Je signale une erreur

Précisez éventuellement la nature de l'erreur

Comment ça se pass ?

Par . . lun 09/08/2021 - 18:40 , Mise à jour le 09/08/2021 à 18:40

Ce lundi 9 août est la date désignée par le gouvernement pour élargir l'obligation d’un pass sanitaire. L’application de ces mesures est assortie d’une semaine de rodage et la validité des tests allongés à 72 heures.

Au Puy, les réactions sont plutôt positives mais aussi désabusées du fait des ajustements incessants et le flou qu’il en résulte.

L’obligation de présenter le pass sanitaire s’impose à tous les adultes de plus de 18 ans à partir de ce lundi 9 août 2021 mais c’est aux gérants et propriétaires de espaces concernés qu’il appartient de mettre en place les contrôles de manière concrète. Devant la diversité des situations et des lieux, il y a plus de questions qui se posent que de réponses toutes prêtes. Ici, on forme et on recrute des personnels pour faire ces contrôles, là, on fait surtout preuve de pédagogie pendant la semaine de tolérance qui vient d’être annoncée par le gouvernement.

Du côté des clients et du grand public, deux réactions sont constatées, soit une certaine résignation devant cette maladie qui n’en finit pas, soit un refus de cette nouvelle contrainte qui se traduit par des frictions qui ont déjà été constatées dès ce premier jour par plusieurs commerçants.

Au Puy, les patrons de bars se résignent et acceptent car il en va de leur survie

Les bars et restaurants ont été les commerces parmi les plus impactés par les mesures depuis le début de la pandémie. Aujourd’hui, un nouveau reconfinement serait catastrophique, du coup, ils acceptent la mesure et travaillent à sa mise en place dans une certaine incertitude.

A l’Aviation, par exemple, le patron dit « quand on a eu l’interdiction de plus de six à table, on nous avait envoyé des affiches que nous avions collées sur les tables. Pas besoin d’explication, mais là, on n’a eu aucune information de ce genre. Du coup c’est à nous de trouver une organisation et des éléments de réponses aux questions qui ne vont pas manquer de se poser… comme par exemple si un des membres d’un groupe ne peut présenter de pass valable…

«Je n’ose pas imaginer ce qu’il va se passer avec les prochains manifestants contre le pass» projette Jonathan de l'Aviation

(NDLR Le bar est sur le passage de toutes les manifs’ et tient lieu d’arrestadou pour beaucoup).

A la distillerie, c’est pareil, Olivier Barraquet tente de relativiser. « On travaille depuis ce matin à mettre des affiches d'information et on a installé les applications sur nos téléphones. On va sans doute se poster à la porte et s’occuper, le co-gérant et moi, de la vérification des pass et laisser les employés à leur mission principale. Il n’y a pas de raison qu’un client s’en prenne à eux. On va assumer, comme on le fait depuis le début , on n’a pas du tout envie qu’on nous referme car pour le moment la saison est plutôt bonne, voire excellente. C’est vrai qu'on se demande si cela va impacter sur notre chiffre d’affaires.  

«Des habitués nous ont prévenus, tu nous verras plus ici, autant que tu le saches» Olivier Barraquet

«Par contre», poursuit-il «Je préfère cette attitude à ceux qui vont vouloir finasser ou forcer le passage, surtout en soirée, quand il y aura en plus un peu d'alcool en plus»

Au Yam’s, le discours est le même « Pour le moment, les gens se sont pliés de bonne grâce à la demande de présentation du pass sanitaire. Il y en a qui le présentent d’eux-mêmes sans qu’on ait besoin de le demander. La difficulté risque de venir le soir quand il y aura plus de mouvements et des tables plus imposantes. On va faire preuve du maximum de pédagogie et on verra bien comment ça se passe. On va donc faire ce qu’il faut pour qu’on puisse continuer à travailler dans les meilleures conditions. Surtout il faut qu’on sorte de cette situation et, de toute façon, il n’y avait sans doute pas d’autres solutions ».

Au 46, à l’extérieur de l’hyper-centre, on doit nous-aussi, présenter son pass sanitaire (notre photo) pour pouvoir consommer. « On a installé l’application sur notre téléphone et on fait les vérifications qu’il faut.  De toute façon, notre clientèle est surtout une clientèle d’habitués, au bout d’un moment, on saura qui est vacciné et qui ne l’est pas mais en attendant, nos clients sont en vacances donc ça va bien se passer pour nous » explique Marinette la femme de José, le patron.

« Ce que l’on pourrait peut-être reprocher, c’est le manque de clarté de toutes ces mesures qui s’empilent et qui nous laissent dans un certain flou. C’est plutôt ça le sujet de nos clients plutôt que cette obligation du pass » ajoute Marinette avec philosophie.

Le cas un peu particulier des hôtels

Emmanuel Crespy gère de nombreux établissements en ville, les hôtels Ibis et plusieurs restaurants. Pour lui tous ses établissements sont concernés à différentes échelles et il a embauché quatre étudiants qu’il doit former avec des éléments de langage à donner aux clients les plus récalcitrants. La mesure a donc un coût financier direct « c’est une charge en plus qu’on ne pourra pas intégrer et qui arrive au pire des moments entre le 10 et le 25 août qui est le pic de notre saison estivale ».

Place Cadelade, au Puy-en-Velay, depuis la terrasse de L'Emotion.
Place Cadelade, au Puy-en-Velay, depuis la terrasse de L'Emotion. Photo par A. Walker Zoomdici

En outre, la situation relève une certaine complexité dans la mesure où les hôtels ne sont eux pas impactés par la mesure sauf pour le moment du petit déjeuner qui est pris, soit en terrasse, soit à l'intérieur.

« On a déjà eu ce matin le cas d’une personne qui a forcé le passage de la salle du petit déjeuner » Emmanuel Crespy

«C’est une personne habituée qu’on a pas pu raisonner. On craint que ce type de débordement se multiplie dans les jours à venir même si on essaye d’être le plus précis possible au moment de la réservation des chambres ».

Dans les restaurants, tout comme à Brives dans celui qui est à l'entrée du camping d’Audinet, la question ne se pose pas, il faudra présenter un pass en terrasse comme en extérieur.

L’autre question est celle des tables de groupe. Que se passera-t-il pour celui qui n’a pas de pass valide ? Il y a là, le risque de perte, non pas d’un client, mais d’un groupe entier.

Le patron de la guinguette du camping d’Audinet à Brives, lève les bras au ciel quand on parle du pass sanitaire.

Pour lui, la mesure est catastrophique surtout pour le moment où elle est mise en place « On nous a demandé d’espacer les tables d’un mètre, puis d’un mètre cinquante, on nous a mis des jauges ; on s’est exécuté, On nous a ensuite demandé de fermer à 21 heures, puis subitement, il y a eu une autorisation jusqu’à 1 heure du matin et puis plus de jauge. On peut donc pas dire qu’on n’a pas fait d’efforts et là, on nous annonce cette nouvelle mesure et vous voyez le résultat, il n’y a personne ou presque. Les gens ne savent plus ce qu’il faut faire et nous on paye les pots cassés. Depuis 9 ans que je suis là, je n’ai jamais connu pire que depuis ce début août. Il faut le faire, …, on le fera, mais je suis excédé. Je connais des gardiens de la paix qui ne savent plus eux-mêmes, où on en est ».

Il faut expliquer qu’au camping de Brives, on ne demande pas le pass, par contre, pour se rendre au restaurant ou à la piscine, il faut présenter un pass sanitaire valable.

« Les gens arrivent et nous demandent s’il faut un pass » explique la gérante du camping « mais ici, à l’inverse des gros campings qu’on voit à la TV, on n’a pas de structure d’accueil,on est juste terrain de camping. Dans ces grosses structures où les gens restent à la semaine, vous savez c’est un peu paradoxal car les personnes présentent parfois un test de moins de 72 heures, on leur donne un bracelet qui en atteste et ils vont rester au camping pendant une semaine sans avoir à le représenter alors que leur test n’est parfois plus valable ».

Masqué ou pas avec un pass sanitaire valable?

Voilà une incertitude de plus, car, en compensation du pass sanitaire, il a été dit que les personnes pouvaient désormais abandonner le masque à l’intérieur des structures. C’est déjà le cas dans les musées, dans les salles de sport ou dans les discothèques.

« Mais, la vérité est que cela va ajouter du flou » explique E Crespy « les textes indiquent que les clients pourront ne pas avoir de masque mais notre personnel si, même s’il a un parcours vaccinal complet . Et, pourtant on constate déjà beaucoup de laisser-aller depuis quelques semaines dans les gestes barrières à la réception de nos hôtels».

La question pourrait se poser dans les transports locaux.

D’ailleurs sur la porte de la gare, il y a les deux affiches, celle destinée au masque et celle destinée au pass.

Il ya les 2 affiches sur la porte de la gare, mais le pass n'est pas exigé dans les TER Photo par TC

Pourtant, on nous le confirme, si vous prenez le train pour Clermont-Ferrand ou pour Saint-Etienne et même Lyon, on n’a pas besoin de pass car ce sont des TER et pas des trains intercités ou TGV.

Du côté des bus, un chauffeur que nous avons interrogé n’a pas plus d’information. La Région n’a pas dit à partir de quelle distance, il faudrait un pass pour pouvoir monter dans les bus bleus et blancs côté auvergnat ou rouges et blancs pour ceux qui vont en Occitanie.

Il ne faudra pas trop d’une semaine de rodage pour mesurer de l’impact de cette nouvelle obligation mais un tour au centre de vaccination de Massot où vers 10 heures du matin,on fait la queue, montre que les gens vont se ranger vers l’obligation vaccinale comme nous le confirme cette jeune maman qui attend à la porte extérieure du centre de vaccination « on a eu notre première injection au moment où la préfecture a ouvert un centre sans rendez-vous. On s’est dit qu’on avait plus le choix et, même si on est pas contre par principe, on s'est dit qu’il fallait se faire vacciner, afin de pouvoir revivre normalement et faire autre chose que de rester enfermer à la maison. »