Je signale une erreur

Précisez éventuellement la nature de l'erreur

Laurent Wauquiez : Ascension du Mézenc sur fond de tensions

Par nicolas@zoomdici.com dim 29/08/2021 - 20:30 , Mise à jour le 29/08/2021 à 20:30

C’était la 10ème. Depuis 2012, Laurent Wauquiez gravit les pentes de la plus haute montagne de Haute-Loire à chaque rentrée politique. Pour cet anniversaire, environ 80 membres du Collectif des Sucs l’ont accueilli avec pancartes et applaudissements...ironiques.

Le rendez-vous de Laurent Wauquiez est prévu à 15 heures, devant la Maison Forestière des Estables. Mais dès le midi, ce sont les membres du Collectif des Sucs qui, les premiers, ont pris possession du champ devant là où doit se tenir le discours du Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Ils sont ainsi près de 80 à brandir des banderoles et des slogans pour rappeler leurs combats face au projet de la déviation Saint-Hostien Le Pertuis, projet routier à 226 millions d’euros financé en quasi totalité par la Région.

« Je fais le trajet Yssingeaux Le Puy tous les jours pour travailler et il n’y a pas de problème, il n’y a pas de bouchons. Sur la parcelle Saint-Hostien Le Pertuis, il n’y a jamais eu d’accident mortel dû à la route. Il y a eu un accident mortel dû à la drogue mais pas à la route. Ce projet n’a aucun sens ! », Fabien de la Lutte des Sucs

« Les solutions d’hier ne sont plus les mêmes qu’aujourd’hui. »

« Laurent Wauquiez est un homme très pressé, confie Fabien, l’un des membres du Collectif des Sucs. Il n’a pas eu le temps de faire de nouvelles études pour la RN88. Du coup, il a ressorti les vieux dossiers de l’époque pour les adapter maintenant. Mais les problématiques ont complètement changé. La planète est de plus en plus petite et à l’agonie. Les solutions d’hier ne sont plus les mêmes qu’aujourd’hui. » Nathalie, habitante au Pertuis ajoute : « On veut simplement interpeller le président de Région. La route s’appuie sur une déclaration d’utilité publique de 1997, donc totalement obsolète. Plein de choses n’ont pas été prises en compte comme le surcoût en dioxine de carbone par exemple. S’il y avait une nouvelle déclaration d’utilité publique, il est certain qu’elle ne passerait pas ! »

Photo par Nicolas Defay

« C’était le seul qui aurait pu battre Emmanuel Macron et Marine Le Pen »

Devant eux, les soutiens de Laurent Wauquiez arrivent lentement sur place. Outre les personnalités bien connues du département comme Marie-Agnès Petit, présidente du Conseil départemental, le député Jean-Pierre Vigier ou encore le sénateur Laurent Duplomb, la plupart sont de simples supporters du Républicain, des soutiens parfois venus de loin. « J’ai fait 250 kilomètres pour rencontrer notre champion, explique Céline, une habitante de Chambéry. Et j’ai hâte d’écouter son discours même si je suis forcément très déçue qu’il ne se présente pas à la présidentielle 2022. C’était le seul qui aurait pu battre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ».

« Pour l’instant, nous avons quatre noms pour la primaire des Républicains à savoir Ciotti, Juvin, Pécresse et Barnier. Quatre personnes de droite mais pas de la même droite. Mais c’est vrai que c’est Eric Ciotti le plus proche de la ligne de Laurent Wauquiez. » Barthélémy Carbido, responsable de l’UNI (Union Nationale Inter-universitaire)

À cela s'ajoute l'entrepreneur lyonnais Denis Payre, qui vient de se déclarer candidat à la primaire de droite ce week-end. 
Et puis, il faut compter avec Xavier Bertrand qui souhaite se présenter en dehors de toute primaire.

Barthélémy Carbido au centre et quelques-uns des soutiens de LW. Photo par Nicolas Defay

« Il veut une fois encore se sacrifier pour cette région »

« Laurent Wauquiez a toujours été fidèle à ce qu’il a promis et à ses valeurs, assure Barthélémy Carbido, responsable de l’UNI (Union Nationale Inter-universitaire). Il représente cette droite qui s’assume, qui ne laisse pas tomber sa ruralité. Une droite qui se préoccupe des thèmes de la sécurité, de l’économie et même de l’environnement ». Du haut de ses 20 ans, l’étudiant en licence de droit et sciences politiques à Lyon III ne comprend pas l’attitude des opposants présents. « Quand je vois leurs affiches, je trouve que c’est plus une opposition à Laurent Wauquiez plutôt qu’au projet de la RN88. Selon leurs affiches, il est considéré comme quelqu’un de droite extrême, voir facho. Pour moi, c’est tout à fait ridicule ».

« Pour les élections présidentielles, c’est vrai qu’on aurait aimé le voir dans la course, partage Barthélémy Carbido. C’est un choix qu’on respecte. Il a été élu président de la Région et veut une fois encore se sacrifier pour cette région. »

Des écologistes totalement pacifiques

Aux alentours de 14h30, les organisateurs de l’évènement démontent finalement l’estrade des discours pour la remonter sur le centre de la place, ceci afin d’éviter tout accès aux membres du Collectif des Sucs. En parallèle, un important dispositif de gendarmerie s’aligne devant les manifestants. Des tensions montent quelque fois entre eux et les forces de l’ordre mais aucune d’entre elles ne dégénéreront en affrontement physique.

Selon Myriam Laïdouni-Denis, élue régionale écologiste présente sur place, l'espace public a été privatisé, marquant une "entrave à la circulation discriminatoire par les forces de l'ordre y compris en haut du Mézenc (seuls les soutiens de Laurent Wauquiez passent et un élu a même été bousculé ! ) Bref, une atteinte à la République".

« Force est de constater qu’aucun candidat ne s’impose à droite »

Laurent Wauquiez arrive finalement à 15h30 par une route détournée. Les applaudissements de plus de 500 soutiens l’accueillent alors, étouffant un moment les revendications du Collectif des Sucs. Son discours durera près de 30 minutes, ponctué çà et là des cris des manifestants. Il explique les raisons de sa décision concernant son renoncement à la primaire des Républicains et à la présidentielle. « Je l’ai fait en faisant le choix de la vérité, un choix par rapport à moi-même et un choix pour ne pas rajouter de la division à la division, lance-t-il. Aujourd’hui, force est de constater qu’aucun candidat ne s’impose à droite. Aucun candidat n’a aujourd’hui la force et la légitimité pour imposer sa candidature, comme Nicolas Sarkozy, Georges Pompidou ou le général De Gaulle ont pu le faire en leur temps ».

« Alors qu’un espoir s’est levé après les élections régionales et que nos idées progressent chez les Français, ne donnons pas le triste spectacle de ces divisions de Pichrocoles (ridicules, Ndlr). Ne donnons aucune raison de déplorer que la droite française soit à nouveau la plus bête du monde ». Laurent Wauquiez

Photo par Nicolas Defay

« Les Français se reconnaissent de moins en moins dans l’évolution actuelle de la France »

Laurent Wauquiez décline ensuite son discours en cinq chapitres. Le travail, l’argent public, l’immigration, la restauration de l’autorité et la transmission de l’identité sont décrits par le président de Région comme les cinq piliers de sa politique à tenir. « Ces idées je les ai toujours défendues, dit-il. Elles ont parfois été critiquées, elles sont aujourd'hui de plus en plus largement reprises, tout simplement parce que c’est ce que ressentent et ce qu’espèrent les Français ».

Il insiste alors : « Les Français se reconnaissent de moins en moins dans l’évolution actuelle de la France et ne comprennent pas pourquoi personne ne réagit, présidentielle après présidentielle. Je suis convaincu qu’il n’y a aucune fatalité, que tout ceci peut parfaitement être corrigé, qu’il y a un chemin d’espoir, un chemin de bon sens ». Il sera 16h30 quand il s’élancera pour la dixième fois à l’ascension du Mézenc en compagnie de ses soutiens.

Ci-dessous, le discours complet de Laurent Wauquiez lors de sa 10ème ascension du Mézenc