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Une odeur de roussi pour La Cuisine en Velay

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 22/12/2022 à 06:00

Le méga restaurant qui distribue environ 2 000 repas quotidien aux écoles de huit communes de l’Agglo a été l’un des sujets phares du conseil municipal ponot ce 19 décembre. Si cette structure est critiquée depuis des années par les élus de l’opposition, Michel Chapuis a admis lui-même que l’entité pourrait être sur la sellette.

La Cuisine en Velay est une structure de restauration collective qui existe depuis 2008. Actuellement, elle assure les repas pour les établissements scolaires de huit communes réunies dans une Entente Intercommunale (Le Puy-en-Velay, Brives Charensac, Bains, Chaspuzac, Sanssac-L’Eglise, Solignac-sur-Loire, Vals-Près-Puy et Vazeilles Limandre).

Les centres de loisirs du Puy, de Brives-Charensac, de Solignac-sur-Loire et de Vals-Près-Le-Puy mais aussi les crèches ponotes, de Coubon, de Polignac, de Vals et de Loudes, le CCAS du Puy, le Tremplin, le CIAS de Loudes, le CFA BTP et l’IFP43 sont également dans la chaîne.

L’équipe composée de 16 agents assure la préparation et la distribution de 1 500 à 2 000 repas chaque jour. 287 330 repas ont ainsi été élaborés en 2021 ce qui en fait le plus grand restaurant de toute la Haute-Loire.

Après 24 % d’augmentation en 2022, 20 % de plus pour 2023

Mais malgré cette volonté de mutualiser les forces et les volontés, les résultats financiers apparaissent de moins en moins positifs, mettant à mal les fondements même de cette lourde machinerie. Son déficit ne cesse de se creuser au fil des ans et la subvention d'équilibre qui était de 125 000 € en 2018 a grimpé à 142 720 € en 2019 (pas de chiffres pour 2020). Les données énoncés par Roland Lonjon, conseiller municipal, inique une perte de 182 829 euros pour l’année 2021.

En 2022, notamment faute à l’inflation, les prix des repas pour les collectivités de l’Entente intercommunale a augmenté de 24 %, générant logiquement « une envie d’aller voir ailleurs » pour certaines communes.

Cerise sur le gâteau, Roland Lonjon a présenté les nouveaux tarifs des repas qui devraient être en vigueur pour l’année 2023. «  Au regard du contexte actuel de hausse généralisée de tous les postes notamment sur le volet alimentaire et de l’énergie, des hausses conséquentes sont nécessaires », annonce-t-il. C’est ainsi une nouvelle augmentation généralisée d’environ 20 % que les huit collectivités devront alors absorber.

« Qui va payer le plus cher dans cette histoire. Les familles les plus modestes ! »

Les informations partagées ne surprennent pas les élus de l’opposition, dressés depuis des années contre le fonctionnement de Cuisine en Velay. Mais, à l’instar de Laurent Johanny, ils n’en restent pas vides de critiques. « Cet outil est bancal, porté à grands frais par la seule ville en 2008, partage-t-il à l’auditoire du Conseil municipal. Il est à la fois soumis au marché concurrentiel auquel la collectivité n’est pas préparé et, du fait de son surdimensionnement, il ne permet pas de contrôler pleinement et efficacement ce qu’il y a dans l’assiette des enfants. »

Il lance encore : « Pendant plusieurs années, vous facturiez des repas à perte aux autres collectivités ! Ce n’est plus le cas, et heureusement, mais le problème reste entier ». Il ajoute enfin : « Nous sommes en train de voter ici les prix pour les collectivités. Mais qui va payer le plus cher dans cette histoire. Toujours les mêmes ! Les familles les plus modestes ! Ce surcoût incombe à la collectivité, pas aux familles ».

« Si on va dans ce sens, il faudra qu’on arrête. Nous ne pouvons continuer sur ce schéma là »

Le fait étonnant qui s’est déroulé durant ce conseil municipal dont l’ambiance était plus détendue que jamais a été l’intervention de Michel Chapuis. Si d’habitude, le Maire du Puy défend bec et ongles cette structure de restauration collective, son discours a été teinté de doute quant à son avenir. « Je le dis, l’année 2023 sera une année décisive mais je crains fortement que nous soyons de nouveau en déficit. La ville du Puy ne peut pas payer pour les autres collectivités comme elle va le faire avec ces 182 000 euros. »

Il indique alors clairement à la stupéfaction de tout le monde : « Si on va dans ce sens, il faudra qu’on arrête. Nous ne pouvons continuer sur ce schéma là ».

Trois pistes fragiles

Michel Chapuis a évoqué des pistes pour une nouvelle configuration de Cuisine en Velay en listant trois choix possibles. Soumettre la structure à une Délégation de Service Public. Transférer la compétence à l’Agglomération (choix qui déplacerait simplement le déficit d’une collectivité à une autre sans apporter de solution). Ou alors restreindre la production des repas aux seuls équipements de la ville du Puy (autrement dit, réduire grandement la voilure pour une confection de repas bien moindre).

« Ce sujet est extrêmement complexe, conclue Michel Chapuis. Car derrière tout ça, il y a aussi des gens qui travaillent, des employés en première ligne. J’admets que c’est un sujet très difficile ».