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La crainte d’une montée de l’extrême-droite au Puy

Par maceo.cartal.3… , Mise à jour le 27/07/2021 à 04:00

Un collectif antifasciste s’est monté au Puy-en-Velay afin de dénoncer une montée des idéologies d’extrême droite dans les rues ponotes. Il pointe du doigt notamment une librairie qui a tout récemment ouvert ses portes. Celle-ci est accusée de proposer des ouvrages exclusivement en lien avec les idées de l’ultra-droite.

Le rendez-vous était symboliquement donné à la – très discrète – place des droits de l’homme, au Puy-en-Velay. Un collectif de plusieurs mouvements, syndicats et associations s’est formé à la suite de l’ouverture de la librairie « Arts Enracinés » qui a ouvert début juin en vieille ville, rue Raphaël. Plusieurs éléments ont alerté les membres de ce collectif, qui ont alors distribué des tracts dans les boîtes aux lettres de la ville.

Une volonté d’alerter

La vitrine de cette librairie arbore en effet bon nombre d’ouvrages historiques mais néanmoins engagés (Jésus, Jeanne-d’Arc et autres) dont les auteurs ont été ou sont connus pour leurs engagements et idéaux politiques flirtant avec la droite radicale et l’extrême droite (Louis-Ferdinand Céline, Pierre Drieu La Rochelle ou encore Marc Augier, alias Saint-Loup, pour n’en citer que quelques-uns). Ensuite, l’ouverture de cette librairie a été relayé par deux médias un peu particuliers.

Le 13 juin 2021 paraît un article sur le média EuroLiberté. Ce média, qui se vend comme le site de « la réinformation européenne » qui est dirigé par Philippe Randa, écrivain français très engagé à l’extrême droite. Ce site internet appartient au groupe de presse Libertés, qui comprend entre autres RadioLibertés et TV Libertés, dirigé par Martial Bild, journaliste et homme politique français, cadre du Front national pendant presque 30 ans.

Ensuite, le 25 juin 2021, un autre article sort dans la revue Rébellion du site de l’ORSE (Organisation Socialiste Révolutionnaire Européenne). Certains fondateurs de ce site sont d’anciens membres d’Unité Radicale, organisation dissoute après une tentative d’assassinat de Jacques Chirac, ou encore de Génération Identitaire, dissoute récemment.

Dans ces interviews, les gérants de cette librairie mettent en avant la « défense de notre culture et de notre héritage ». Un retour aux sources de la culture nationale et locale pour « mieux se retrouver et retrouver ses repères ».

La librairie propose également des conférences sur différents sujets, comme la dernière en date donnée par Claude Chollet, qui est à la tête de l’Observatoire du journalisme, association française d'extrême droite, dont l'objectif est d'« informer sur ceux qui informent » en proposant une critique des médias.

Tous ces éléments font craindre au collectif une diffusion de ces idéologies, notamment envers les plus jeunes.

La crainte de l’ultra-droite violente

Le collectif

Le collectif de lutte anti-fasciste est constitué de plusieurs entités, que ce soit syndicale, associative ou politique.

Sont représentés :

CGT Educ’action
Collectif Les OrtiEs
EELV43
France Insoumise
FSU 43
Génération.s
RESF 43
Solidaire 43
Sud éducation43
Union Communiste Libertaire-Le Puy

 

Des livres pour enfants sont proposés ainsi que des lectures. « Le risque c’est que sous les airs innocents de cette librairie ne soient inculquées des valeurs non-citoyennes et radicales aux enfants », craint Olivier Belhomme de l’UCL (Union Communiste Libertaire). Suite à cette crainte, l’élu de l’opposition Laurent Johanny (Génération.s) indique avoir alerté la majorité municipale. « Avec l’opposition, nous avons alerté sur la situation et nous avons demandé quel était leur ressenti. Ils nous ont répondu très formellement en évoquant le droit de commerce. » C’est pourquoi le collectif a distribué des tracts dans les boîtes aux lettres de certains résidents. Ce dernier est titré « ALERTE AUX RIVERAINS ! À deux pas de chez vous, derrière la vitrine d’une gentille librairie se cache l’ultra-droite violente ! ». Une titraille très accusatrice qui dénonce une montée de la violence.

Des citoyens dans leur bon droit

Les membres du collectif le savent, le couple qui tient cette librairie est dans la parfaite légalité. Rien ne les empêche de vendre les ouvrages qu’ils souhaitent et aucun recours n’est – pour l’instant – possible puisqu’aucune violence n’est à signaler . « C’est avant tout d’alerter sur les risques qu’il peut y avoir. Nous ne voulons pas que des violences apparaissent et que Le Puy ne deviennent un bastion de l’ultra-droite », explique Olivier Belhomme. Les membres du collectif font notamment référence aux violences provoquées par le mouvement Bastion social à Clermont-Ferrand.

Pour en avoir le cœur net, nous sommes allés à la rencontre de Maxime et Chazia Sanial, le couple à l’origine de la librairie des Arts Enracinés. Pour eux, hors de question de parler de violence. « Nous ne recherchons absolument pas la violence, bien au contraire. Nous prônant l’échange, la discussion autour de la littérature », explique Maxime Sanial.

La librairie située au 25 rue Raphaël Photo par Macéo Cartal

Comment choisissez-vous les ouvrages vendus ?

« Nous choisissons au coup de cœur. Nous partageons des auteurs que nous connaissons et que nous aimons. Nous avons fait le choix de proposer une lecture qu’il n’y a pas ailleurs, de se démarquer de ce qui se trouve déjà au Puy », indique Maxime Sanial.

Comprenez-vous que certains de vos ouvrages soient décriés comme étant proches de l’extrême-droite, conspirationnistes, complotistes voire fascistes ?

« Oui ça peut se comprendre... pour ceux qui ne les ont pas lus. Il suffit de venir lire les livres pour voir que ce n’est pas forcément une apologie. Le but est d’apporter un autre point de vue, d’amener les gens à réfléchir. De plus, nous mettons vraiment l’accent sur la qualité des sources et des articles, nous ne vendons pas n’importe quoi », assure Maxime Sanial

« Et puis nous avons des clients de gauche comme de droite. Nous ne ciblons pas un électorat spécifique. De plus, ce n’est pas parce que vous vendez un livre que vous êtes 100 % en accord avec lui, bien au contraire », ajoute Chazia Sanial.

« Nous sommes ouverts à tout le monde et nous invitons quiconque voudrait découvrir et échanger avec nous à venir le faire. », finit Maxime Sanial.