comment cela va se développer dans les jours à venir. »

Pour tenter de calmer la colère grandissante des Français qui flambe aux quatre coins du pays, le premier ministre Jean Castex a annoncé, jeudi 21 octobre, une aide de 100 euros destinée à tous ceux gagnant moins de 2 000 euros net par mois. En réalité, cette aide ne sera in fine que de 40 euros étant donné qu’un litre de carburant est composé de 60 % de taxes qui reviennent... à l’État.

"Le Gouvernement versera une "indemnité inflation" de 100€ en une seule fois, à tous les Français qui gagnent moins de 2000€/mois, aux gens qui travaillent, mais aussi aux retraités. Cela représente 38 millions de nos concitoyens. Pour toucher cette aide, les personnes concernées n'auront rien à faire, ce sera automatique, directement intégrée à leur fiche de paie par leur entreprise. Cette aide sera versée dès le mois de décembre prochain, pour la plupart des salariés, parfois un peu plus tard, notamment pour les retraités. "

  • Versement de 100€ pour chaque Français qui gagne moins de 2000€/nets par mois
  • Cette somme est cumulable : un couple qui gagne chacun moins de 2000€ = aide de 200€
  • Ces 100€ seront versés à partir du mois de décembre prochain
  • Pour toucher cet argent, aucune formalité à remplir, son versement sera automatique

« Ils s’inquiètent de plus en plus que leurs enfants réduisent leurs visites »

Selon Davis Acariès, cette inflation est d’autant plus percutante dans un territoire rural. « Dans les grands villes, les solutions alternatives et efficaces existent comme le bus, le train, le métro ou l’implantation de grands pôles de covoiturage. Par chez nous, c’est totalement différent. Beaucoup de personnes et de familles sont isolées dans de petites communes. En parallèle, il y a très peu d’offres de bus et rares sont les communes où passent les trains. »

Après avoir échangé avec ses clients, il rappelle certains de leurs arguments : « Les retraités me disent que la voiture est irremplaçable. Elle leur permet d’aller faire les courses, de rejoindre leurs clubs, d’aller voir les amis et les enfants quand ils n’habitent pas trop loin. À ce propos, ils s’inquiètent de plus en plus que leurs enfants réduisent leurs visites à cause d’un pouvoir d’achat en berne. Déjà que nous sortons à peine d’une période compliquée où tout le monde est resté confiné pendant des mois, la hausse des prix, que ce soit le carburant et tout le reste, n’arrange vraiment pas les choses pour retrouver le moral ».

« Il faut travailler pour pouvoir se déplacer pour pouvoir aller travailler »

Quant aux travailleurs et notamment les artisans qui parcourent des centaines de kilomètres à travers les montagnes altiligériennes, les infirmières libérales, les aides à domicile et tous ces corps de métiers où rien ne peut se faire sans l’utilisation de la voiture, une phrase lancée par l’un d'eux à la station résume bien l’état actuel des choses : « Maintenant, c’est simple. Il faut travailler pour pouvoir se déplacer pour pouvoir aller travailler ».

Photo par Nicolas Defay